Chapitre 2 🔱 - Le concert 🎶

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LEN LEWIS

Je suis en transe. Je joue de la lyre comme si ma vie en dépendait. La foule m'acclame bruyamment. Je n'entends rien d'autre que la musique qui s'échappe de mon instrument. Mon cœur pulse à grande vitesse. Je sens ses battements dans mes oreilles. Mes doigts effectuent un ballet parfait. Ce moment est magique, et je souhaite qu'il ne se termine jamais. Je suis subjugué par l'harmonie des notes. Rien d'autre n'existe en dehors de la perfection de cet instant.

Le directeur de la prestigieuse école de musique Atanalica, m'a expressément demandé de venir jouer pour la fête de fin d'année scolaire de ses étudiants. Pour leur montrer ce qu'un artiste peut devenir grâce à un travail acharné, pour les motiver, et les remercier de leur investissement. Je suis ravi de cette opportunité. Pour nous, les sirènes et tritons du royaume de Tinta Mare, cette école est une véritable institution. Et y réaliser un concert est un honneur !

Mes longs cheveux bruns semblent animés d'une volonté propre, et virevoltent autour de mon instrument, portés par le courant marin. Mes yeux verts sont perdus dans une autre dimension. Je suis dans mon monde. Personne ne peut y entrer. Ma lyre est la perfection incarnée en objet : je caresse ses cordes, son bois doux, et merveilleusement sculpté. Je la tiens fermement contre mon torse musclé et tatoué. Je la serre contre mon cœur. Comme pour me protéger.

Je suis dingue de mon instrument, et fais corps avec. Je vis pour ces instants. Pour mon jeu. Pour ma passion. Pour cette douce folie. Ces morceaux composés au fil des ans sont ce que j'ai de plus beau, de plus cher : ils sont l'œuvre de ma vie. Ils sont également ce que je possède de plus vrai. Je me mets à nu dans mes musiques : je laisse échapper mes émotions et cette sensibilité que je n'arrive pas à exprimer dans mon quotidien. La musique est mon mode de communication, de guérison, de renaissance.

Pendant le concert, je suis touché lorsque mon public agite des coquillages phosphorescents pour accompagner ma musique. Quelle belle scène qui se déroule sous mes yeux ! Je sentirais presque mes yeux s'humidifier. Il faut que je prenne garde ou un jour je vais pleurer devant tout le monde.

Après ma prestation, je signe des autographes à mes groupies. C'est long parce qu'il y en a beaucoup mais je prends le temps de le faire quand même. Je tiens à leur faire plaisir, à leur rendre un peu de ce qu'ils m'ont offert par leur soutien et leur écoute. Ils m'ont permis de vivre une vie de musicien, de connaître la renommée. Mais surtout, ils m'ont permis de survivre.

Ce public qui m'acclame et m'encourage à chaque apparition, qui m'applaudit, qui achète mes places de concert... Je lui dois TOUT.

Soudain, je me fais accoster par une sirène bien trop familière : Mindy Glue. Avec ses cheveux noirs, ses yeux jaunes, son grain de beauté vers sa bouche et son éternel maquillage sans aucune subtilité : elle est juste flippante ! Il y a quelque chose en elle qui me rebute. Pourtant, elle pourrait être jolie sans tous ses artifices. Je lève les yeux en l'air d'un air excédé, tandis qu'elle passe un bras autour de moi. Elle exhibe sa généreuse poitrine sous mes yeux - en pensant probablement me faire plaisir - mais je suis mortifié... J'essaye de me dégager discrètement, mais elle ne me lâche plus.

Bordel, c'est quelle est plus collante qu'une méduse celle-là !

TINTA MARE [TOME 1]Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora