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C H A P I T R E   1 1

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Too Little Too Late - JoJo


N O V E M B R E   2 0 2 0


Je m'extirpe de mon lit avec lenteur, mon esprit et mon corps encore fatigués de toute cette avalanche de pensées et d'émotions. La lumière du matin filtre à travers les rideaux. Mon téléphone repose à présent sur la table de chevet, et je me refuse d'y jeter rien qu'un œil. Depuis que le message de Pierre est apparu sur mon écran, je suis au bord de l'implosion. Est-ce que je dois lui répondre ? Est-ce que je dois l'ignorer ? J'ai envie de me prendre la tête entre les mains et d'hurler tant mes actes n'ont aucun sens. Je suis une putain d'imbécile. Le message était prévisible, je le savais. Quand on s'est séparé Pierre et moi, j'ai bloqué son numéro et l'ai supprimé de tous les réseaux. Il n'avait donc pas d'autres options pour entrer en contact avec moi, d'où tout ceci.

Je descends les escaliers qui mènent à la pièce principale, où je trouve Mia et Noé déjà installés devant la télévision. Ils sont absorbés par ce qui se passe à l'écran, mais je ne prête pas attention à ce qu'ils regardent.

— « Salut, les tocards. », dis-je d'un ton léger en passant à côté d'eux en direction de la cuisine ouverte qui fait dos au canapé.

Noé me lance un sourire complice.

— « Pas trop tôt ma grande, on a cru que t'allais jamais te lever. »

Je lui adresse un sourire en retour, mais sur mon passage mon attention est attirée par la télévision. C'est alors que je remarque des voitures de course en train de s'affronter sur un circuit.

— « Qu'est-ce que vous regardez ? », je demande en me penchant légèrement pour mieux voir l'écran.

Mia me répond en mâchouillant d'un ton désinvolte.

— « Oh ça ? C'est le GP de Turquie. Y'avais que ça à la télé. »

Noé, les yeux brillants d'une excitation sincère ajoutent :

— « Ouais, et attends de voir mon homme faire des merveilles sur la piste. »

Je sens un mélange de confusion et de colère monter en moi. Ils ont osé ? Je serre la mâchoire pour ne pas leur donner la satisfaction d'une réaction à leur provocation puérile et attrape brusquement un bol dans le placard pour me décharger de cette énergie négative. Malgré mes demandes répétées pour qu'ils me foutent la paix avec cette histoire, ils ne semblent pas encore prêts à lâcher le morceau. Ma tête se secoue d'agacement alors que je verse mes céréales. Ils sont insupportables. Jamais de leurs vies je ne les ai entendus parler ne serait-ce que de moteur et les voilà en supporter aguerris devant leur télévision. Je me félicite d'avoir gardé secret le fait que j'ai accepté la demande de Pierre. Ils ne méritent pas la nouvelle.

Je continue à tenter de m'afférer en cuisine quand soudain les présentateurs font un commentaire sur Pierre et sa victoire à Monza enflant instantanément mon cœur de fierté. J'essaie de me reprendre et d'ignorer les commentaires flatteur sur celui que j'ai un jour aimé de tout mon cœur et fourre la cuillère dans mon petit-déjeuner. Les voitures continuent de rugir tour après tour en fond sonore pendant que je lutte pour ne pas lever les yeux vers l'écran. Je suis prise de l'envie de savoir : Quelle est sa position ? Comment s'en sort-il ? Je tente de me reconcentrer une nouvelle fois sur les derniers chocopops qui flottent passivement au milieu du lait et me rends à l'évidence. Je veux simplement voir son visage, même à travers ce foutu casque. Je lève enfin les yeux, vaincue, et me retrouve face à des images bien trop familières. Je capitule et ferme les yeux un instant me laissant aller au souvenir du fameux jour où je suis tombé amoureuse de lui.

May it never end... | Pierre GaslyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant