Krystal et Adamaï : Duo d'enfer

4 . La rencontre

Plus tard dans l'après-midi, j'étais en bas d'un des immeubles les plus huppés de la ville. Ce n'était clairement pas une employée comme moi qui pourrait s'offrir l'un de ces appartements. Debra m'y avait donné rendez-vous alors qu'elle allait récupérer son Jule à l'hôpital. J'avais passé les dernières heures, persuadée que je faisais la plus grosse boulette de ma vie.

Pourquoi moi. Pourquoi aujourd'hui

— Je t'ai fait attendre ? Me lança mon amie qui venait d'apparaître sur ma droite.

Je sursautai.

– Bon sang, Debra ! M'écriai-je en mettant une main sur ma poitrine.

– Ne fais pas cette tête, Krys. Rit-elle en me prenant la main. Suis-moi, je vais tout t'expliquer pendant qu'on monte.

— T'as plutôt intérêt, Debra. 

– Alors, c'est assez simple. Commença t-elle une fois qu'elle eut montré sa carte au concierge. Tu devras venir deux fois par jour, j'ai déjà prévenu Carl. Il te laissera passer. Le matin, entre 8 et 9 heures et le soir au plus tard à 21 heures. Adamaï est adorable et débrouillard, mais il déteste que ses petites habitudes soient bousculées. S'il boude, c'est la cata pour toi et il trouvera un moyen de te le faire payer.

– C'est à ce point-là ? Ce bout de chou n'est-il pas un peu trop pourri gâté ?

— Oui, il l'est, mais Aïdo ne peut rien lui refuser.

Comme Aïdo Stygianos, Seigneur de tous les labos et hôpitaux que compte notre continent ? Maître des pompes funèbres à ses heures perdues ? S'il y a bien un homme qui nous accompagne tout au long de notre vie, c'est bien ce type.

- Aïdo?

– Oui, Aïdo Stygianos, mon patron.

Ce n'est pas possible. C'est lui son boss ?

– Attends deux secondes, on parle bien d'Aïdo Stygianos, le magnat de la pharmaceutique. Celui sur qui repose au moins un quart de l'économie mondiale. Qui se montre impitoyable avec les paparazis, change de copine tous les quatre matins. Et colle des procès à tire-larigot à qui froisserai son image impeccable ?

— Exactement, c'est bien lui.

- Whaou... Je ne pensais pas que tu travaillais pour lui. Je ne pensais pas non plus qu'il avait quelqu'un à charge chez lui, non plus.

Un enfant illégitime ? 

– L'histoire est assez drôle, je te la raconterai une autre fois. Pour ce qui est de cet amour, il est assez spécial pour qu'Aïdo ne veuille pas l'exposer devant la presse. Il ne veut pas se retrouver avec encore plus de journalistes à la fesse. Nous sommes arrivées.

C'est ça un enfant illégitime, c'est certain maintenant !

Nous étions devant la porte de l'appartement 6. À vrai dire, c'était la seule porte de ce couloir. Il ne devait pas être embêté par les voisins.

– Il est censé revenir à la fin de la semaine prochaine de Séoul. C'est rare qu'il parte aussi longtemps, mais bon. Nous allons entrer tout doucement pour ne pas inquiéter Ada...

La sonnerie de son téléphone interrompit Debra. Elle le sortit de sa poche et observa l'écran avant de répondre.

— Mon Poussin, qu'est-ce qu'il y a ? ... Oh non! Mais tu... Attends, ne fait rien de stupide. J'arrive Non, n'ouvre pas la porte et cache-toi sous l'évier ! Dit-elle de plus en plus vite.