"Il" était la

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Dans les ruines de la veille Damas, affaiblie par la pluie d’hiver incessante, les bâtiments s'écroulaient au rythme des pas de Merilla.
"-Le borgne! Tu ne casses pas de maisons toi?"
"-C'est tout un art, la souplesse."
Les variants qui l'accompagnaient partaient au fur et à mesure d'une fragrance d'outre-tombe, les débris de maisons cubiques, à la flamme de la torche de Djibril, s'éclairaient de sang noirci, débordant sur la route jusqu'au puits.

"-On arrive quand ?" disait-elle en posant ses mains sur ses cuisses.
"-Le mausolée, le voilà vieille amie."

Criait Djibril à plein poumons, étouffé par la mer vaporeuse du substrat d'eau dans l'air.
"-Ouvre le."
"-Je suis de nature fine, et toi barbare, merci."
Elle tombait les épaules de dépit, elle, une barbare? C'était plus drôle qu'un homme mort.

Elle levait le parpaing de pierre, le bloc de la trappe froissait le dos de la jeune femme de courbatures. En une spirale désenchantée, se mêlant au monde, la poussière de dix centenaires pavane de suie à l'odeur de sang, la pierre était en fait une tombe couchée.

À chaque pas, ils soulevaient de la saleté en masse collante qui tombait sur la prochaine, la brune cognait de ses sandales sur les marches mais l'agrégat lui remontait les narines et l'étranglait.

Djibril frappait de l'arête de sa main dans son diaphragme, elle toussait pour 74 ans de tabac fumé.

"-N'oublie pas de fermer la bouche ce serait dommage." disait-il en touchant son crâne chauve.
"-Il n'y a rien qui m'empêche de te tuer." Elle lui passait devant, lui bloquant la route d'un air vengeur.
"-En un coup, je ferais pleurer tes organes de liquides que tu ne veux pas voir sortir."
"-Alors explique, pourquoi tu n'es pas devenu champion, on était côte à côte pour le titre, et pourtant." Se moquait-elle en marchant à reculons.
L'homme détournait le regard vers le mur effrité.

"-L'ancien roi était meilleur, meilleur gouverneur, meilleur humaniste."
"-Encore cette relique d'histoire? Comme quoi les variants ont été créés par Abel pour l'aider? Moi j'exécute sans questionner." Haussait-elle les épaules désespérée.
"-Et le système fait bien avec des gens comme toi."
"-Comment a-t-il fait? Si c'est si important."
Ils jonchaient le sol d'une salle, brisant des os, des signes d'anciens cultes sur les murs.

Un loup aux longues griffes, dépassant un homme d'en dessus, ou bien un fantôme en sanglots s'échappant d'un cercle.

"-Pas jolie ces gribouillages."
"-Cesse voilà Caïn." Les séismes dans sa voix, troublaient son calme de façade qui se transmettait à son doigt en frénésie devant la tombe de Caïn.
De prime abord rien de spécial à édulcorer, le cercueil était une pierre de 2 mètres, taillée dans l'argile le plus simple et sans aucune raffinerie. Mais sur lui, au milieu, une sculpture en demi-cercle y trônait et le dessin de fantôme sur le mur d'en face y faisait référence, déconcertant.

Huuu.. Hii.

Une sorte de rire paraissait, Bizarre se disait Merilla, elle pensait que le drogué de 2 mètres qu'elle avait croisé du coin de l'œil était déjà mort.

"-Salut les débiles." Gueulait bêtement le géant, sa boule de poils, une crinière, le dérangeait de sa touffe écarlate.

Merilla préparait la garde, Djibril sortait une rapière de son fourreau, taguée d'incantation noire indélébile.

"-Es-tu là sous ordre de la Griffe Bleue, émissaire Hélios ?" Lâchait-il en fermant l'iris invalide, tournant son épée pour l'attaque de mouvement qui se répétait de plus en plus crispé.

"-Ça vous regarde, haha." Riait Hélios brièvement.
"-Il était là, oui, il est juste passé pour dire coucou à sa fille." Un impact dans la mâchoire le faisait taper le sol et Merilla gesticulait, montrant la sortie de ses deux mains.
"-Allons !"
"-À deux nous ne sommes pas assez forts."
"-Et si elle le découvre ? Elle se retournera contre nous, imbécile, elle peut déjà tuer des soldats sans entraînement." Le ton ne faisait que monter alors Merilla avait décidé de s'en aller.

"-Dis bonjour à Lyonnel de ma part." Djibril jouait de ses doigts boudinés et cicatrisés, il les pianotait pour dire, au revoir.
Merilla se tournait vers le bas des escaliers mais s'en allait, attristée.
"-Maintenant à nous, le prêtre."
"-Viens, le Lion."

Elle arpentait la brume par les vents et les marais, les gouttes perlaient sur son front, de sueur et de pluie, sa vision à peine focalisée sur son objectif, son entraînement ne valait rien au final, car quand on rencontre son ennemi, il vaut mieux se tapir parmi le bruissement des feuilles.

Elle arpentait la brume par les vents et les marais, les gouttes perlaient sur son front, de sueur et de pluie, sa vision à peine focalisée sur son objectif, son entraînement ne valait rien au final, car quand on rencontre son ennemi, il vaut mieu...

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Lyra : L'ombre SauvageOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz