Nébuleuse d'Amour [JiKook]

𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 2

A peine le « oui » se fit entendre que les feuilles s'enflammèrent d'une colère démente, et leur allure frêle devint aussi tranchante qu'une lame. Elles se lancèrent à l'assaut de l'arbre qui les avait vues naître, et commencèrent à déchirer son écorce sous le regard médusé de Jimin.

« Non, non, non, arrêtez », hurla-t-il dans une agonie folle.

Toutefois, les lames tranchantes des feuilles étaient devenues si meurtrières qu'elles ne lui laissèrent que des blessures ensanglantées. Bientôt, de l'arbre jaillit de l'eau en abondance. Des litres et des litres d'une eau salée, semblables à des larmes. Rapidement, la quantité fût telle que l'eau forma une grande marre, un îlot autour de l'arbre. Plus Jimin essayait de dégager les feuilles, plus elles revenaient détruire leur cible. Et c'est ainsi qu'une fraction de minutes plus tard, l'arbre se fragmenta. Ses racines tombèrent et en tout dernier, ce fut au tour des fruits de pourrir sur le sol.

Jimin voyait sous ses yeux, l'être qui l'avait accompagné toute sa vie, se tordre d'une douleur incommensurable. Lui, qui ne pouvait rien faire de plus que de constater son impuissance. Voilà le châtiment d'avoir voulu braver l'interdit. Et alors que l'arbre se détruisait, son tronc se fendit en deux, achevant son agonie par une éclosion de lumière.

Les sanglots d'Art se muèrent en un cri de désespoir, et quand le tumulte pris fin, il constata les dégâts de sa réponse affirmative : son arbre de naissance était complètement détruit. Il n'en restait plus rien, même plus le carnet de ses croquis déchirés qui flottait près de l'arbre, tel le cadavre d'écume de mer fait de traits inachevés. 

Jimin s'approcha du tronc, et l'enveloppa d'une étreinte d'adieu.

Chez le peuple de la Terre, perdre son arbre de naissance avant de perdre la vie était un signe de mauvais présage. D'ailleurs, ça n'arrivait que très rarement. Généralement lors de la mort de l'individu, il se fanait de lui-même et mourrait, mais il était très rare que l'arbre meure avant celui ou celle avec qui il était né.

Jimin à ce moment-là ne pensait pas à tout ça, il était juste envahi d'une énorme tristesse, celle d'avoir ôté la vie à un ami, à un compagnon de fortune. Il ne sut pas combien de temps s'était écoulé, mais il ne pouvait juste pas s'arrêter de pleurer.

Et alors que de chaudes larmes coulaient de ses délicates joues, aussi fragiles que de la porcelaine, une sensation inattendue de douceur enveloppa sa tête. Quand il releva son front, ses yeux floués par les larmes, ne purent correctement voir la forme qui se dressait devant lui.

Au-dessus de lui, la lune qui jadis arborait une forme gibbeuse croissante, cette nuit-là, se mua en pleine lune. Sa lumière, qui berçait tout le Monde-du-Bas, aida Jimin à distinguer la forme devant lui ; qu'il reconnut instantanément.

C'était elle. 

C'était celle qu'il avait dessinée en croquis. L'exacte réplique parfaite d'une belle et jeune femme. Elle avait les cheveux aussi noirs que la nuit, les pupilles sombres, une carrure svelte, et des lèvres rouge sang. Elle était la copie parfaite de son dessin, son dessin auquel il avait donné vie, était la personnification de l'Amour. C'était d'ailleurs le titre qu'il lui avait donné, avant que l'œuvre ne se noie dans la mare d'eau salée ayant jailli de l'écorce de son arbre de vie.

« Amour ? » dit-il.

La jeune femme interloquée se rapprocha de lui. Elle avança sa paume devant un Jimin méfiant qui s'en écarta.

- Qui es-tu ? questionna-t-il.

Elle ne répondit pas. Elle était troublée, comme si elle ne pouvait pas s'exprimer.

- Tu ne peux pas parler ?

Elle le fixa avec ses yeux de biche, d'où émanait une innocence singulière. Son regard espiègle rappelait celui d'un enfant enfermé dans un corps adulte, évoquant une beauté candide.

Sans perdre peur, elle s'avança encore mais cette fois-ci, il ne recula pas. Elle posa le binôme de son index et de son majeur sur le front de Jimin.

Il ne la quittait pas des yeux et soudain, un fil d'argent céleste se forma de cette connexion. Il ne le sut pas à ce moment-là, mais la ténébreuse brune puisait la connaissance d'Art pour ensuite pouvoir communiquer avec lui, et savoir tout de son monde.