Chapitre 12 Ella

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J'ai de nouveau plongé dans un autre cauchemar, plus terrifiant encore que les précédents. Les derniers évènements ne m'aident en rien à calmer ces peurs nocturnes. Lorsqu'Alex m'a déposé sur son lit, j'ai vu là une opportunité. Il baissait les armes, du moins pour un instant, je me suis donc jetée dans ses bras, profitant de ce rapprochement pour envoyer discrètement le pan de sa veste vers l'arrière, me permettant ainsi de venir prendre en douceur la clef de la chambre. Il n'a rien senti, pensant que j'étais dans un moment de grande détresse, ce qui n'était en fait, pas complètement faux mais la situation que je vis actuellement m'a vite remis les pieds sur terre. Une fois, mon trésor en main, je me suis détachée de lui rapidement, me couchant dans la position du fœtus, puis lorsqu'il s'est couché à mes côtés et pour ne pas qu'il détecte que sa poche était plus légère, je me suis collée contre son flanc. J'ai ensuite fait semblant de dormir, prenant de profondes inspirations, expirant de la même façon. A travers mes paupières, j'ai pu ainsi m'apercevoir que la lumière se coupait, il lui a fallu quelques minutes de plus pour s'assoupir à nouveau.

J'attends patiemment que son souffle devienne régulier, puis lorsque je suis sûre qu'il dort, je me détache en douceur de son corps. Je prends toutes les précautions nécessaires pour descendre du lit sans que le matelas ne bouge de trop, puis sur la pointe des pieds me dirige vers la liberté. J'enfonce le plus délicatement possible la clef dans la penne, fais un tour à la vitesse d'un escargot pour éviter le bruit de la gâche, baisse à la même vitesse la poignée puis entrouvre et sors, refermant doucement derrière moi. Je n'essaie pas de la fermer à clef, cela risquerait de le réveiller, il sonnerait alors le clairon dans toute la maison.

Je descends les marches à pas de loup, les oreilles aux aguets du moindre bruit, regardant à droite et à gauche si quelqu'un arrive. J'entends des bruits lointain de casseroles, la cuisinière doit être déjà à l'œuvre. J'arrive en bas des marches sans avoir été repérée. J'ai le cœur dans les tempes tellement je suis stressée. Je me dirige sur ma gauche, vers la porte d'entrée observant que la porte située sur la gauche ne s'ouvre pas avant que je puisse sortir. Je vais pour poser ma main sur la poignée, lorsque celle-ci commence par s'abaisser, mon seul refuge alors est la pièce sur la gauche. Je ne réfléchis pas, entrant précipitamment dans cette dernière puis refermant le battant tout aussi rapidement. J'entends parler dans le hall, bien que les voix s'éloignent, je les entends toujours. Je colle mon dos à la porte, soulagée d'avoir pu me cacher. Mes yeux détaillent alors la pièce dans laquelle je me retrouve, un bureau. De grandes étagères décorent deux pans de murs, aussi bien dans leur largeur, que leur hauteur, cette bibliothèque est remplie de livres et de cadres photos. Une grande fenêtre située sur la droite apporte un peu de lumière me permettant de voir que le jour se lève. Un grand bureau sombre trône au milieu de cet espace, il dispose d'un grand fauteuil en cuir, à haut dossier. Je me rapproche des cadres photos, passant à l'arrière du siège pour faire ma curieuse. Je vois la photo d'une femme que je ne connais pas ainsi que celle d'un petit garçon qui ressemble à mon bourreau. Je continue de détailler les autres cadres, passant sur un homme tenant dans ses bras, un autre enfant puis mes yeux rencontrent la photo. Celle qui m'envoie une décharge dans le cœur, je tends mon bras vers cette dernière pour m'en saisir puis la détaille une fois près de moi. C'est ma mère, Valeria. Elle tient dans ses bras un bébé, mon frère. On dirait que cette photo a été prise à la sortie de la maternité, on voit en arrière-plan, le nom de l'hôpital. Je pose mon doigt sur le visage de ma mère et de mon frère, caressant cette image figée, une goutte vient alors flouter son sourire, la mienne, une larme que je n'ai pu retenir, suivie de biens d'autres. Je pleure en silence devant ce que je viens de perdre, ma famille.

— Que fais-tu là !

Je sursaute, faisant un volt face serrant contre mon cœur ma découverte. L'homme âgé se tient dans l'encadrement de la porte, je n'ai pas été assez attentive, je viens de perdre mon unique chance de pouvoir m'évader, j'en suis sûre.

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