La 3ème Congrégation

Chapitre 2

Souvenirs...

— Je n'y arriverais pas...

Nikolaï m'entoure mes épaules avec son bras pour me serrer contre lui.

— De quoi tu as peur, Anita ?

Anita est le surnom que Nikolaï me donnait. Il m'appelait toujours comme cela. Une manière pour lui sûrement de s'approprier mon prénom qui n'avait pas été choisi par quelqu'un de la famille. Nikolaï a été ce genre de grand-frère protecteur. Et, il n'a pas eu le choix. Nous n'avions plus de parents, et il s'était chargé ainsi de mon bien-être.

— Je déteste les examens oraux. Si je n'ai pas une bonne note, Madame Olga me punira et je ne pourrait pas sortir pour mon anniversaire.

Nikolaï secoue la tête, semblant certain de ce qu'il s'apprête à dire.

— Ça n'arrivera pas parce que tu vas te surpasser. J'ai confiance en toi. Tu as travaillé dur pour cela et tu auras forcément une très bonne note. Et après ça, on ira à la fête foraine pour fêter tes douze ans, et je t'achèterai la peluche que tu veux, me sourit-il, m'adressant un regard d'une bienveillance infinie.

— Mais, ça coûte cher...je ne veux pas que tu sacrifies tes économies pour moi.

— Anton m'a proposé de faire des heures supplémentaires au bar. Je resterai travailler plus tard pour pouvoir gagner un peu plus ce mois-ci. Tu auras le cadeau que tu mérites, je t'en fait la promesse.

Je lui réponds par un sourire de gratitude, le serrant davantage contre moi.

Nikolaï avait été un garçon rempli de gentillesse et de bienveillance, et cela envers tout le monde. J'avais toujours admiré ses qualités humaines. Au delà de cela, Nikolaï était empreint d'idéalisme : il voulait changer le monde. C'était l'une des raisons pour laquelle il voulait intégrer la Deuxième Congrégation.

Souvenir...

*

On y est, Nikolaï. Plus que cette épreuve à réussir et on pourra enfin rejoindre la Formation.

M'adresser à Nikolaï même s'il n'est plus là, est quelque chose que je continue de faire. Je pense que ça m'aide à me calmer. Cela me donne du courage pour continuer chaque jour et sans relâche le plan que j'ai entrepris. Si je fais tout cela c'est pour lui. Je veux découvrir ce qui lui est arrivé et honorer sa mémoire.

Nikolaï m'a toujours épaulée depuis que je suis petite. Il à toujours trouvé les mots juste pour me réconforter ou m'encourager. Je me surprends souvent à l'imaginer à côté de moi encore aujourd'hui, quand je manque de confiance.

Nikolaï était un adolescent motivé et sportif. Il avait travaillé dur pour intégrer la Formation. Je sais qu'il avait fait partie des meilleurs novices. J'aimerais suivre ses traces pour lui rendre hommage, même si pour ma part mon but n'est pas de devenir l'un des quatre Élus qui pourront appartenir à la Troisième Congrégation.

Je m'échauffe alors seule et en silence dans le gymnase qu'on m'a attribué. D'autres candidats s'entraînent de leur côté, essayant d'évacuer, comme moi et comme ils peuvent, leur appréhension. Aujourd'hui a lieu la dernière épreuve, mais aussi la plus dure. L'objectif est clair : aller au bout du parcours imposé dans un temps le plus restreint possible. A l'issu de l'épreuve, ils ne garderont que quinze pour cent des candidats restants. La compétition est donc très rude.

J'essaie donc de me remémorer les phrases d'encouragement que Nikolaï me disait pour me booster. Et, je crois que ça marche un peu. Je sens l'adrénaline monter peu à peu en moi, à mesure que je m'échauffe.