Insurrection- Elémental Tome 2

Chapitre 7-2

Ils s'affairaient, totalement inconscients de notre présence. Les quelques affaires restées dans le coffre, gisaient à présent éparpillées sur le sol de la forêt. Un tee-shirt pendouillant même à la branche basse d'un arbuste. Le regard affolé de Leah suivait les gestes rageurs et agressifs des deux hommes en train de dépouiller le revêtement intérieur du coffre.

— Pourquoi ils font ça ? me murmura-t-elle à l'oreille. Qu'est-ce qu'ils cherchent ?

— Il n'y a rien, mon colonel, nous parvint soudain la voix de l'un des militaires se tenant près du coffre. Aucune arme, aucun micro, rien à part quelques vieilles fringues.

— Qui suffisent à nous prouver que c'est bien leur voiture. Il n'y a que des métamorphes pour trimbaler ce genre de nippes dans leur coffre, répondit l'homme qui se tenait en retrait.

— Excusez-moi, mon colonel, mais qu'est-ce qui vous fait croire que ce sont nécessairement des métamorphes ? demanda le seul homme qui ne participait pas à la fouille en règle de la voiture.

Toute activité et tout bruit cessèrent instantanément, la question restant suspendu dans l'air comme un mirage. Le colonel fixa son sous-fifre de longues secondes sans dire un mot, attendant que ce dernier baisse les yeux le premier.

— Soldat... Johnson, commença-t-il d'une voix trainante. Je ne tolérerais pas cet attitude. Encore une remarque déplacé de ce type et c'est le conseil de discipline, suis-je assez clair ?

Le soldat, qui regardait à présent le sol, les mains croisées derrière le dos, redressa la tête.

— Limpide, mon général, répondit-il d'un ton légèrement moqueur et avec un temps de retard.

Ce dernier ne releva pas mais ses poings se crispèrent et un rictus nerveux étira ses lèvres pincées.

— Vous avez fait une recherche des plaques, comme je vous l'ai ordonné ?! aboya-t-il à l'intention d'un des autres militaire qui sursauta et se mit immédiatement au garde-à-vous.

— Oui, mon général, rien à signaler. Elles sont au nom d'un certain Grant Fisher, casier vierge, marié, un enfant.

—Et ça vous suffit bande de décérébrés ?! C'est une fausse identité, creusez un peu plus ! s'égosilla-t-il. Johnson, allez-y, ça vous occupera !

Le soldat obéit sans se presser, augmentant la colère du colonel, dont le teint commençait à virer au rouge. Il y avait de la dissension dans les rangs, pensai-je en me demandant à quoi pouvais bien lui servir cette provocation.

— Plus vite que ça, soldat ! gueula le gradé, visiblement à bout de nerfs.

Enfin arrivé à la jeep, il ouvrit la portière arrière et se hissa sur le siège de gauche, équipée d'un ordinateur portable sanglé sur une tablette, sur lequel il se mit à taper sans grand entrain. Le véhicule étant stationné à mi-chemin entre notre grotte et la voiture, nous nous reculâmes lentement à l'intérieur du tunnel. Même s'il y avait peu de chance qu'il nous entende ou nous aperçoive, mieux valait jouer la prudence.

Une fois, à l'abris des regards j'aidai Leah, qui tremblait de tous ses membres, à s'assoir le dos appuyé à la paroi friable du tunnel. Puis je l'imitai, invitant les autres à en faire autant. Les bras croisées autour de son torse elle tentait de conserver le peu de chaleur que lui apportait mon pull, ses autres vêtements déchirés ne la protégeant pas de l'air frais de la grotte, ni de la fatigue qui lui pompait toute son énergie.

— Tiens, mets ça sur tes jambes, ça va te réchauffer, dit Felton en lui tendant sa veste quelques secondes plus tard.

— Merci, répondit-elle d'un ton hésitant en attrapant maladroitement le vêtement des mains du jeune homme.