Chapitre 16

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Wolx referma la porte et la pièce fut plongée dans un silence assourdissant. Amaury préféra rester assis. Il avait beau le provoquer, il avait tout de même peur de Wolx et son corps n'appréciait pas particulièrement ses coups.

— Elle a raison tu sais, lâcha le chien.

Le chat, aussitôt, répondit :

— Que t'es un sale con ?
— Que t'es méchant.

Il haussa les épaules.

— M'en fous.
— C'est ça ton problème, t'es agressif pour rien et tu te fiches des autres.

Amaury fronça les sourcils :

— Je croyais que t'étais venu t'excuser ?
— Que ça soit avant ou après tes quatre vérités, ça change quoi ?
— Ça change que de nous deux, c'est toi qui t'en aies pris à moi.

Un silence.

— Ouais, pas faux.

Wolx sortit les mains de ses poches et lui lança, non pas une, mais deux montres. Amaury les attrapa sans problème et inspecta les moebus. Il y avait la sienne, noire et trafiquée, mais aussi une autre, noire et épurée. Wolx se laissa tomber sur le canapé.

— J'savais plus laquelle était la tienne.
— Et l'autre, elle est à qui ?

Pas à Kalina.

— T'occupe.

D'abord méfiant, Amaury détailla Wolx, les sourcils plissés. Puis, il en profita pour enfiler sa montre avant qu'il ne changea d'avis. Wolx tendit la main et récupéra l'autre.

— Bon. D'abord, j'aimerais discuter avec toi sur ce que tu ressens.
— Pardon ?

La façon dont il le prononça équivalait à un « What the fuck » spontané. Wolx claqua sa langue contre son palais.

— Imagine que j'suis ton psy.
— Quelle horreur.
— Alors imagine ce que tu veux, mais réponds-moi. J'essaie d'être sympa.

Amaury retroussa le nez. Il se passait quoi avec Wolx et Kalina, ce soir ?

— Qu'est-ce que tu veux que j'te dise ?
— Écoute.

Dans un profond soupir exténué, Wolx joignit ses mains entre elles. Il se massa le front, soulevant quelques mèches de ses courts cheveux blonds.

— Écoute, reprit-il. T'as quel âge ?

Il devait écouter ou répondre ?

— Vingt-sept ans.

Wolx s'étrangla.

— Comment ?! D'accord, t'es pas du tout un gamin, en fait. Ce que j'voulais dire tient plus debout !

— Un discours, comme quoi je suis un ado en crise qui veut prouver des trucs aux adultes ?

— Ouais, grave.

— Qu'est-ce que tu veux, Wolx ?

Amaury savait qu'il faisait plus jeune sans sa barbe. Il savait aussi qu'il était vraiment petit pour un homme. Et il savait également qu'il ne pesait rien. Pour autant, il n'avait ni l'envie de laisser sa pilosité faciale envahir ses joues, ni la volonté de pousser à la salle. Il aurait pu, mais l'un le révulsait et l'autre demandait trop d'efforts. Il préférait muscler son cerveau et garder une apparence plus ou moins semblable à celles de ses pairs.

Les colons, les descendants d'azurs particulièrement, avaient perdu en pilosité depuis des milliers d'années. Pour la plupart, leurs sourcils étaient aussi fin qu'un trait au crayon, les cheveux manquaient bien souvent d'épaisseurs et bouclaient rarement. Mais lui, tout était de travers. Il avait l'impression de ressembler à ces hommes de l'ancien temps, petits, les cheveux et les sourcils épais, une toison sur le torse et une barbe proéminente. Heureusement, il y avait des rasoirs à bord du Star Hunter. Même Wolx qui avait du sang d'azur ressemblait moins à un ours que lui, s'il laissait pousser sa barbe.

Une Touche de Bleu et de NoirDonde viven las historias. Descúbrelo ahora