Chapitre 17

74 13 7
                                    

Recommandation musicale : A Thousand Years version de Christina Perri

Contrairement au froid glacial de cette nuit, la journée est chaude. J'ai fourré ma veste d'aviateur dans mon sac, mais mon haut trempé colle toujours à mon corps. Ma gorge est sèche et ma langue, râpeuse.

— Nous y sommes presque, nous informe Mme. Davies, essoufflée.

Je relève la tête pour observer les alentours. La forêt se fait de plus en plus sombre et profonde. Les ronces me griffent les jambes et les arbres laissent difficilement passer la lumière du jour.

Tarek surprend mon regard.

— C'est bon signe, s'exclame-t-il. Le Minotaure et les siens préfèrent vivre cachés. Sûrement pour...

J'attends la suite de la phrase, mais il semble s'être perdu dans la contemplation d'une minuscule fleur bleue. Je ne le relance pas, ayant désormais l'habitude de ses divagations. Son esprit vagabond s'envole souvent vers des contrées inaccessibles, et dans ces moments-là, plus personne ne compte pour lui. Pas même son fils. Il secoue la tête au bout de quelques secondes et continue sa marche.

Je lève les yeux vers le ciel. À cette heure, Ange doit avoir trouvé mon mot. J'espère qu'il ne m'en veut pas trop. Je me demande ce qui le faisait pleurer hier soir. Et si c'était grave ? Peut-être aurais-dû-je aller le voir ? Je m'imagine ouvrir sa porte et le serrer dans mes bras, le rassurer de ma présence. Cette pensée me ronge.
Je serre les dents et revient à la réalité. Ce qui est fait est fait, cela ne sert à rien de ressasser la scène dans mon esprit.

Tarek s'arrête soudain, son visage se crispant légèrement. Je pile net et manque de lui rentrer dedans. Étonnée, je suis son regard et découvre une sorte de chalet en bois, assez loin pour qu'on ne puisse ni nous voir ni nous entendre.
Elizabeth nous attire derrière un buisson et nous nous retrouvons tous les quatre accroupis, si proches que nos haleines se mélangent.

— C'est là, chuchote-t-elle. C'est là qu'habitent le Minotaure et son groupe.

Tarek hoche gravement la tête.

— Souvenez-vous, rien ne promet que vos familles soient détenues ici. Il se peut que le Minotaure ne soit absolument pas impliqué dans cette affaire.

D'aussi près, je remarque que ses yeux ne sont pas exactement de la même teinte de gris que ceux d'Ange. Légèrement plus foncés, comme un ciel après la tempête.

Mme Davies nous donne quelques consignes claires et précises. Luz et moi devons rester dehors puisque le Minotaure ne nous connaît pas. Tarek et elle entreront dans le repaire en prétendant devoir parler d'affaire. Cela ne sera pas la première fois, il n'y a aucune raison qu'il se méfie. S'ils ne trouvent rien d'intrigant, ils repartiront. Dans le cas contraire...

— Regarde, me montre Tarek en détachant un petit objet de sa ceinture. C'est un sifflet à oiseau. Si tu entends ce son, cela veut dire que vos parents sont détenus ici. Et que nous avons probablement besoin de votre aide.

Il porte le sifflet à sa bouche et souffle sèchement dedans. Un sifflement strident résonne dans la foret. Je brandis mon poignard par réflexe et observe les alentours avec attention. Même si nous sommes en plein jour, on ne sait jamais.
Des gloussements attirent mon attention et je me retourne, pour me retrouver face à Tarek et Elizabeth Davies, hilares. Interloquée, je les interroge du regard.

— Ce sifflet... Il imite le bruit de l'oiseau, balbutie Tarek entre deux éclats de rire.

Oh, ok. J'ai dû avoir l'air plutôt ridicule.

𝐋𝐚 𝐒𝐮𝐫𝐟𝐚𝐜𝐞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant