Chapitre 17

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KALINA






Calypso
D, tout va bien, je te remercie. Je vais faire attention, mais ne t'en fais pas, je ne me ferais pas prendre aussi facilement.

Calypso
C'est vrai que je ne détecte pas ton matricule. Que se passe t-il ? Ça va ?






Quand Kalina se réveilla, il était indiqué 04h00 sur sa montre. Les notifications anonymes l'interpellèrent aussitôt, comme un phare en pleine tempête. Bien qu'elle n'ait jamais connu de tempêtes, ni la mer, elle avait visionné suffisamment de films pour ressentir la même lueur d'espoir. Son esprit naufragé quitta vivement la brume et elle bondit sur son écran. Elle pianota d'une main tremblante sur l'hologramme qui se matérialisa sous ses yeux, berçant l'obscurité de sa chambre d'une lumière vive et bleutée. Puis, elle accéda au serveur privé. Son cœur battait à tout rompre. Calypso lui avait écrit. Il lui avait répondu.

Peu importait comment, il était là, il avait reçu ses transmissions et il pouvait y répondre. Au plus profond d'elle-même, Kalina voulut pleurer. Elle n'était plus seule à présent. Elle relût plusieurs fois les messages, s'imprégnant de leurs mots, aussi doux qu'un murmure, aussi réconfortants qu'une caresse. Elle tenta de les mémoriser. Après tout, si elle refermait l'écran, elle ne verrait plus ses messages. Mais ils étaient une bouée de sauvetage qu'elle ne voulût pas quitter. Il lui fallut quelques minutes avant de reprendre ses esprits, calmer son souffle, et lui répondre. Elle hésita néanmoins. Que pouvait-elle lui dire ? Elle s'était visiblement trompée sur son compte et elle ne savait pas comment lui raconter ce qu'elle était en train de vivre. Elle ne savait pas non plus comment lui parler. Ce n'était pas qu'elle avait oublié, mais réaliser petit à petit qu'Amaury n'était pas Calypso l'avait chamboulée. Car Amaury n'avait pas sa montre, elle savait que Wolx le lui avait prise et il ne lui avait sûrement pas rendu. Durant l'entraînement, il ne la portait pas. Il n'avait alors aucun moyen de se connecter quelque part, ce qui signifiait qu'il s'agissait de quelqu'un d'autre.

D.
Par tous les saints, je suis si soulagée. Comme tu ne répondais pas, je me faisais vraiment du soucis ! Puis j'ai fini par penser que tu ne recevais peut-être pas mes transmissions...

Elle ignorait si Calypso lui répondrait tout de suite. Les messages dataient de quelques heures. Elle resta assise sur le lit un moment, le regard figé sur l'écran sans même le distinguer vraiment. Elle ne voulait simplement pas quitter le serveur. Elle resterait toute la nuit comme ça, s'il le fallait. Kalina lutta pour éviter de s'endormir. Le regain d'énergie comme une piqure d'adrénaline commençait à s'estomper, à force d'attendre, seule et silencieuse dans le noir. Vingt minutes. Quarante. Elle finirait peut-être par s'endormir... et lorsqu'elle ferma les paupières malgré elle, un jet de lumière l'éveilla subitement.

Merde. Son écran s'était mis en veille. Combien de temps avait-elle fermé les yeux ?
Une minute apparemment. Et Calypso venait de lui répondre. Il était presque six heures du matin.

Calypso
À quelle distance tu es d'Atlas ?

Elle n'en avait aucune idée. Kalina se frotta vivement le visage en grognant.

Reste éveillée, bon sang !

D.
Je l'ignore. Mais es-tu prêt à entendre mon histoire ? Car j'ai beaucoup de choses à raconter... ^^'

Elle ignorait à combien de fréquences il recevait ses transmissions, mais il finit par répondre toutes les dix-vingt minutes environ. À son grand soulagement, car Kalina put rester éveillée, s'allongeant enfin dans son lit, et ne quitta pas des yeux l'écran holographique sur le plafond. Voir tous ses messages la berça chaleureusement. Elle était à l'aise. Dans son élément. Et elle parlait à l'homme qu'elle aimait. Elle finit par utiliser le détecteur de voix, car elle n'avait plus la force de lever le bras pour lui répondre. Heureusement, sa montre retransmettrait fidèlement ce qu'elle lui dictât.

Une Touche de Bleu et de NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant