Chapitre 32 : La pression tu relâcheras

58 2 7
                                    

Le jeudi 23 juin 2022.

Enzo

Nous venons d'arriver dans un étrange d'endroit, une sorte d'entrepôt, que Lexie et les autres appellent le QG, je crois. Je culpabilise pour ce soir. J'ai l'impression d'avoir condamné Lexie en l'envoyant chez le docteur Farez. J'espère qu'elle ne m'en veut pas, il faut que l'on ait une discussion. Dès que je pourrais la prendre à part, je sauterai sur l'occasion.

— Il faut que vous nous expliquiez, dis autoritairement Mathieu en jetant son flingue sur une table centrale, en s'adressant, je le devine, à Lexie et moi.

Ce mec m'a tout l'air d'un gros con bien borné qui ne se prend pas pour de la merde. 

— J'ai...

— Enzo m'a aidé, voilà tout, m'interrompt Lexie.

Je la regarde discrètement, comme pour lui demander « pourquoi ne me laisses tu pas parler ? ».

— Comment ça ? demande Mathieu.

— Il a entendu une conversation entre Riley, Bockland et le docteur Martin à propos du vrai rapport légiste qu'aurait établit le docteur Farez avant que Riley et Bockland récupèrent les corps. Il m'a donné la clé de la maison du docteur Farez et je suis allé chercher ce soi-disant rapport.

— C'est ça ? lui demande Mathieu en indiquant le dossier qu'elle a posé sur la table.

— Oui.

Tout à coup, son expression, son visage, son regard, et je dirais même son attitude, tout enfaite, changent du tout au tout. Il paraît à présent empathique, limite triste. Alors qu'il y a une seconde de cela, il paraissait froid, méfiant, et jetait même des coups d'œil meurtriers dans ma direction. S'il croit que je n'ai pas remarqué, il se trompe. Puis je m'en fous. Tout à coup, le visage de Lexie semble s'assombrir quand ses yeux se posent sur le dossier :

— Ils ne sont bel et bien pas morts dans un accident de voiture. En tout cas, ce n'est pas ça qui les ont tués, déclare-t-elle dans un murmure.

Pauly se redresse nerveusement sur son tabouret, Mathieu lui, prend une profonde inspiration et la regarde d'un air terriblement désolé. Hailey déglutit péniblement. Et moi, je ne dis rien, ne fait rien, et reste totalement impassible. Mais je ne peux rester silencieux, il faut que je dise quelque chose. Il faut que je le dise :

— Quoi qu'il advienne, commençais-je avant de marquer une pause, nous serons tous derrière toi, finis-je, avec une conviction sans faille, et le regard sombre qui témoigne de ma loyauté et de ma détermination.

Elle m'observe, sans mot dire. Probablement car mes mots l'ont touché. Puis elle regarde les autres un à un. Et chacun, à leur manière, font comprendre qu'ils confirment. Qu'ils seront tous là, sans exception. Même ce gars blond, Pierre je crois. Il est là lui aussi, autour de cette table, le regard déterminé. Elle semble se retenir de quelque chose, mais de quoi ? Je n'arrive pas à le deviner.

— Je laisse ça là si vous voulez y jeter un coup d'œil, dit-elle en touchant de sa main le dossier, moi je vais faire un tour dehors, nous informe-t-elle d'un ton calme.

— Je peux t'accompagner ? lui demandé-je sans trop réfléchir.

C'est l'occasion que j'attendais.

Elle acquiesce d'un geste de la tête et jette un coup d'œil très rapide et discret vers Mathieu, qui a l'air visiblement contrarié que je m'isole avec elle. Mais je n'en ai rien à foutre. C'est ainsi que Lexie et moi-même nous nous retrouvons dans ma voiture qui est garée dans la ruelle entre l'entrepôt et l'autre bâtiment se trouvant à côté de ce dernier. Rue sombre et calme, nous ne pourrons qu'être tranquille pour discuter. Puis j'imagine qu'après ce qu'elle vient de découvrir, c'est ce dont elle a besoin, du calme.

LexieWhere stories live. Discover now