Chapitre 34

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Je m'avance vers la fenêtre et me perd dans ce monde. Qu'est-ce qui pourrait arriver de pire ? j'étais le maître d'un jeu auquel seul moi-même pouvais gagner et me voilà pris dans un jeu qui n'est pas le mien lorsque je rends les armes. C'est ça la leçon que je dois tirer de mon histoire ? que je n'aurais jamais dû jouer si je n'étais pas moi-même prêt à jouer ce rôle ? un boomerang qui te revient en plein gueule comme une évidence. Puisque les actes ont des conséquences.

- Tu veux que je passe la soirée chez toi ? Brad brise le silence.

- Oui. Et je n'ai pas dit ça parce que je me sentais seul ou que je ne voulais pas cogiter mais parce que c'est lui qui en a besoin. Je ne peux pas laisser mon ami rentrer chez lui avec ce fardeau.

Nous avons bu. Beaucoup bu. Je ne me souviens de rien. Ma tête est si lourde et les bruits si forts. Il y a longtemps que ce n'était pas arrivé. J'ouvre les yeux difficilement, la lumière me brûle, je me lève tant bien que mal. J'aperçois Brad à moitié sur le canapé. Je me déteste de voir tous ces cadavres de bouteille décimés dans le salon. Qu'est-ce qu'on a foutu Brad ? Je le secoue.

- Laisse-moi. Murmure-t-il comme s'il en allait de sa survie.

- Il faut qu'on décuite. J'insiste.

Il se résigne et s'assoit difficilement.

- Putain, qu'est-ce qu'on a foutu ?

- J'en ai aucune idée. Je souffle.

- J'ai aucun souvenirs non plus. T'es vraiment en état d'aller à l'entraînement ?

- J'avais déjà de la fièvre hier...

- Justement !

- Et toi, mec ? il nous reste quelques heures pour faire le nécessaire, histoire de ne pas avoir une haleine d'ivrogne.

- Je n'arrive pas à croire que tu es sérieux. Il se laisse tomber sur le côté et ferme les yeux.

Je vais me préparer un café lorsque quelqu'un tabasse à la porte. Brad sursaute et se redresse plus vite que tout à l'heure. J'hésite un instant. Noémie ? Léna ? La porte tremble une nouvelle fois dans un bruit assourdissant. Brad insiste du regard. J'ouvre et une douleur vive me prend dans la mâchoire. Quel poing. Je suis à terre. En voyant le regard du coach lorsque j'ai ouvert la porte, j'ai compris.

- Je ne peux pas te virer. Tu es bien trop bon, bien que tu sois un connard fini, mais rien ne m'oblige à être courtois avec toi.

- Je suis prêt à assumer, sachez-le...

- Je n'en ai rien à foutre Austin. Ma fille est enceinte et c'est le meilleur élément de mon équipe qui l'a mise dans cet état. Tu vois dans quelle merde tu me mets ?

- Je ne dirais rien pour le coup de poing. Je ne voulais pas vous causez du tort.

- Bien sûr que tu ne diras rien. Tu sais que tu le mérites. On se voit tout à l'heure. Il claque la porte.

Je me masse la mâchoire pour mesurer la douleur. Ça devrait aller sans devoir aller à l'hôpital.

- Il a une bonne poigne.

- Tu crois que c'est le moment d'en rire ?

- De toute façon j'ai déjà un bleu. Il soupire.

- Tu veux vraiment aller à l'entraînement ?

- Oui. Le contraire serait pire.

Je lui demande pas de comprendre mon soudain penchant masochiste. Je suis simplement dans la salle d'attente de la rédemption. De toute façon, le coach a dû voir les cadavres, c'est dans notre intérêt de faire profil bas. L'après-midi s'est résumée à des litres d'eau et antalgiques. Brad n'est pas venu à l'entraînement, il ne craint pas grand-chose étant donné ma relation étroite avec le coach à présent. Et à mon grand étonnement, je n'ai pas subi l'entraînement. Je pense qu'il me laisse un jour de répit pour le coup de poing et que lundi les choses sérieuses commenceront. Je m'efface dans l'obscurité en sortant du gymnase. C'est le moment où je dois prendre de ses nouvelles et lui faire un compte rendu de la situation. Elle doit simplement s'inquiéter. Les sonneries semblent si longues.

Sex is my favourite gameWhere stories live. Discover now