My dearest enemy - Tome 1 [AUTO ÉDITION]

Prologue

[Note de l'auteure : J'ai décidé de vous donner un avant goût de cette histoire en attendant la date de sortie (que je ne peux vous donner pour le moment). Voici le prologue ainsi que les 3 premiers chapitres qui seront programmés dans la soirée ! Enjoy <3]

Totalement impuissant.

J'avais encore échoué et le moment d'en subir les lourdes conséquences était malheureusement venu. Planté là, tout droit comme un piquet et figé comme une statue de pierre, je ne pouvais pas m'enfuir, je ne le voulais pas... De toute manière il m'aurait eu, quoi que je fasse. Comme à chaque fois. J'ai toujours détesté être dans ce bureau. Cette pièce était si sombre que l'on peinait à apercevoir la grande bibliothèque qui longeait tout le mur de droite. L'odeur du sang y était imprégnée, mais aussi de la peur. Ma peur. Une émotion ne devrait pas avoir une empreinte olfactive. À moins que ça ne vienne de mon imagination.

Mon bourreau se tenait dos à moi, debout devant son bureau. Je commençai à comprendre qu'il faisait exprès de me coincer délibérément entre lui et son second, bloquant le chemin jusqu'à la porte. Ma seule échappatoire. Piégé comme un vulgaire rat, toute tentative de fuite vouée à l'échec, je fixai un point devant moi. Tout pour l'éviter.

- Pourquoi n'as-tu pas réussi ? soupira-t-il, las.

Ce n'était pas vraiment une question. De la déception, voilà à quoi ça ressemblait.

Mon ordre était de transmettre ce foutu parchemin. Malheureusement, lors de ma course-poursuite, il s'était égaré. En tout cas, c'est ce que je lui avais fait croire. Je ne me sentais pas capable de le lui ramener. Il mijotait quelque chose d'horrible, je le sentais. Je ne savais pas exactement sur quels projets il travaillait en ce moment et je ne tenais pas à y participer. Les enjeux étaient bien trop grands, beaucoup de personnes, d'humains tels que moi, pourraient en pâtir.

- Je suis désolé, donnez-moi une seconde chance et vous pourrez être sûr que...

- Tu as déjà eu ta chance, m'interrompit-il.

Il se retourna et je vis ses yeux. Ce regard qui me pétrifiait, dissimulé derrière ses longs cheveux noirs. Je sus ce qui m'attendait. Mes chances d'en sortir indemne s'étaient évanouies en même temps que mon espoir. Je vais finir dans cette maudite chambre... mais jusqu'à quand ? pensai-je. Je ne le savais pas, jamais à l'avance. Mais ce n'était pas la chose qui me terrifiait le plus... Ce qui s'en suivait était toujours d'une monstruosité sans nom. Il m'amènerait dans cette prison et userait de mon corps comme bon lui semblerait, jusqu'à en être pleinement satisfait et que je ne puisse plus rien encaisser. Mon supplice pouvait durer des heures, des jours, il n'en avait que faire, seuls ses désirs les plus abjects comptaient.

Il s'avança et je me reculai, jusqu'à ce que ma tête bute sur un torse dur. Deux mains s'appuyèrent contre mes épaules, leur propriétaire restant silencieux. Lui en revanche ne l'était pas.

- Kellan, Kellan, Kellan...

Ses mains se posèrent sur mes joues et ses pouces me caressèrent.

- Ne t'imagine pas une seule seconde que je prends plaisir à te corriger de la sorte.

C'était un mensonge. Tout ce qui émanait de lui n'était que tromperie et violence. Il aimait faire du mal. Me faire du mal.

Ses mains et ses yeux se coordonnèrent et descendirent pour arriver à la hauteur de mon cou. Il écarta le col de ma chemise des deux côtés. Elles entrèrent au contact avec ma peau, glacées comme la mort. Je détestais ça. Je n'avais qu'un seul souhait, m'en aller très loin, le plus loin possible, et emporter ma sœur avec moi. Mais je ne pouvais pas. Elle serait encore plus en danger. Tout ce que j'avais fait, tout ce que je subissais, c'était pour lui offrir la vie qu'elle méritait. Loin de la rue et de la pauvreté. Elle était tout ce qui comptait à mes yeux. Nous ne survivrions jamais sans argent et sans toit pour nous protéger. Je me vouerais volontiers à une damnation éternelle si ça me permettait de la protéger et de préserver son innocence.

Mes épaules étaient meurtries. La montagne de muscles derrière moi ne cessait d'étirer mon haut en y enfonçant ses doigts et ses ongles. J'avais l'impression qu'elle allait se déchirer.

- S'il vous plaît, suppliai-je d'un murmure, tremblant de peur.

- Non. Je t'ai donné bien plus d'une chance pour te ressaisir, mais visiblement cela n'a servi à rien. Tes suppliques sont donc inutiles.

Ses yeux changèrent de couleur, passant du noir à l'écarlate, luisant dans la pénombre. Il me sourit et la seconde d'après ses crocs percèrent ma chair. Une douleur fulgurante traversa tout mon être. Je criai. Si douloureux ! Malgré mes innombrables expériences, je n'avais jamais senti une brûlure pareille. L'impression que des aiguilles rougies par les flammes se plantaient dans ma peau. Je me débattis de toutes mes forces. Mes doigts agrippèrent ses manches du mieux qu'elles purent. Le vampire était beaucoup trop puissant pour moi. Je n'étais qu'un pantin entre ses mains. Je continuai de le supplier silencieusement, pitié-pitié-pitié, mais en vain. Ma voix se cassa. Suis-je en train de mourir ? Peut-être était-ce le cas, car ma vision se voila. Un de mes sens était néanmoins bel et bien présent. Le bruit affreux de sa déglutition me parvenait. Il ne s'écoulait pas une seconde entre chaque gorgée. Un monstre constamment assoiffé, me vidant de mon sang, de mon énergie. Voilà ce qu'il était.

A-t-il décidé d'en finir une bonne fois pour toutes ?

Mes dernières forces m'abandonnèrent. Mes jambes ne me soutinrent plus et je me sentis défaillir. J'avais la nausée. Je voulais mourir. Par pitié, faites qu'il me tue cette fois. Je ne souhaitais pas retourner dans cette chambre, c'en était assez.

Tout d'un coup, mes genoux, puis mes joues heurtèrent le sol en bois. Je ne m'étais pas rendu compte que je tombais. Le sol était froid. Je ne voyais ni ne ressentais plus rien.

C'est enfin fini ?