Chapitre 19

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Assit au coin du feu, les hommes de William s'enjaillaient en discutant. Ils vivaient comme si tout ceci n'était pas problématique.

Le prince se tenait à l'écart, adossé à un arbre en regardant ses hommes s'amuser. Il continuait de trier ses informations, de ressasser les paroles de Verzène. Il était clair que ses mots cachaient un message caché, il ne parvenait pas à le déchiffrer.

Du moins, il ne se le permettait pas. La réalité de ses suppositions étaient inimaginables pour lui, si elles venaient à être réelles, cette trahison le briserait :

« Vous m'avez bien songeur mon prince.

-Je suis songeur. »

Atlas hoqueta, il vint se caler de l'autre côté de l'arbre. Il regardait lui aussi ses hommes discuter avec une ambiance joviale. Il était agréable d'être moins de vingt de temps à autres. Ils retrouvaient là l'ambiance de leur première mission ensemble. Avant d'avoir à charge des milliers d'hommes.

C'était avec cette troupe que William avait pu se faire respecter par toute l'armée royale, c'était avec eux qu'il avait fait ses premiers pas hors du palais.

Tant de souvenir était chargé dans ce groupe d'une dizaine d'hommes. Certains manquaient pourtant à l'appel. Bow n'était plu, Phanon et Karl étaient dieu ne sait où.

En songeant à Karl, son regard dérive vers Atlas :

« Vous pensez que Karl va bien ?

-Oui, il n'y a pas de raison. »

Cette coïncidence fit sourire William. Des dons de médium lui venaient-ils ? Cela serait bien utile d'en avoir :

« Vous avez des idées sur les raisons qui poussent votre frère à vous faire rentrer ?

-Il doit penser que je suis fébrile à cause de ma volonté à faire une alliance. Je n'aurais cas le convaincre que je peux mener cette guerre.

-Même si c'est perdu d'avance... Vous perdrez votre honneur. »

Son honneur... Ce mot le fit rire, un honneur qu'il n'avait plus depuis des années maintenant. Un honneur dont beaucoup en ignorait son absence.

Atlas en faisait partie, il ne savait absolument rien tout cela. Il ne savait pas que son prince avait perdu tout honneur depuis quelques années :

« Même si Karl ne vous apprécie pas beaucoup, il vous respecte et vous honore.

-Pourquoi ramenez cette discussion à ton amant ?

-Pour que vous songiez à le retrouver vous aussi. Je m'inquiète, mes entrailles se tordent dans tous les sens à cause d'un mauvais pressentiment. »

Le silence reprit. William réalisa au combien Atlas était tombé amoureux de son sous-capitaine. Lui qui appréhendait leur relation en vue de leur statut sociaux. Il semblait n'en avoir rien à faire aujourd'hui.

Rien qu'à travers ses traits crispés, William sentait toute son inquiétude, tout son stress :

« Il doit être au palais, comme il fait partie de mes fidèles, Guillaume a dû le garder auprès de lui. Surtout lorsqu'il sait au combien Karl lui est dévoué. »

Atlas redressa son regard, souriant et reprenant quelque peu espoir.

Mais tout s'éteint rapidement, son air redevient sérieux, comme s'il venait d'avoir une révélation. Karl n'était plus aussi fidèle à Guillaume qu'avant son départ, il avait eu cette échange il n'y avait de cela que quelques nuits. Karl lui avait avoué sans crainte de trahison qu'il se détournait des opinions de son père. Qu'il désirait jurer fidélité à William, comme Atlas avait pu le faire.

Si son amant avait pris cette décision, si cette entrevue avec le roi n'était qu'un piège, Karl pourrait être mort à l'heure qu'il est. Cette simple hypothèse fit frémir de terreur Atlas. Ses pensées évoluèrent dans un tourment négatif. Il n'imaginait plus que le mauvais côté, comme si c'était cette boule au ventre l'obligeait à ressentir ça :

« Et si... Ton frère t'avait convoqué pour appliquer ses plans.

-Quel plan ? interrogea curieusement William, les sourcils froncés

-Vous savez, les rumeurs. Et si tout était vrai ? Votre Altesse, allons simplement récupérer nos hommes et partons. Je ne sens rien qui vaille dans toute cette histoire. »

La mâchoire de William se contracta, ses dents grincèrent. Il toisa froidement son capitaine. Son expression paraissait exagéré face à la situation, pourtant c'était la marque de sa frustration, mélangée à une colère sourde :

« Mon frère ne ferait jamais une telle chose ! Arrêtez tous avec vos suppositions, vous m'agacez fortement. »

Atlas n'ajouta rien, déviant son regard vers l'arbre à côté de lui. Il prit la décision de garder ses songes pour lui. Le roux n'était pas apte au débat.

William se redressa et s'avança. Il désirait aller chercher du réconfort auprès du feu, rejoindre ses hommes. Il s'arrêta à mi-chemin, sa tête bouillonnant. Les doutes le rongeaient, il ne parvint pas à les effacer comme il le faisait si bien ces dernières semaines.

Voyant William perdu, Atlas soupira :

« Non, vous avez raison, il ne ferait pas une telle chose. Sinon cela signifierait que Laurent serait le prochain parce qu'il cherchera à vous venger. Cela attirerait trop l'attention. »

Laurent.

L'image de son frère cadet surgit dans son esprit. Au milieu de la tempête, son petit frère souriait joyeusement.

Laurent...

William s'apaisa, il allait retrouver son petit protégé, son trésor et sa raison de vivre depuis le décès de sa mère :

« Je pense que... La seule chose qui pourrait me faire vriller serait que Laurent soit en danger.

-Je le sais.

-Personne n'oserait lui faire du mal, je le sais car Guillaume pense comme moi au sujet de notre frère cadet. »

Atlas en était moins sûr. Il avait été témoin de la perte de contrôle, de la folie liée à la puissance. Pour certains hommes, la puissance et le pouvoir engendraient beaucoup de sacrifice vain.

Atlas ne cessa pas de se demander si aux yeux de Guillaume, ses frères ne seraient pas un sacrifice pour atteindre son pouvoir ultime. Après tout, il était décrit comme un roi avide de pouvoir. Les nobles n'obtenaient que ce que Guillaume désirait leur donner, jamais rien de plus. Les réunions n'avaient ni queue, ni tête tant bien que le roi lui-même n'y accordait aucune importance, comme si les conseillers ne représentaient rien.

La guerre en était qu'une démonstration. Guillaume parvenait à faire comme bon lui semblait. Malgré les préventions de ses conseillers, il avait envoyé son frère au combat, à sa place. Il était prêt à sacrifier des milliers de vie, prêt à perdre pour son pouvoir.

William ne parvenait pas à percevoir tout cela. Il se forçait à réprimer ses pensées, espérant que son frère aîné qui l'avait élevé soit resté identique. Que cette frénésie soit temporaire.

Le capitaine garda précieusement pour lui ses pensées, s'approchant pour venir tapoter chaleureusement le dos de son prince :

« Allons-nous détendre avec eux autour du feu. Nous reparlerons de tout cela plus tard. »

William acquiesça, ils rejoignirent rapidement leur troupe autour de ce feu. Un feu réconfortant et qui réchauffait comme les rayons du soleil.

Les discussions s'animèrent à leur arrivé, ils furent rapidement introduit et ils se permettaient de mettre de côté durant quelques heures tous les doutes, tous les songes. Ils profitaient juste de l'instant présent. Riant aux éclats autour de ce feu de camp. 

Princes de Guerre - Tome 1 : Le début d'une guerre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant