Moshi et Peyan ou comment devenir une plante

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Je reviens d'entre les morts avec du grand n'importe quoi, bonne lecture je suppose.

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Moshi sortait de la salle de classe avec une énorme envie de pisser. Comme d'habitude il n'avait rien écouté au cours, mais comme d'habitude il n'en avait rien à faire Tout ce qui lui importait à ce moment était d'aller se vider la vessie dans les toilettes les plus proches. 

Quelle ne fût pas sa surprise lorsqu'il arriva à proximité des toilettes pour trouver Peyan, accroupi à côté de la porte et semblant en pleine réflexion intérieure. 

Ne souhaitant pas déranger le rituel psychique qui était probablement en train de se passer dans la tête de Peyan, et surtout parce qu'il avait trop envie de pisser, Moshi passa à côté de lui pour entrer dans les toilettes. 

Une fois son affaire terminée, Moshi sortit des toilettes pour trouver Peyan toujours dans la même position que toute à l'heure, ç'en était presque flippant.

Moshi s'abaissa et passa une main devant le visage de Peyan afin de vérifier s'il n'était pas mort. 

Peyan ne bougea pas d'un pouce, il ne cligna même pas des yeux. Il était peut-être mort finalement. Moshi pensa que c'était étonnant qu'il arrive encore à rester accroupi en étant mort. 

Mais alors que Moshi récitait une prière au hasard pour rendre hommage à son camarade de classe partit trop tôt, ce même camarade leva les yeux vers lui. 

Moshi hurla. Des élèves se retournèrent pour lui jeter des regards peu avenants. Moshi s'en foutait, il était trop occupé à regarder son ami revenir d'entre les morts. 

"Je suis pas mort hein". Fût la première chose que Peyan dit, ne prenant même pas la peine de se relever et optant plutôt pour une position assisse. 

"Comment tu savais que je pensais ça ?". 

"Parce que je te connais trop bien...et peut-être aussi parce que tu récitais ta prière un peu trop fort. Une prière sérieusement ? Depuis quand tu vas à l'église toi ?". 

"Depuis quand tu sais ce qu'est une église toi ?".  Moshi retorqua alors qu'il décida de s'assoir à côté de Peyan. 

"Je t'emmerde je suis très intelligent". 

"Non t'es hyper con". 

"C'est pas ce que tu disais dans ta prière". 

"T'occupes. Sinon, qu'est-ce que tu fous là ?". 

"Où ça ?". 

"Mais t'es vraiment con ma parole, là devant les toilettes assis en pleine méditation !". Moshi s'emporta en pointant du doigt la porte des toilettes. 

"Je me concentrais, mais tu as brisé ma concentration". 

"Et tu te concentrais pourquoi encore ? Pour atteindre le nirvana ou une autre de tes conneries dans ce genre". 

"Pas exactement". Peyan répliqua avec le plus grand des sérieux, une vision plutôt inhabituelle pour Moshi. "J'essaye de ne faire qu'un avec mon environnement, à la manière d'une plante, j'essaye de me défaire de tout ce qui me sépare de ce mur par exemple, ou du sol". 

"Donc tu veux devenir une plante". 

"Non, comme une plante". 

"Mais d'où tu sors ça ?". Moshi demanda, ne s'attendant clairement pas à ça. 

"De mon cours de philosophie, on nous a appris la différence entre un objet immobile et inanimé et un être vivant. Et vu que j'en ai marre du monde je veux appartenir au paysage et ne plus avoir à penser à rien". 

"J'ai du mal à savoir si c'est super intelligent ou juste extrêmement con ce que tu viens de dire". 

"Vois le comme tu veux je m'en fous. Veux tu devenir une plante avec moi ?". 

"Euh...".

"Allez ça va être cool". 

"Si tu veux...". 

"Et donc, c'est un oui ?". 

"Ouais...". Moshi avait de ce dans quoi il s'était embarqué. 

"Super alors ! Maintenant fermes ta gueule et fais le vide dans ton esprit". 

Moshi avait très peur. 

Il n'eut pas le temps de protester que Peyan était de retour dans sa contemplation du mur d'en face, semblant complètement hermétique au bruit extérieur et aux aller-retours incessants des élèves qui entraient et sortaient des toilettes. 

Moshi voulut ouvrir la bouche mais avant même qu'un son ne sorte de sa bouche, Peyan lui mit une main devant ses lèvres, sans même le regarder. 

"Concentre toi et tais toi". Lui dit Peyan en retirant sa main pour se replacer dans sa position initiale comme rien ne s'était passé. 

La même chose se passe pendant l'heure qui suivit. Moshi qui essayait de dire quelque chose et Peyan qui le faisait taire d'une manière plus ou moins gentille. Les manières allant d'une simple main sur la bouche jusqu'à la menace de le trainer jusqu'aux toilettes pour le noyer dans la cuvette. Depuis Moshi essaye tant bien que mal de se tenir à carreaux. 

Plusieurs heures passèrent, pendant lesquelles les deux amis restèrent assis l'un à côté de l'autre à fixer le mur d'en face. 

Un de leurs amis, Pachin, avait eu pitié d'eux et avait déposé de l'eau et un peu de nourriture à côté d'eux dans ce qu'il semblait être des gamelles pour chien. Moshi avait dû attendre la nuit tombée, vérifiant que Peyan était bien endormi, pour oser bouger et prendre un peu de nourriture. Peyan, lui, n'avait pas bougé d'un pouce. Moshi avait de nouveau peur qu'il soit véritablement mort de faim mais les ronflements occasionels lui prouvèrent le contraire. 

Heureusement, car même si Moshi ne voulait pas se l'avouer il aimait bien Peyan. C'est vrai qu'il était un peu con parfois et même très souvent. Mais il était aussi très gentil et parfois Moshi pouvait presque se sentir coupable de le traiter de stupide autant de fois. Mais pouvait il laisser sa fierté de côté pour une fois et s'excuser ? Absolument pas. Alors pour se rattraper il s'était promis de rester aux côtés de Peyan, en toutes circonstances. 

C'est la raison principale qui l'a poussé à s'assoir à côté de Peyan, et qui le pousse encore aujourd'hui à rester à côté de lui, sans bouger depuis plusieurs jours, parce que Peyan veut atteindre la paix intérieure en devenant une fleur. 

Les jours passèrent, puis les semaines, et peut-être même les mois, plus personne ne comptait. 

Les élèves du lycée avait assisté à un phénomène plutôt étrange, lorsque des tiges avaient commencé à pousser autour des deux garçons assis à côté des toilettes. 

Personne n'avait osé essayer de les enlever, personne n'avait prévenu les deux garçons. 

Fût arrivé un moment où les plantes qui avaient poussé entourèrent les garçons complètement, créant une barrière de verdure. 

Des mois plus tard lorsque quelqu'un se décida enfin à bouger les feuilles pour tenter de voir les garçons, ce furent deux fleurs, dont les racines avaient percé le sol du couloir, qui furent révélées au grand jour. 

Par respect pour ses deux élèves on barricada l'accès et engagea des élèves pour arroser quotidiennement les deux fleurs. 

"Et c'est comme ça, mes chers amis, que naquit le petit jardin que vous pouvez trouver juste à côté des toilettes pour hommes du deuxième étage". Pachin finit son récit d'un ton dramatique, se tournant vers les élèves de seconde à qui il était chargé de faire visiter le lycée. Ceux-ci ne semblaient pas convaincus par sa prétendue légende. 

"Il a fumé ou quoi ?". 

"Si oui je veux tester ce qu'il a pris". 




Des ships t'as peur Where stories live. Discover now