CHAPITRE CINQ :

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Une grande dame avait un jour décrété que le mercredi, on portait du rose. Mais Zéphyr avait décidé d’étendre cette charmante tradition.
Ainsi, en ce vendredi, la blonde avait choisi son plus bel ensemble. Un joli débardeur aux bretelles fines, le bas du top était parsemé de légers volants et un cœur était formé entre les deux seins, laissant la peau à nu. Un haut pas du tout adapté au mois de novembre, c’était pour cela qu’il serait accompagné d’une large veste en fausse fourrure blanche. Le pantalon assorti au haut, avec sa forme bootcut et son tissu épais l’empêcherait d’avoir trop froid. Elle avait prévu d’enfiler ses mary jane à plateforme, avec d’épaisses chaussettes blanches parsemées de motifs roses.

Maintenant que sa tenue était décidée, il lui fallait passer à la mise en beauté, son teint était déjà fait mais il lui restait à parsemer son visage de poupée de jolies couleurs bien accordées.
C’était une étape très importante dans chacune de ses journées. Il fallait toujours qu’elle soit au sommet, et pas seulement pour impressionner les garçons comme ce que certains croyaient. C’était en réalité le cadet de ses soucis mais il ne fallait pas leur dire, ils risqueraient de se vexer, les pauvres idiots.

Zéphyr s’installa face à sa coiffeuse et alluma les lumières rondes qui lui donnaient tous les jours l’impression d’être une star que l’on pomponnait.
Elle fit son choix parmi sa large collection de gloss, aux teintes très proches mais toutes bien différentes, n’en déplaise à certains de ses ex qui avaient cru pertinent de ricaner en tenant deux tubes l’un à côté de l’autre en prétendant qu’ils étaient identiques.
Après avoir allongé ses yeux bleus d’un trait de liner blanc, elle déposa sur ses paupières une couche de fard de la teinte exacte qu’il lui fallait pour être assortie à son top. Elle rajouta ensuite quelques paillettes, parce que tout était toujours plus beau lorsque cela brillait.
La dernière étape de ce maquillage fut évidemment la lourde couche de gloss rose qui luisait sous les ampoules.

Zéphyr souffla quelques baisers à son reflet, à la fois parce qu’elle le méritait bien mais également pour faire sécher un peu son gloss et éviter qu’il ne colle à ses longs cheveux blonds sitôt qu’elle quitterait sa chaise en velours.

Satisfaite du résultat, elle attrapa son sac à main qui l’attendait patiemment sur son lit et dans lequel elle avait glissé tout ce dont elle aurait besoin. Son portefeuille bien rempli, les livres qu’elle devait rendre à la bibliothèque universitaire maintenant qu’ils avaient fini de lui être utile, son ordinateur et son chargeur ainsi que quelques stylos, un briquet et un paquet de cigarettes. Sans oublier sa gourde rose et son petit miroir de poche.
Elle vérifia que sa chevelure blonde tenait toujours dans la coiffure qu’elle avait confectionnée. Rien de bien compliqué, elle avait laissé pendre la plus grande partie de ses mèches et avait relevé celles qui se trouvaient le plus sur le haut de son crâne, les attachant grâce à une pince en plastique rose. Ce n’était pas tout à fait la même couleur que le haut qu’elle avait choisi mais cela ferait l’affaire.

Elle enfila sa veste et quitta sa chambre, qui était bien moins rose que ce que la plupart des gens imaginaient. En réalité, la pièce était composée d’un monochrome de blanc, qu’elle avait mis des années à composer, étant aussi exigeante en matière de décorations qu’en ce qui concernait ses fréquentations.
Elle possédait maintenant un somptueux tapis, parfaitement assorti aux rideaux qui décoraient la large fenêtre de sa chambre qui menait sur un balcon si ridicule qu’elle avait à peine pu entasser quelques pots de fleurs lorsqu’elle avait tenté d’en faire pousser. C’était une tentative désormais avortée et le balcon au format poche était vide, si on faisait exception de ce cendrier en terre cuite, qu’elle avait maladroitement construit un jour que Teodor l’avait traînée à son atelier poterie.

Le plus surprenant restait ses murs. On aurait pu s’attendre à ce qu’ils soient recouverts par des portraits grandeur nature de son doux minois mais il n’en était rien. Il n’y avait pas non plus une multitude de clichés de sa charmante clique, comme c’était le cas chez le fils Saint-Yves ou même chez la talentueuse Seven.
Non, tout était vide, comme s’il s’agissait d’une toile encore vierge, la toile d’un artiste esseulé qui n’attendait que sa muse pour pouvoir la décorer et la sublimer.
Mais Zéphyr n’était pas une artiste, simplement une intellectuelle qui n’avait pas fait son choix parmi la longue liste de tableaux qu’elle avait pu observer dans des galeries d’art.

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