Chapitre 3

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La respiration de Lexa était moins superficielle, plus profonde alors qu'elle attendait la réponse de celle qu'elle tenait en joue. L'adrénaline inondait toujours ses veines, l'empêchant de ressentir la moitié de la douleur due à la balle qui l'avait touchée. Son doigt posé sur la détente était sûr. Aucun tremblement ni aucune trace de transpiration ne gênait l'action qu'elle était prête à faire.

J'ai envie de te croire. Alors tu vas gentiment me dire ton nom. On sait déjà toutes les deux que tu es lieutenant-colonel grâce à la fleur de chêne noir qui surplombe le nom inscrit sur ta poitrine. Ta tenue de combat prouve que tu es de l'Armée de Terre. Maintenant tu vas simplement me dire qui tu es lieutenant-colonel C. Griffin, songea la jeune femme en regardant sans ciller celle à qui elle ne faisait pas encore confiance.

— Lieutenant-colonel Clarke Griffin. Armée de Terre des États-Unis d'Amérique.

— Très bien Clarke. Maintenant vous allez me dire ce que vous faites là et ce qui vient de se passer.

— Nous n'avons pas gardé les cochons ensemble, Capitaine Wood, et vous me devez un minimum de respect. Compris ? répondit son interlocutrice à la limite de l'agressivité.

— Reçu Clarke. Répondez à ma pu... naise de question, se reprit la jeune femme à temps, consciente de la présence d'oreilles indiscrètes et encore jeunes qui suivaient toute la conversation.

— Vous plaisantez, là. Cet enfant a été pris pour cible par des hommes armés. Il a vu une section entière se faire tuer. Vous braquez une arme sur ma tempe alors que je vous ai sauvés. Et vous vous reprenez pour un simple gros mot. Vous sortez d'où ? interrogea le lieutenant-colonel d'une voix froide comme si elle énonçait de simples faits.

De chez les sœurs, crétine ! Quinze ans d'éducation catholique ça laisse des traces ! s'énerva intérieurement la militaire.

Lexa eut l'impression de voir une ébauche de sourire naître sur les lèvres de la conductrice du Hummer, mais l'expression disparut aussi vite qu'elle était apparue. Sans avoir l'air de se soucier de l'arme braquée sur sa tempe, la militaire s'empara d'une bouteille d'eau posée à sa gauche et descendit la moitié de son contenu en quelques gorgées.

— Répondez... Madame ! lança à nouveau Lexa, plus poliment cette fois-ci.

— Nous avons identifié la présence d'une taupe au sein du service de renseignements. Des informations classées « Secret Défense » ont été récupérées. Parmi celles-ci, toutes les modalités de votre mission. J'ai été envoyée parce que mes supérieurs avaient confiance en moi. Et je suis visiblement arrivée juste à temps pour vous sauver la vie.

— Pourquoi ne pas avoir envoyé une unité entière ? Pourquoi une personne seule ? Pourquoi un lieutenant-colonel ? Pourquoi...

— Stop ! l'arrêta soudain le lieutenant-colonel Griffin en levant une main après avoir reposé sa bouteille.

— Je n'ai pas toutes les réponses aux questions que vous vous posez. J'ai reçu un appel d'un général avec qui j'ai travaillé. Il m'a dit de me rendre sur les lieux. J'étais seule, je disposais de trop peu de temps pour prévenir mon unité.

Lexa se tut, réfléchissant à la possibilité de croire cette inconnue et de lui faire confiance. Elle était seule. Les hommes avec qui elle avait partagé les cinq dernières années étaient morts. Son chef était mort. Elle ignorait si joindre ses supérieurs était une bonne idée étant donné que leur mission et leur position avaient été compromises. Elle doutait de tout et de tout le monde. Alors, croire cette étrangère... Il s'agissait certainement de la pire idée qui soit. Pourtant, son instinct lui criait qu'elle pouvait baisser sa garde. Qu'elle pouvait faire confiance à cette femme.

Réfléchis Lexa. Tu ne connais pas cette femme, mais pour l'instant le gosse et toi êtes en vie. C'est déjà un bon point. Tu es blessée. Dans quelques heures voire quelques minutes, l'adrénaline va diminuer et la douleur va devenir insupportable. Il faut regarder ça. Il faut se poser. Dans un point de ralliement sécurisé. Un lieu proche où vous serez à l'abri. Utiliser l'ordinateur est trop dangereux, mais tu as les cartes topographiques de la région. Trouve un putain de refuge ! songea la jeune femme faisant fonctionner son cerveau à plein régime.

Elle en était là de ses réflexions quand le lieutenant-colonel Griffin récupéra à nouveau la bouteille entamée à ses côtés et la vida d'une traite. Une fois réhydratée, elle se tourna vers Lexa.

— Si vous baissiez votre arme, vous pourriez récupérer les cartes topographiques qui doivent se trouver dans votre sac. Vous seriez ainsi capable de nous guider vers le refuge le plus proche. Vous êtes blessée et nous devons trouver un moyen de nous rendre à Black Rock Desert dans le Nevada.

— Pourquoi voulez-vous aller à Black Rock ? Qu'est-ce qu'il y a là-bas ? demanda Lexa, intriguée en réalisant que son interlocutrice avait été plus rapide qu'elle en terme d'analyse de situation.

— À votre avis ? Des personnes en qui j'ai confiance. Nous serons en sécurité et nous pourrons réfléchir...

— Vous êtes bizarre vous aussi, l'interrompit soudain l'enfant en se penchant et en passant sa tête entre les deux sièges avant.

Surprise par l'intervention du garçonnet, Lexa réalisa que conserver son arme braquée sur la tempe de celle qui les avait sauvés et qui conduisait n'était peut-être pas l'idée du siècle. Elle réenclencha la sécurité de son pistolet et rangea ce dernier dans son étui, sur sa cuisse droite. Le mouvement déclencha une importante décharge électrique qui partit de sa hanche pour terminer au niveau de ses orteils. Elle descendit à une vitesse folle le long de sa jambe et la militaire ne put retenir une grimace de douleur.

Putain de merde ça fait mal ! songea-t-elle en se crispant sur son siège.

— Tu as mal Lexa, il faut te soigner. Je veux pas que t'aies mal, déclara Aden en l'observant attentivement, visiblement très concerné. Tu penses trop fort, mais j'aime ça. Je te fais confiance.

Il se tourna alors vers celle qui se trouvait derrière le volant et s'exclama d'un ton agressif.

— Toi je t'aime pas. Tu dis pas tout ce que tu sais et j'entends rien. Je te fais pas confiance.

— Tu n'as pourtant pas le choix Aden. Je suis la mieux placée pour te protéger.

— Comment vous connaissez son nom ? réagit alors Lexa en récupérant rapidement son arme dans son holster et en la braquant à nouveau sur la tempe du lieutenant-colonel Griffin. Arrêtez cette voiture ! hurla-t-elle alors sans plus de cérémonie.

Venue de loin - ClexaWhere stories live. Discover now