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« Park Jimin ou Prendre les enfants des bons gens pour des canards sauvages »




Saleté de semaine.

Le voyeur à la braguette se trouvait ensommeillé sous le poids de mon corps. Il reposait. Comme un idiot à qui on aurait trop donné la becquée. Il ronflait un peu, même. J'admettais que l'envie de l'étouffer dans son coma matinal me prit à l'esprit. Néanmoins, voilà une heure depuis que je pénétrai sa chambre et depuis que je m'assis sur son matelas de mousse. Il habitait dans une jungle à cieux fermés. Les plantes allaient partout où je posais le regard, dans un désordre indicible qui me faisait craindre pour ma santé. La pièce était immensément grande, tellement qu'elle me rendait claustrophobe. Un lit au-delà de quatre marches, et une penderie exagérément large : le voyeur à la braguette était riche. J'avouais aussi à demi que le désir de le dépouiller de ses luxes me parcourut la tête. Sombré ainsi dans l'inconscience ne le rendait que plus enfantin. Sa fine bouche surmontée de grains de sa beauté. Ses pommettes rosées, et ses paupières closes. Tout portait à croire qu'il rêvait.

Je relevai la mèche jais de ses cils aussi longs qu'un balai, et me surpris au sourire en appréciant ce qui émanait de son lui entier. Il se mut, je l'entendis geindre. Une douce plainte ébranlant son souffle, et éradiquant le mien au complet. Un soupir, le temps allait long.

— Tu ne voudrais pas te réveiller qu'on puisse discuter ? je tapai de la patte.

Des bougeottes encore, et le songe se changeait en cauchemar. Mes sourcils se creusèrent. Ses traits se tendirent et lorsqu'il s'échappa des brumes oniriques, son regard à la couleur des pins trouva le mien. Ses orbes glapirent, ils prenaient la conscience du vrai monde, de mon monde au travers de cet échange de vues. Il se plissèrent longuement, scrupuleusement, douloureusement et un hoquet le tint.

— Je... il débuta. Je suis où ?

J'avançais l'instinct de lui rétorquer qu'il se trouvait seulement dans la merde mais je retins cet élan de vocabulaire au profit d'un seul raclement de ma gorge.

— Chez toi... Enfin je suppose.

Il mit un temps à faire état des lieux, de nous et de l'environ. Je compris qu'il s'éveilla dès lors qu'un sursaut le mit à pieds flageolants. J'élevai le chef et scrutai chacun de ses gestes mortifiés par ma présence spontanée. Ses deux billes tremblaient, et son doigt m'indiqua pour ponctuer sa question un peu frêle sur mon identité. Un sourire étira le coin de ma lèvre et alors, j'apposai le menton dans le creux de ma paume.

— Tu ne te souviens vraiment pas de moi ?

— Non, je... Pardon, je n'ai pas une très bonne mémoire...

— Je note que je suis entré chez toi par effraction et que tu n'as pas l'air plus apeuré que ça. Soit tu fais semblant ou bien, t'es juste cinglé...

L'âgé, qui semblait juvénile, se gratta l'arrière du crâne et abaissa la prunelle au par-terre comme écrasé d'une honte que je ne lui connaissais pas. Il dégageait une infinité de choses à ce présent. Une farouche attitude. Un charme trémulant. Un caractère au mauvais corps. Par cela, il différait de celui qu'il était à notre croisée dans le wagon. Il émanait une senteur fruitée de son habit de nuit. Une généreuse fragrance citronnée et de fraises qui seyait à sa mine ensommeillée.

𝐀𝐒𝐂𝐋𝐄́𝐏𝐈𝐎𝐒 ᵛᵐⁱⁿᵍᵍᵘᵏWhere stories live. Discover now