Chapitre 2. LOUIS

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- Alors, Lou, qu'est-ce que tu en as pensé ?

Le garçon regarde sa mère et lâche en se levant :

- C'était trop bien !

- Reste assis le temps que le générique soit fini.

- Mais c'est fini regarde tout le monde part ! s'exclame le garçon.

- Non ce n'est pas fini, regarde tous les noms qui apparaissent encore à l'écran. Ce sont tous les gens qui ont participé au film. Le cinéma, ce n'est pas que des acteurs. Il y a plein de gens, plein de métiers différents qui participent au projet. C'est comme une grande famille !

- Y'a qui d'autre ?

- Ben regarde, là, on voit qu'il y a des costumières, des coiffeuses, des habilleuses, des techniciens pour la lumière et le son... Sans eux le film ne pourrait pas se faire. Nous, on voit juste les acteurs mais il y a plein de monde qui travaillent dans l'ombre. Rester jusqu'au bout du générique, c'est une façon de respecter leur travail.

- Oh, d'accord, dit Louis en regardant la longue liste de noms s'afficher à l'écran, essayant de les lire mais ils passent trop vite.

Lyse a pris l'habitude d'emmener Louis au cinéma tous les mercredis après-midi. Avec Benjamin, son cadet, ils ont une autre habitude : acheter des CD et les écouter ensemble après l'école.

Quand le film est fini et qu'ils se retrouvent sur le trottoir devant le cinéma, Lyse décide, comme à chaque fois, de débriefer la séance. Elle même a été bluffée par ce film, Big fish, mais le garçon a 12 ans et elle veut s'assurer qu'il a bien tout compris.

- Tu as compris ce que le film voulait dire ?

- Ouais, qu'il y a d'autres façons de voir la vie et qu'il ne faut pas avoir peur de foncer.

À force de regarder des films, Louis a appris à chercher les messages que veulent passer les réalisateurs. Il arrive de mieux en mieux à comprendre les non-dits, à déceler les symboles, les sens cachés.

- Oui, c'est ça, le félicite Lyse en passant sa main dans ses cheveux. Ça dit que chacun d'entre nous est capable de réaliser des choses extraordinaires quand on arrête d'avoir peur et quand on sort de notre zone de confort.

- En gros on peut faire ce qu'on veut... Enfin, moi, je ne peux jamais faire ce que je veux. Tu me dis toujours non. J'ai pas le droit de faire du vélo sans casque, ni d'aller me baigner à la rivière sans toi et j'ai pas le droit de conduire le tracteur...

Lyse sourit et sa main glisse sur la joue de son garçon.

- Tu pourras faire ce que tu veux quand tu seras plus grand. Mais je ne parle pas des bétises. Tu pourras emprunter le chemin que tu veux, devenir qui tu le souhaites, faire le métier qui te passionne. Pourquoi pas acteur, tiens ! rit-elle. Il ne faut pas avoir peur et se dire : "Ça, je ne suis pas capable de le faire". Tu es capable de tout, Lou, et rien ne te limitera. Tu me le promets ? Que tu te battras pour faire ce que tu aimes ?

- Ouais, promis m'man !

*

- Alors, c'était bien ? demande Gérard quand il les voit revenir.

- Toi, p'pa t'aurais détesté mais c'était trop bien ! Il est où Ben ?

- Dehors derrière la maison, il joue au foot, répond son père.

- Arrgh... grogne Louis, je suis sûr qu'il a encore piqué mon ballon !

Et il monte comme une furie se changer pour enfiler son maillot de Lyon et aller mettre une raclée à son petit frère voleur de balle.

L'Acteur que j'aimais (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant