23 - Shorts fabric

74 13 34
                                    

                    J'ai...

Eu tort.

Sacrebleu, ça m'arrive peu, mais cette fois c'était vrai.

Ça fait quatre jours que je suis enfermé dans l'infirmerie, et j'ai carrément arrêté de nier parce que ma tête est vraiment en compote, que j'ai toujours froid, que mes joues me brûlent et que je dors tout le temps.

L'infirmerie s'est vidée petit à petit, les gars rétablis, et même Staffan a fini par quitter son lit. Cool pour lui, mais maintenant je suis tout seul.

Enfin, Cajsa est là.

Je dors à moitié, je n'ai certainement pas la force d'articuler quoi que ce soit entre mes lèvres pâteuses, mais Cajsa est là, elle me tient la main et me raconte les derniers potins de l'infirmerie. C'est assez marrant. Si j'avais eu l'énergie de rire, du moins.

Une voix de femme plutôt âgée s'affole, mais je ne l'écoute pas trop. C'est trop loin, trop peu intéressant.

« Vous, vous-... Vous n'avez pas le droit de rentrer dans cette pièce, les malades peuvent être très contagieux, s'il vous plaît ! Non, s'il vous plaît ! Si vous êtes là pour un traitement rendez-vous à la salle des officiers mais-... Non !... S'il vous plaît !... »

C'est la directrice des soins. L'infirmière en chef, si vous préférez. Je la reconnais parce qu'il n'y a qu'elle pour jacasser de façon si agitée dans un endroit où nous sommes supposés nous reposer, et ses ultrasons m'ont irrité toute la semaine. Mais particulièrement là.

Ses pas me font hausser un sourcil fasciné. Le tintement de ses talons. Son rythme. Leur son régulier. Et puis son ombre qui s'élève sur moi.

Je suis dos à lui, face à Cajsa assise à côté de mon lit. Elle lève les yeux, et bredouille un simple :

« Bonjour, mon Général. Vous ne devriez vraiment pas être ici.

— Il faut croire que j'y suis.

— Si vous venez pour le Soldat Rao, mon Général, il dort.

— Je resterai jusqu'à son réveil, dans ce cas.

— Il, hum... Il est possible qu'il soit contagieux. Et, avec une pathologie comme la vôtre... Il vaut mieux que vous ne vous approchiez pas des malades comme lui, mon Général.

— J'ai un masque. Infirmière... ?

— Blome, infirmière Blome, mon Général.

Il s'éclaircit la gorge.

— Oh, infirmière Cajsa Blome ?

— C'est bien cela, mon Général.

— Je vois. Le Soldat Rao m'a parlé de vous.

— Sûrement moins qu'il ne m'a parlé de vous..., rigole-t-elle.

Il ne répond pas.

— Auriez-vous une chaise à m'apporter, infirmière Blome ?

— Mon Général, si vous souhaitez attendre le réveil de Rajan, vous le pouvez, mais vous devriez vraiment le faire dans la salle des offi-...

— Une chaise, infirmière Blome. Il ne me semble pas que les infirmières soient habilitées à contredire les ordres de leur général d'armée, le sont-elles ?

— Non, mon Général.

Cajsa lâche ma main, à contre-cœur, et s'en va apporter une chaise au Séraphin. Les yeux clos, je souris. Il s'assoit dans mon dos, et croise les jambes.

Ropes and InkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant