𝐏𝐑𝐄𝐌𝐈𝐄𝐑 𝐂𝐑𝐎𝐈𝐒𝐒𝐀𝐍𝐓

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« Park Jimin ou Voir la lune à gauche »




Ça ne cesserait pas.

Mon derme tressautait au contact du Kim qui ne ménageait rien de ses sens. Il tremblait. Recroquevillé dans un coin, il ignorait les appels hospitaliers des médecins à sa droite, à sa gauche. Son souffle s'épuisait. Sa poitrine effrayait à la force de se soulever par ces intervalles. La pâleur suprême de ses joues trahissait un trouble. Et sa main dans ma main, je croyais perdre la mienne.

— Laissez-nous, je mourrais d'angoisses. S'il vous plaît, laissez-lui de l'air !

Ma vue tomba à nouveau dans celle du souffrant, au seuil de la chancelle. Les personnels médicaux et les patients, tous s'agglutinaient autour de moi, de cet homme que j'aimais à la vie, à la mort. Du bout de sa tignasse brune s'écoulait la peur. Une terrible terreur qui empoisonnait sa tête et son cœur. Je perçus ses susurres à la base de « je vais mourir » ; or, agir lorsque l'on ignorait ce qu'il se passait similait l'absolue inconscience de l'être. J'enveloppai son faciès carmin de mes doigts enrobés, nos pupilles s'accrochèrent encore et alors, j'embrassai tendrement sa pommette sous son œil effaré.

— Taehyung... Taehyung, je suis là. Ça finira par aller bien, je te le jure.

L'aîné secoua férocement le chef, mû par une intention nouvelle. Celle de me couver sans n'avoir d'arrêt. Avec ma sincérité, je ne demeurais guère sûr que j'irais si loin même si l'univers s'y prêtait. Je n'étais qu'un Jimin. Rien d'extra quant à moi. Et pourtant, peu importait si Taehyung ou le Jeon se trouvait à ma face, je me montrerais inapte à jouer les héros. À l'instant, il s'agissait seulement de raisonner mon amant. La crise s'éternisait, longue et barbare. Elle l'attrapait, elle le saisissait à la gorge et me rendait tout impuissant. Un malaise le prit, et une migraine pour mon esprit au fil de mes souvenirs. Une douloureuse et impétueuse réminiscence qui ébranla nos mondes. Mes dactyles enlacèrent mon crâne, et les paupières closes, je laissais futur, présent, passé se mêler et se confondre intensément...










La locomotive grouillait d'une large foule. Les passants allaient, venaient, repartaient et s'acclimataient à la douce cohue coréenne. Ils se bousculaient. Ils accouraient et serraient les leurs dans leurs bras de consolation. La gare busanite était à la croisée des rencontres et des adieux. Les valises roulaient sur les graviers au-dehors tandis que les senteurs méridiennes caressaient mon odorat d'une chaleur familière. Un sourire fleurit à mes lèvres. Les voyageurs ne se chiffraient pas ; les moteurs bruissaient et les commerces scandaient leur enseigne. La ville m'accueillait sous les brumes et le tohu-bohu des trains. La bruine devenait diluvienne sur les toits. Néanmoins, je pressentais l'aubaine. Et davantage qu'une seule certitude, cela s'ancrait en mon sein et racinait mon tout-entier comme une foi et une risible passion pour la vie.

— Monsieur, réclama un agent.

Je balayai l'assistance de mes brunes prunelles, et une impression cathartique me voila. Le temps me paraissait curieux, presque à l'hasard comme s'il ne détenait ni le début et ni une fin, comme s'il ne suivait aucune de ces lois que l'on disait fondamentales. Ce ressenti-ci s'accompagnait de celui où l'on m'observait au guet de mes alentours. Je restais sur le vif, alors, bien que nul ne présentait le signe d'une surveillance continuelle de mon ombre.

𝐀𝐒𝐂𝐋𝐄́𝐏𝐈𝐎𝐒 ᵛᵐⁱⁿᵍᵍᵘᵏWhere stories live. Discover now