Chapitre 13

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Deux jours passèrent et Calypso s'ennuyait déjà. Il n'y avait absolument rien à faire sur le vaisseau. Si la moindre panne se révélait, l'équipage - qui connaissait mieux le Star Hunter que lui, s'affairait et le problème était aussitôt résolu. Il lui arrivait d'entretenir quelques robots, mais ça ne lui prenait pas la journée. Il ne s'était pas montré une seule fois dans la grande salle, n'avait participé à aucuns jeux avec les strikers et ne se montrait pas non plus pour les repas. Le soir, il regagnait les douches et les dortoirs quand la plupart d'entre eux dormait déjà. Il refusait de se confronter à eux : il n'en avait pas la force. Il était seul contre le monde. Du moins, c'était ce qu'il ressentait car les boîtes de pâtés pour chat s'entassaient sous son oreiller.

Il avait fini par devenir aussi discret qu'une souris. On le savait là, quelque part, mais on ne le croisait jamais. Wolx avait fait le tour de son propre vaisseau avant de le trouver. Ironique, quand il avait découvert qu'il se terrait dans une petite salle de réunion qui lui avait précédemment servi de cellule. Personne ne l'utilisait vraiment, pas depuis que Wolx y avait enfermé Kalina et Calypso à l'intérieur. D'ailleurs, Kalina n'y avait pas remis les pieds.

Calypso semblait y avoir élu domicile ; son sweat trainait sur le canapé et la table était envahie d'outils et de bricoles en tout genre. Puces électroniques, câbles, carcasses en ferraille, prothèse en construction, huile, visseuse, bouteille d'eau à moitié vide,... on ne percevait plus sa surface.

— Je me demandais si t'étais mort.
— Pas encore, avait répondu Amaury sans lever les yeux vers son interlocuteur.

Pas besoin, il l'avait reconnu à sa voix rauque. Ses chances de survie avait augmenté de dix pour-cent (selon lui), seulement parce qu'il évitait de se montrer. Mais si Wolx était venu le chercher, ça ne signifiait rien de bon.

— Et qu'est-ce que tu fabriques ? Je t'ai donné du travail.
— Quoi, me tourner les pouces avec les autres ? T'appelle ça travailler ?

Wolx haussa les épaules. Ce qu'il voulait, c'était l'avoir à l'œil. En fin de compte, Calypso abandonna le bras prothétique qu'il était en train d'élaborer et leva le menton vers Wolx. S'installant sur le canapé, celui-ci le dévisagea.

— Lise m'a dit que t'avais pas réparé son pote.
— Si. Mais si tu parles de lui remettre les neurones en place, je peux pas le reprogrammer correctement sans ordinateur.

En fait, il le pourrait très bien. Mais il n'en avait pas envie. Tous deux se toisèrent. Les yeux bleus de Wolx étincelaient d'autorité tandis que ceux de l'autre se montraient farouches. Ils étaient comme un chat et un chien se faisant face, ne sachant qui des deux porteraient le premier coup, ou si, au contraire, l'échange pourrait se faire sans anicroches. Calypso testa ses limites.

— File-m'en un.
— Certainement pas, chaton. Te confier un ordi, c'est comme filer une bombe nucléaire à un tyran.
— Genre, ton père ?

Wolx contracta la mâchoire. C'était un premier coup de griffe et en réponse, le chien montra ses crocs acérés.

— Attention à ce que tu dis.

Dans le mille. Wolx pensait peut-être tout savoir à son sujet, mais Calypso ne manquait pas d'informations non plus. Le savoir était une arme redoutable et, à défaut d'avoir des muscles convaincants, il avait aiguisé son intelligence telle une lame. Wolx claqua sa langue contre son palais en réponse à son air narquois, puis se leva dans un râle.

— Puisque tu tiens tant à faire le mariole, ramène-toi.

Calypso savait qu'il n'y couperait pas. Il lâcha un profond soupir et lui emboîta le pas. En chemin, Wolx lui demanda à quoi la prothèse servirait, mais le radié se contenta seulement de hausser les épaules. Il n'en savait rien, il préférait juste fabriquer des trucs au lieu de jouer aux cartes. Ça se montrerait utile, ou peut-être pas.

Une Touche de Bleu et de NoirDonde viven las historias. Descúbrelo ahora