Nébuleuse d'Amour [JiKook]

𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 6

- Amour, dit-il d'une voix d'une douceur infinie en posant sa main sur l'avant-bras de la jeune femme.

Cependant, elle resta là, recroquevillée et les mains croisées sur ses genoux.

- Viens, lèves-toi. On rentre d'accord ?

Et c'est quand elle se tenue droite, qu'il vit la raison de ses pleurs. Amour avait changé, son corps avait changé, et son ventre arborait une forme ronde. Elle était enceinte.

Le choc se lit dans les yeux de Jimin. Il ne comprenait pas comment cela était possible, comment leur union de la veille avait pu donner une conception aussi avancée.

- Jimin, je ne sais pas ce qu'il m'arrive.

- Je...

Instinctivement, le jeune homme porta son œil sur le ventre d'Amour. Il l'entendait, le son de deux cœurs battants. Il n'en revenait pas. Comment ? Par quelles lois de la génétique cela était possible ?

- Amour...

- Jimin, gloussa-t-elle. Je ne sais pas comment s'est arrivé aussi vite. De ce que j'ai assimilé de vos systèmes de reproduction, ce processus est censé prendre de longs mois.

Plus ils essayaient de trouver une explication, plus Jimin voyait le ventre d'Amour grandir et grandir.

- J'ai l'impression...Argh ! Il m'a donné un coup, s'offusqua-t-elle en portant ses paumes contre son ventre.

- Écoute, nous allons rentrer tout de suite à la maison et après, on avisera ce que nous allons faire.

Jimin siffla un bon coup vers le ciel, et apparu quelques instants plus tard, un majestueux griffon blanc. Son énorme tête d'aigle se courba en révérence à celui qui l'avait appelé. Le jeune homme s'approcha de l'animal, et de sa voix il chanta, il chanta du plus profond de son cœur. C'était comme ça qu'il fallait s'adresser à cette espèce pour l'avoir à son service. C'était la première fois qu'Amour l'entendait chanter. Il atteignit des notes élevées avec clarté, et une émotion caractéristique à une voix de ténor. Il ébranla le cœur d'Amour. Elle se positionna près de son amant qui se trouvait en face du griffon et elle aussi, se mit à chanter.

Les tonalités suaves de leurs voix, unies l'une avec l'autre, offrirent à l'oiseau au pelage de neige, un spectacle d'une forte émotion.

Quand les dernières notes sortirent des cordes vocales des deux êtres, le griffon plia ses quatre pattes sur le sol, pour que ses cavaliers puissent monter sur son dos.

Jimin fit monter Amour en premier. Il se mit ensuite au niveau du cou de l'oiseau, afin d'anticiper les chocs éventuels qu'il donnerait et aussi, pour que son corps à lui, fasse barrage à celui d'Amour qui pouvait potentiellement recevoir ces basculements. Elle se lova dans le dos de Jimin, et s'y accrocha de toutes ses forces lorsque l'oiseau décolla. Ses ailes vigoureuses d'une grandeur immense firent tomber les plus frêles des fleurs de la prairie, qui s'écartèrent pour le laisser s'envoler.

Durant le trajet dans le ciel, un vent chétif caressait les cheveux d'Amour. Ses longues mèches frôlaient la peau délicate de Jimin qui les accueillait telles de jolies caresses. Il sentait dans son dos, le cœur d'Amour battre paisiblement. Il voulait penser à ce qu'il lui dirait pour la rassurer, mais comment envisager l'avenir ? En avaient-ils un ? L'enfant allait-il naître, ou allait-il rester dans le ventre de sa mère qui dans quelques heures, ne serait plus de ce monde ? La seule et unique issue à tout ça, c'était qu'Amour ne reparte pas là d'où elle venait. Qu'importe s'il devait donner sa vie pour cela. Rien que de penser à la perspective qu'Amour s'en irait, il eut un pincement au cœur.

L'oiseau majestueux parcourut les plaines, et se déposa délicatement dans l'immensité du jardin qui juxtaposait la maison de Jimin. Après une dernière révérence, il s'envola et se perdit dans le ciel, laissant les deux amants à leur destin.

Jimin et Amour montèrent sur le pailler. La maison de Jimin avait une terrasse dominée par une grande balançoire. La douceur du temps à cet instant-là, était une invitation à s'y balancer. Amour s'y posa, le poids de son corps fit que le mouvement de bascule se déclencha aussitôt. Jimin s'assit à ses côtés. Dans son dos, la lune formait son dernier croissant.

- Il faudrait que tu restes. Il faut que tu restes.

- Je ne peux pas, Jimin.

- Pourquoi ?

- Je te l'ai dit, je ne peux survivre ici que durant qu'un cycle de lune, pas plus. Après ça, les particules qui composent mon enveloppe charnelle vont aussitôt se désintégrer, que je le veuille ou non.

- Et l'enfant ?

- Il grandit en moi, de plus en plus vite.

Un silence pesant stoppa la discussion.

- J'ai peur, avoua-t-elle.

Jimin ressentit l'angoisse d'Amour et lui prit aussitôt la main, en voulant l'apaiser au mieux.

C'est blotti dans les bras l'un de l'autre, que nos deux amants passèrent un peu de temps avant qu'Amour ne soit prise de violentes contractions.

- Jimin, je dois retourner vers l'arbre. Vite, allons-y tant que je peux encore marcher.