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PDV LYSA

Jeudi 2 mars 2023, Avion direction Bahreïn, 8H20

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Jeudi 2 mars 2023, Avion direction Bahreïn, 8H20.

J'ouvre doucement les yeux, accueillant la lumière qui filtre à travers le voile délicat de mes cils. Ma vision s'éclaircit progressivement, révélant neuf paires d'yeux qui me fixent avec une intensité palpable. La salle autour de moi, autrefois floue, prend lentement forme, et je prends conscience de l'attention pesante qui m'entoure.

Mon regard se pose directement sur celui sur lequel ma tête repose, et une pointe d'appréhension serre ma poitrine. Au premier abord, la peur m'étreint. Il a un grand nez, semblable à celui de mon bourreau. Dans le brouillard initial de ma conscience revenante, j'ai vraiment cru que c'était lui, que l'ombre menaçante s'était infiltrée jusque dans ce lieu d'asile inattendu.

Les secondes s'étirent dans le silence, la tension croissante, jusqu'à ce que mes yeux s'ajustent davantage à la réalité. La similitude se dissipe, et le visage qui me fait face n'est pas celui de mon bourreau, mais celui, sans doute, d'un membre d'équipage compatissant et préoccupé. Le soulagement m'envahit, chassant les ombres de la méfiance.

Mes yeux rencontrent les autres paires qui continuent de me scruter, révélant une diversité d'expressions allant de l'inquiétude à la curiosité. L'avion devient un théâtre de regards, chacun portant sa propre interrogation, sa propre empathie.

La première émotion ressentie n'est pas la terreur, mais plutôt une vague complexe de confusion et de reconnaissance. Je suis consciente de la fragilité de ma situation, de la vulnérabilité exposée dans ce moment où neuf paires d'yeux ont été témoins de mon retour à la conscience.

Lentement, la réalisation s'installe alors que je m'attarde sur mes membres. Mes bras, dépourvus de tout vêtement, exposent la toile de ma peau aux regards scrutateurs. Là, où habituellement la pudeur et l'intimité sont préservées, la vulnérabilité de ma chair nue se révèle. Une sensation de honte s'installe, pesante et pénible.

Le pull qui me recouvrait m'a été retiré, laissant mes bras découverts, exposés comme des pages déchirées d'un livre intime. La pudeur froissée, la honte monte en moi comme une vague indomptable. Mon bras gauche, où des marques invisibles de lutte et de douleur peuvent être inscrites, est désormais à la merci des regards qui scrutent.

Pire encore, la réalisation que mon œil blessé, d'ordinaire dissimulé derrière des lunettes de soleil protectrices, est exposé au grand jour. Cet œil, témoin silencieux des épreuves traversées, me fait baisser le regard, comme si je pouvais ainsi échapper au jugement muet qui pourrait découler de sa vision.

La honte n'est pas seulement dirigée vers les autres, mais aussi vers moi-même. Un sentiment de faiblesse, de fragilité, se mêle à la conscience de mon état.

Les neuf paires d'yeux qui m'observent silencieusement pourraient déceler bien plus que des hématomes et des cicatrices physiques. Ils pourraient lire dans mes expressions, dans mes yeux, une histoire de lutte, de survie, et peut-être même de résilience.

« 𝙋𝙤𝙪𝙧 𝙫𝙤𝙪𝙨. » | 𝑴𝑨𝑿 𝑽𝑬𝑹𝑺𝑻𝑨𝑷𝑷𝑬𝑵 | TERMINÉE |Where stories live. Discover now