☼ Souvenir 4 ☽

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« George William Russell. »

Une des passions de Sarah est d'appeler son petit ami en utilisant son nom complet, le tout avec un ton énervé, naturellement sinon ce n'est pas drôle. Et lorsque ce dernier débarque dans la cuisine de cette immense villa qu'ils ont loué pour les vacances, les bras remplis de sacs des courses qu'ils viennent de faire, elle ne parvient pas à cacher son sourire. Pire elle pouffe de rire ce qui fait comprendre au britannique qu'une fois encore, elle s'amuse simplement à le faire tourner en bourrique pour rien.

Tranquillement assise sur le plan de travail, ses jambes battent l'air joyeusement alors qu'elle observe son petit ami darder sur elle un regard mi-agacé mi-amusé. Depuis le temps il sait qu'elle adore faire ça, pourtant il se laisse toujours avoir à croire qu'elle pourrait avoir un problème ou être énervée après lui.

« Tu sais que peut être un jour tu auras vraiment besoin de moi et je ne viendrais pas ? »

Après avoir déposé les sacs sur le sol, George vient se glisser entre les cuisses de sa petite amie un sourire qu'il ne parvient pas à cacher sur son visage et qui trahit déjà la vérité. À savoir que c'est faux, et elle le sait.

« Non, susurre-t-elle ne croisant ses bras derrière le cou du britannique. Tu viendras toujours à ma rescousse mon amour, j'en suis certaine. »

Sachant pertinemment qu'elle a raison, George ne tente même pas de la contredire préférant largement embrasser l'impertinente brune qui aime tant le taquiner. Ils ont beau avoir la vie devant eux, ils n'ont pas le temps pour les disputes. C'est cet état d'esprit qui le décide d'ailleurs à porter Sarah jusque la chambre luxueuse qu'ils vont occuper pour la semaine afin de pouvoir l'embrasser plus librement, et lui montrer à quel point il l'aime.

Perturbé par les lèvres chaudes et tentatrices de sa belle, George a oublié toute prudence. Malheureusement lorsqu'il s'en rend compte il est trop tard, surtout que c'est Sarah qui remarque sa maladresse la première sans bien comprendre les conséquences que sa question naïve et empreinte de curiosité va avoir.

« Mon amour, marmonne-t-elle, qu'est-ce qu'il y a dans cet étrange sac ? »

Malgré les doigts de George qui caressent son dos nu, elle ne peut en effet s'empêcher d'admirer pleinement cette chambre qu'elle a à peine vue puisque c'est son petit ami qui s'est chargé de monter toutes leurs affaires qu'il a tenu à vider lui-même du coffre de la voiture pendant qu'elle finissait de faire le tour de ce petit coin de paradis. Gentleman certes, mais surtout intéressé car il tenait à ce qu'une partie des bagages reste cachée pendant le début de leur séjour.

Sauf qu'évidemment l'impatience de Sarah les avait entrainé à l'extérieur au magasin du coin pour faire des courses avant qu'il ait eu le temps de tout ranger comme il l'avait prévu. Les crêpes ça n'attend pas d'après elle, et il n'a pas eu le coeur de la contredire. La chambre est donc restée partiellement rangée ce qui explique qu'elle puisse voir le sac dépassant de l'armoire mal fermée à cause de l'imposant sac, véritable objet de curiosité, qui vient malencontreusement d'attirer celle de Sarah.

« Euh ... rien du tout, bredouille-t-il maladroitement, c'est juste des couvertures que j'avais pris au cas où.

- Des couvertures au cas où ? Qu'est-ce que tu racontes, s'amuse-t-elle en se relevant trop vite pour laisser à George le temps de la retenir, vu le prix qu'a dû te coûter cette villa on ne risquerait pas de manquer de couvertures. Et puis je sais qu'on est en Angleterre mais c'est le mois d'août chéri. »

Trop tard. Le temps que George réagisse Sarah a déjà traversé la pièce, nue, et le pauvre sachet ne résiste pas bien longtemps. À peine a-t-elle posé ses mains sur le plastique que celui-ci craque tant il était comprimé et dévoile son contenu. Deux réactions s'opposent dans la chambre. Sarah lâche un petit cri de surprise vite suivi par un sourire de voir un immense ours en peluche apparaitre. Pendant que George lui se cache le visage dans un oreiller désespéré et paniqué de voir sa surprise voler en éclat si bêtement.

Si seulement il avait fermé correctement cette fichue porte d'armoire ...

Une fois le choc passé, George doit réfléchir vite. Soit il tente de récupérer cette peluche avant qu'elle n'ait fini de révéler tous ses secrets réveillant ainsi la curiosité dévorante de sa petite-amie, soit il accepte simplement que rien ne se passera comme il l'avait prévu et dit définitivement adieu au plan initial.

Son temps de réflexion est cruellement limité et il n'a que quelques secondes pour se décider.

Alors qu'il se lève pour récupérer aussi rapidement et discrètement que possible une boite rouge dans le tiroir de la table de chevet - celle là il l'avait mieux dissimulée. Puis George repense aux paroles de sa soeur et se contient comme il peut de ne pas éclater de rire en se disant que ce qui va suivre va assurément être la demande en mariage la plus ridicule jamais imaginée.

Nu comme un vers également, George traverse donc à son tour la pièce pour se placer dans le dos sa trop curieuse petite amie qui finit de libérer l'ours géant du plastique qui devait servir à le protéger et le dissimuler. Le sac tombe alors à ses pieds et la surprise est dévoilée. Avec le recul, il aurait dû choisir un message moins explicite pour faire broder sur le coeur, ou peut être pas. Après tout, c'est sûrement le destin.

« Oh mon dieu. »

Sarah lâche l'animal qui tombe sans bruit sur le sol, c'est le signal qu'elle a dû lire la broderie et comprendre toute seule les étranges cachoteries de son petit ami en amont de ce voyage. En se maudissant de ne pas avoir contenu sa curiosité, elle pose alors ses mains devant sa bouche désolée d'avoir gâchée cette surprise avant de se retourner pour chercher George du regard.

« Excuse-moi mon amour, je ...

- Sarah Eliza Charlotte Wilson, la coupe-t-il, de toutes les façons que j'ai envisagées, celle-ci n'était définitivement pas dans ma liste. »

George est agenouillé devant Sarah dans une scène scandaleusement ridicule pourtant aucun d'eux ne rit. En fait, ils ne sont même pas déçus, seule l'émotion du moment domine et impose sa loi. Tous deux ils ont imaginé cette scène plusieurs fois : la demande en mariage. Après trois années de relation, ce n'est pas surprenant. Néanmoins, aucun d'eux n'a imaginé un jour que cela puisse se passer de la sorte.

Et pourtant au fond d'eux, ils le sentent : il n'aurait pas pu en être autrement.

« Alors c'est ici, sans les pétales de rose prévus, sans les lumières tamisées romantiques, sans la petite musique et même sans nos vêtements que je te le demande. »

Un sourire étire les lèvres du britannique à ce moment là, et malgré les larmes qui commencent à perler sur ses joues, Sarah se sent soulagée de voir que George ne lui en veut pas d'avoir perturber ses plans. Elle fait alors appel à tout son self contrôle pour ne pas lui répondre tout de suite et le laisser finir sa demande histoire de garder un semblant de normalité.

« Toi et moi ça a été une évidence, je t'aime depuis le premier jour et le fait de pouvoir partager ta vie fait de moi l'homme le plus heureux de la terre. Alors je te le demande aujourd'hui, officiellement devant cet ours en peluche qui a un peu dévoilé la surprise. Sarah, veux-tu m'épouser?

- Oui, s'exclame-t-elle immédiatement. Oui. Oui. Oui. Bien sûr que je veux t'épouser. »

Sans plus de délai et sans même jeter un oeil à la magnifique bague qui brille fièrement dans son écrin, Sarah se jette au cou de son désormais fiancé plus heureuse qu'elle ne l'a jamais été.

C'était peu être la demande en mariage la plus incongrue qui soit, mais c'était tout à leur image : imparfait mais plein d'amour et de sincérité.

Heureux, ils s'embrassent laissant leurs langues parler un langage qui leur est propre. Et puisque c'est ce qui a causé tout ce bazar et précipité leur demande, et qu'ils sont déjà dans la tenue idéale pour cela, George et Sarah célèbrent leurs fiançailles en laissant parler leur corps et leur désir.

Après tout : quelle meilleure manière de célébrer leur amour qu'en faisant l'amour ?

❤️

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