Chapitre 2 : Kellan

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Tapi dans l'ombre, j'observais de très près le vampire aux cheveux noirs dans sa forgerie. Les murs de pierres et les poutres de bois étaient typiques de ce genre de bâtiment. L'atelier plutôt petit comptait beaucoup d'instruments : quelques pioches, maillets, masses et chaînes y étaient accrochés, et, au centre, un brasier avec des pinces encore chaudes.

En pleine fabrication de ce qui semblait être une épée, le bruit de son marteau frappant l'enclume suffit à effacer le bruit de mes pas. Le vampire, dos à moi et près du feu, ne me remarqua pas. Approchant de plus en plus de ma victime, je saisis ma dague consciencieusement harnachée à ma cuisse gauche, et, ni une ni deux, m'élançai vers lui. Au même moment, son visage pivota dans ma direction et il me fit face. Il parvint à éviter mon coup, s'arma de son épée encore fumante et tenta de m'atteindre d'un coup sec, sans succès. Il en eut l'air très contrarié et sembla m'analyser pour tenter d'anticiper mon prochain coup. Quel genre de monstre ayant commis des atrocités pareilles est capable de la moindre réflexion, me dis-je à moi-même. S'en suivit un véritable duel acharné. Nous nous tournions autour, comme deux lutteurs, nous poursuivant ensuite un peu partout dans l'atelier pour réussir à avoir le dessus sur l'autre. Le vampire, perdant patience, me demanda alors :

— Mais t'es qui toi, bordel ?!

Ça, tu n'auras pas le temps de le découvrir mon vieux, voulus-je dire.

Il ne me demanda pas ce que j'avais contre lui, la preuve qu'il n'était pas innocent. Seuls les coupables ne se donnaient pas la peine de chercher à savoir le pourquoi du comment.

En voulant lever son épée, il fit l'erreur de la coincer dans l'amas de chaînes accrochées à la poutre. Je saisis ma chance et plantai ma dague en plein dans sa poitrine, directement dans le seul cœur que ne possèderont jamais ces monstres. J'enfonçai l'entièreté de ma lame, jusqu'à ce qu'elle le transperce de part en part et que mon poing touche sa cage thoracique, secouée par le rythme erratique de sa respiration devenue difficile. Un craquement se fit entendre. Il ne cria pas, mais la souffrance se lisait sur son visage.

Tant mieux.

— Tu n'aurais jamais dû t'en prendre à eux. Mais ne t'inquiète pas, tu ne seras bientôt plus seul. Ton seigneur te rejoindra bien assez tôt. Tu vas crever espèce de monstre, mais pas avant d'avoir souffert un maximum. Sens ma lame te perforer, te vider de tout ton sang...

Mes pupilles ne quittèrent pas les siennes. J'adorais voir ces vampires s'éteindre devant moi. Sentir leur dernier souffle. Voir leur essence de vie couler. Arracher de ce monde une vie telle que la sienne ne me procurait pas la sensation de faire le mal, bien au contraire. Je nous rendais tous service.

Certaines vies existaient pour ressentir une longue et profonde agonie, d'autres pour pouvoir la répandre. Ne vous méprenez pas. Je ne suis pas un héros, car les héros n'existent pas. Ce sont des chimères inventées par des personnes cherchant à justifier leurs actes, aussi atroces et inhumains sont-ils.

Je retirai ma lame en la tournant le plus lentement possible pour prolonger son agonie. Son sang gicla sur mon visage, heureusement couvert. Je ne pouvais pas me permettre de le révéler. J'étais recherché partout dans le royaume, et pour l'instant, ils ne le connaissaient pas.

Son corps tomba lourdement sur le sol.

Il me fallait à présent m'en débarrasser avant que quiconque ne le remarque. Les rues presque désertes, je pris un chariot à l'arrière de la forge et y mis son corps. Je me rendis ensuite dans les conduits en dessous de la ville pour l'y cacher.

My dearest enemy - Tome 1 [AUTO ÉDITION]Where stories live. Discover now