Chapitre 22 : Evan

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- Du coup, on rentre ensemble ? je demande en enfilant mon casque.

Le temps n'a fait qu'empirer au cours de la journée. Il pleut toujours des cordes et maintenant avec des rafales de vents en plus, un temps de merde en fait. Je déteste conduire quand c'est comme ça, ma moto tangue à cause de la route jonchée d'eau.

- Ok, répond-elle simplement.

Elle enfile un premier pull, un deuxième, ainsi qu'une écharpe, sa doudoune sans manche et enfin sa grosse doudoune.

Elle se débat avec la fermeture pour la maintenir fermée avec toutes ses couches. Je rigole. Elle est mignonne comme ça,on dirait une enfant.

- Ah je te fais rire ? lâche-t-elle, viens plutôt m'aider là !

Je retire mes gants et je tente de fermer son dernier manteau sans grand succès. La fermeture semble coincé dans son écharpe. Je la décroche et durant une demi-seconde, mes doigts frôlent sa peau.

Lorsque je le ferme enfin, mes yeux se perdent sur son visage. Elle a le bout du nez rosée par le froid, ses joues portent ce même teint et ses lèvres, recouvertes d'une fine couche de gloss rose, la rendent si attirante. Elle est la seule à qui le froid semble réussir.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demande-t-elle, nonchalamment.

- Met tes gants sweetheart, faudrait y aller.

- Alors, ça me fait plaisir que tu abordes le sujet... "tes gants", effectivement, j'ai deux paires, rigole-t-elle.

- T'es insupportable. Pour le coup, là, si tu tombes, t'auras aucuns bleus tellement t'es bien couverte.

- Eh, t'as vu, je prévois tout, sourit-elle.

Elle enjambe sa moto et démarre. Je fais de même et je la suis. Nous nous dirigeons jusqu'au portail, qui nous détecte et s'ouvre lentement. En attendant, je relève la visière de mon casque.

- Tu passes devant ? je demande.

Elle fait vrombir son moteur, signe que oui. Sa maison se situe légèrement plus proche du lycée que la mienne, elle me guidera. Nous nous élançons sur la grande route, le vent nous poussant sur les côtés, je la vois essayer de contrebalancer cela avec son poids en se penchant un peu à gauche. Mieux vaut éviter de finir dans un fossé, surtout par ce sale temps. L'averse se fait de plus en plus violente, heureusement, nous avons des pantalons de pluie mais à ce rythme, l'eau les traversera avant que nous ne soyons arrivés.

Nous ne sommes plus très loin, Joy s'élance prudemment dans un rond-point. Je la suis de loin et malgré ses précautions, je la vois tanguer. Si elle freine, elle tombera, si elle accélère, elle tombera aussi. Mais elle semble savoir ce qu'elle fait. Elle décélère et penche très légèrement sa moto pour sortir du rond-point. Je ralentis fortement pour ne pas reproduire cela et je la suis. Elle est arrêtée sur une place de parking un peu plus loin.

- Ça va ? je demande.

- J'ai vraiment eu peur, lâche-t-elle d'une voix blanche.

- Je sais et tu n'as rien, t'inquiète pas.

Un silence s'ensuit durant lequel le seul bruit qui nous parvient aux oreilles est la pluie, toujours plus violente, qui ne semble pas vouloir cesser. Elle nous assourdit lorsqu'elle s'abat sur nos casques et résonne au plus profond de nous. Je m'apprête à remonter sur ma moto lorsque Joy m'arrête.

- Tu veux pas attendre que ça se calme un peu ?

- Si tu veux mais tu veux faire quoi en attendant ?

- Y'a un Café pas loin.

Nous plaçons nos motos sous un abri non-loin, et nous nous rendons donc au petit Café.

Une clochette retentit lorsque nous franchissons la porte.

Nous nous asseyons à une petite table à l'écart malgré le fait qu'il y est peu de monde. En même temps, qui va spécifiquement ici par ce temps ? Un homme s'approche de nous. Il sent le parfum bon marché et la cigarette, un très mauvais mélange.

- Je peux vous servir quelque chose ? nous demande-t-il, les yeux rivés sur Joy.

- Deux chocolats chauds, je réplique.

Il acquiesce et s'éloigne.

Joy me regarde sans comprendre.

- Qu'est-ce qui te dit que je voulais ça ? bougonne-t-elle.

- Qui n'aime pas ça ? Ne me dit pas que toi si ?

- Non, c'est vrai mais tu aurais pu me demander.

On nous sert nos fameuses boissons que nous buvons silencieusement. Seule la douce musique du Café résonne.

- Bon, parle moi de toi, je lâche au bout d'un certain temps.

- Cette phrase n'a aucun sens. Que veux-tu réellement savoir ? Ma couleur préférée ? Mes passions ? Mes phobies ? Le nom de ma tortue quand j'avais 7 ans ?

Je rigole.

- Oui, tout ça par exemple.

- Le vert, la musique et l'astronomie, les rongeurs et Karo.

- Ta torture s'appelait Karo ? je lâche en riant.

-Absolument, enchaîne-t-elle très sérieusement.

- Et tu aimes l'astronomie ?

- Oui ! Quand j'étais petite je voulais devenir astronaute pour pouvoir observer les étoiles, les planètes de plus près. L'immensité de l'univers est si belle et rassurante.

Je vois ce qu'elle veut dire. Ses yeux brillent tandis qu'elle parle de ce sujet qui semble effectivement la passionner. 

Oublie ça...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant