CHAPITRE SEPT :

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Lundi. Premier jour de la dernière semaine de liberté.
Ils étaient bien décidés à en profiter.
Avant de partir s’enfermer dans l’une des bibliothèques du campus, la clique s’était donné rendez-vous dans un petit salon de thé du centre-ville, nommé Spill the Tea, pour trinquer à leur future réussite comme l’avait ordonné Zéphyr.

Le petit café était bondé, comme s’ils n’étaient pas les seuls à avoir eu cette idée brillante.
Évidemment, la foule présente avait agacé les deux grognons du groupe jusqu’à ce que Zéphyr fronce les sourcils en leur rappelant que du monde, il y en aurait partout.

Seven avait levé les yeux au ciel derrière sa frange bicolore mais n’avait rien ajouté. Isaak avait marmonné jusqu’à ce qu’on dépose sa tasse de thé matcha devant lui. Neve, toujours présente pour railler son ainé, s’était moquée de lui, le traitant de gros bébé. Après quoi, Lemi avait - pas si - innocemment demandé des nouvelles du dernier garçon que tous avaient pu observer dans les stories de leur ami, la proximité entre leurs bouches ne laissant guère de doute sur la qualité de leur relation.

— Putain, fut la seule réponse d’Isaak avant d’avaler une gorgée impressionnante de son thé.

— Mollo l’asticot, c’est pas une bière.

— Toi, je te fais encore la gueule pour le gâteau à la banane.

Personne ne prit la défense de la fille des Saint-Yves. Tout le monde avait déjà goûté au délicieux gâteau que cuisinait merveilleusement bien Iria, qui avait été leur nourrice quand ils étaient enfants et qui était par la suite restée à un poste de cuisinière.
Le gâteau était toujours servi encore tiède et dévoré dans les minutes qui suivaient, les enfants Saint-Yves oubliant les bonnes manières pour lécher le plat et se battre pour les miettes. L’expression était littérale, Isaak s’en était déjà tiré avec des égratignures sur la joue, tandis que Neve avait obtenu une jolie bosse.
Alors, si comme leur avait annoncé leur ami quelques jours plus tôt, la jeune femme aux cheveux roses avait réellement dégusté le précieux dessert sans appeler son frère au préalable, cela constituait une véritable trahison qui justifiait l’attitude boudeuse de l’étudiant de Sciences Po.

— J’ai au moins le droit de demander combien de temps tu comptes sortir avec lui ?

— Nan. Les traîtres n’ont pas le droit à la parole.

— Si quelqu’un cherche la définition de drama queen, vous trouverez la photo de monsieur Isaak Saint-Yves juste à côté.

Seven vida ce qu’il restait de son café et se tourna vers son ami photographe :

— Et du coup, le peuple veut savoir, combien de temps tu comptes sortir avec ce… C’est quoi son nom, d’ailleurs ?

— Est-ce qu’on le connaît, même ? intervint Teodor. Ou est-ce qu’on a juste eu droit à un gros plan sur les bisous baveux que ces deux tocards échangeaient ?

— Pour un photographe amateur, confondre un gros plan avec ma photo, c’est plutôt pathétique hein.

— Certes Isaak, certes, mais ça ne répond nullement à la question, ricana à son tour Zéphyr, se mêlant enfin à la conversation.

Isaak lâcha un “putain vous êtes vraiment casse-couilles vous”, que Lemi essuya avec un “c’est pour ça que tu nous aimes”, appuyé d’un baiser qu’elle lui souffla. Seven n’ajouta rien mais ses yeux parlaient pour elle.
Zéphyr gloussait vicieusement au-dessus de sa tasse, Teodor paraissait déjà ailleurs et Neve continuait d’embêter son grand frère, ses répliques se faisant nettement moins élégantes qu’à l’accoutumée.

MENSONGESWhere stories live. Discover now