L'héritage

Chapitre 3

TW: Grande violence physique/sexuelle

Mon corps est douloureux. Je n'ai pas encore ouvert les yeux, j'entends simplement le son d'un vieux néon en train de grésillé et dont la lumière blanche m'agresse rapidement. Assise sur une chaise, l'odeur de l'urine me prend rapidement au nez, tout en s'entrechoquant à celle de la javel. Un léger regard sur mon jean me fait comprendre que celle-ci provient de moi. Mes poignets et mes chevilles me brûlent sous la friction de collier de serrage, et aucun son ne sort de ma bouche à cause d'un haillon qu'ils m'ont mis. Je suis pour le moment seule dans la pièce, du moins de ce que je peux constater. Celle-ci est blanche, entière recouverte de carrelage, les joints semblent usés par le temps. Je me revois projeter dans un des films d'horreur que j'affectionne tant. A un mètre de moi, il y a une bouche d'égout, qui doit faciliter le nettoyage. Ma tête tourne. Je ne sais pas depuis combien de temps, je suis ici. Je ne prends pas la peine de me débattre, je connais ma condition physique, je ne pourrai pas arracher les liens qui me retiennent à la chaise qui semble presque fixer au sol.

 Je ne peux pas dire si c'est après avoir somnolé quelques minutes ou des heures que j'entends la porte s'ouvrir. Un homme entre, c'est l'homme à la carrure d'ours à qui j'ai parlé hier. Il est suivi par un petit blondinet qui semble bien plus jeune que lui, mais je remarque rapidement leurs airs de ressemblance. Le même nez tordu qui m'arrache une grimace. Le dernier homme est celui qui était près de l'entrepôt, celui qui a dû me traîner sans aucune pitié ici. Le deuxième homme se rapproche de moi pendant que les deux autres me fixent toujours.

- Je t'avais pourtant prévenu de ne pas revenir. Alors les choses vont être simples, je pose les questions, tu réponds. Si ta réponse me convient tout se passe bien si ce n'est pas le cas, Narcisse, près de toi, va s'occuper de ton cas.

Je hoche la tête. Je détaille rapidement Narcisse. Ses cheveux blancs, légèrement jaunis, se fondent avec la couleur de la pièce. Narcisse m'enlève le haillon. Alors que je m'apprête à crier, une gifle vient rencontrer mon visage me faisant voir des étoiles. Le coup est violent et ma pommette me chauffe le visage.

- J'ai oublié de préciser, rien ne sert de crier, tout est insonorisé ici.

Je me remets rapidement de la gifle. Je ne sais pas sur quelle bande de taré, je suis tombé, mais peut-être étais-je finalement plus en sécurité dans mon ancienne ville. Je n'ai pas le temps de réfléchir plus longtemps que le plus vieil homme s'approche de moi. Et s'accroupit à ma hauteur. Une de ses mains vient attraper mon menton. J'essaye de sortir de sa prise, mais celle-ci devient plus forte. Je sens sa deuxième main parcourir mon corps et m'arracher un frisson de dégoût.

- Bon commençons. Que viens-tu faire ici et pourquoi rôdais-tu près de l'entrepôt ?

- Je voulais voir le propriétaire, murmurais-je. J'ai un titre de propriété.

Un deuxième coup vient brûler ma joue. Puis un troisième. L'homme semble attendre plus d'explication alors que je lutte pour ne pas me laisser tomber dans les abysses. Je tente d'expliquer pourquoi je dois le voir, cette histoire d'héritage, de titre de propriété, mais l'homme semble penser que je le prends pour un idiot. Les coups pleuvent. Je serre les dents, tentant de maîtriser mes hurlements, mes gémissements et surtout mes larmes. Je refuse de leur montrer si fragile. Chaque coup laisse une marque rouge sur mon corps. Aucun endroit n'est épargné. Ce n'est pas la première fois que je suis face à une telle pluie. Je peux tenir. Ou du moins, je le crois encore. 

- Qui es-tu ?

- Je m'appelle Octavia Vice. Je ne suis personne s'il vous plaît, je vais repartir et ne plus... un point dans la tempe me coupe dans mon discours.
Le plus âgé s'éloigne et semble passer un coup de téléphone. Quelques secondes, plus tard, l'homme revient, la rage transformant son visage.