Un Amour d'Hypnos (REECRITURE)

Chapitre 21

Je regarde le feu crépiter et faire craquer les feuilles mortes de fin d'automne. Il fait totalement nuit, tout le monde dort depuis un petit moment déjà. Moi, je suis à l'affût du moindre bruit que pourrait produire un somni. Hors de question que je sois de nouveau hypnotisée et ne sache plus contrôler mon corps. Je sens malgré tout, mes paupières s'alourdir et mes yeux me piquer. Je prends ma couche ainsi que le peu d'affaire que j'ai posé à mes côtés et me déplace doucement, faisant le moins de bruit possible. Je dépose délicatement ma couverture et mes bottes près d'Antéros. Si l'envie vient au somnis d'encore une fois me noyer, Antéros m'entendra me lever. Je préfère ne pas faire confiance au sommeil du prince Eliam qui m'a l'air plus que profond. Il ronfle, la bouche ouverte, un filet de bave dégoulinant de son menton. Antéros me semble plus calme et je peux voir ses yeux bouger lorsqu'un bruit retentit. Je me couche sur le côté, face au prince. Ses longs cils caressent ses joues et ses sourcils sont légèrement froncés. Preuve que son sommeil n'est pas si tranquille que cela. Je ne peux malheureusement observer que ça, son masque cachant la moitié de son visage et sa capuche recouvrant le haut de sa tête. Cela me peine, qu'il ne me fasse pas assez confiance pour se montrer au grand jour. Certes nous ne nous connaissons vraiment que depuis quelques semaines, je ne compte pas l'année qu'il a passé à la bibliothèque sans m'adresser une seule parole. Mais nous avons quand même vécu des choses qui rapprochent deux êtres humains. J'ai conscience que je m'attache vite, je considère les deux princes comme des amis proches. Je n'ai pas eu l'occasion d'avoir beaucoup d'amis depuis quelque temps, passant mon temps entre l'école et la bibliothèque. Et je suis heureuse d'avoir rencontré les princes, même si les circonstances ne sont certainement pas les meilleures. Je ne sais pas s'ils me considère comme une amie également. J'aime à l'espérer, certains signe peuvent me le prouver. Ils sont attentif à mes besoins, à mon bien être, ils ne me laisse pas seule dans cette aventure toute nouvelle pour moi.

Mes yeux se ferment doucement sous le regard intensif de deux orbes verts.

Les rayons du soleil transpercent mes fines paupières, me sortant doucement de ma rêverie. Je remarque que tout le monde est déjà debout et qu'ils ont tous les cheveux trempés, dans de nouvelles tenues. Je les observe s'affairer à trier des baies qu'ils ont sûrement cueilli pendant mon sommeil. Le prince Eliam me remarque enfin et m'adresse un grand sourire.

- Enfin réveillée princesse ?

Je ne sais pas quelle heure il doit être, mais vu le temps que j'ai mis à m'endormir hier, ça ne m'étonne pas d'avoir dépassé un peu sur la matinée. Je me lève avec difficultés, en m'étirant de tout mon long. Je ne suis pas habituée à marcher autant et mon corps me le fait bien savoir.

- Je peux vous aider ? Demandais-je en désignant les baies.

Ils secouent tous les deux négativement de la tête.

- Va plutôt profiter d'un bon bain froid.

Un bain ? Et froid en plus de cela ? C'est donc pour cette raison que leurs cheveux sont trempés. Me renifle discrètement mes habits. Mouai, j'ai vraiment besoin d'un bain. Antéros fouille son sac et en sort une robe légère ainsi qu'un pull en laine.

- Le temps que je nettoie tes vêtements... Il rougit et détourne le regard, et tes sous-vêtements aussi.

- Je... Je peux laver mes vêtements toute seule.

Le prince Eliam passe son bras autour de mes épaules et me montre les baies des doigts.

- Non, toi, tu vas m'aider à chasser le petit déjeuné.

Je prends donc rapidement les vêtements de rechange des mains d'Antéros ainsi que d'un savon et me dirige vers le lac en suivant les indications du prince. Je trouve un magnifique lac translucide dont les rayons de soleil se reflètent dans le fond. J'enlève rapidement mes vêtements à cause du froid et les plie sur un rocher. Je regarde autour de moi, gênée d'être nue au beau milieu d'un bois. J'ai l'impression que toutes les petites paires d'yeux des habitants de la forêt me scrutent. Je plonge un orteil dans l'eau et le ressort aussi vite. L'eau est glaciale, il ne m'a pas menti en me disant que j'allais prendre un bain froid... Je ferme les yeux, comme si l'eau allait être plus chaude grâce à cela et avance dans l'eau. Celle-ci m'arrive aux épaules, une fois dedans, elle semble moins froide. Je plonge mes cheveux et peux voir l'eau se troubler autour, je ne sais pas combien de poussière et de terre, j'ai accumulé dans ma tignasse, mais assez pour rendre l'eau légèrement brune. La couleur se dissipe rapidement et j'en profite pour décrasser ma peau avec le savon dur. Je ne pensais que ça me ferait autant de bien, j'avais fini par m'habituer à me sentir sale toute la journée. Je remercie intérieurement Laora de m'avoir donné un savon à la madeleine, me procurant un semblant de luxe tout de même.