CHAPITRE 7 : Sur les quais de la Seine, un soir à minuit

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Matthis

Mardi 01 août 2023, 09h12

La moitié de cette semaine avec Maxime était incroyable. C'était tellement bon de pouvoir se retrouver seulement tous les deux, dans notre bulle, sans rien ni personne pour venir nous déranger. Pas même Sidjil. Je sais qu'il a envoyé plusieurs messages à Maxime, mais celui-ci n'a pas véritablement daigné lui répondre ses habituels pavés plus longs que mon espérance de vie après une cuite un samedi soir un peu trop sombre et désespérant. Oui, c'est du vécu. On se demande bien à cause de qui, d'ailleurs. Je crois que j'ai préféré la journée d'hier au-dessus de toutes les autres. C'était si doux. Au départ, on n'avait pas envie de faire grand chose, et on voulait juste rester à discuter chez moi à ma fenêtre. Mais je me rappelle avoir eu une illumination de génie en voyant des vélos passer, et j'ai de suite proposé à Maxime d'aller en faire. Et c'est comme ça qu'on s'est retrouvés un lundi après-midi à 15h30 à faire la course aux Tuileries. Très mature et intelligent, je sais. J'ai encore le souvenir bien frais du moment où Maxime s'est pris une racine sortie de nulle part et s'est éclaté sur le sol dans un concert d'insultes et de cris. J'en rigolerais presque, mais je vais peut-être éviter, il vient de passer la porte du salon.

— Pourquoi tu souris comme si t'avais vu la vierge au milieu de ton salon, mon reuf ? me demande-t-il en se rapprochant, un air mi-intrigué, mi-amusé sur le visage.

Bon, cramé. Tant pis. Allez, je me rends.

J'ai repensé à ta chute d'hier, je dis, en pouffant légèrement.

Il prend un air faussement indigné.

— Alors, déjà c'est pas drôle, j'ai encore mal à la cheville avec tes plans à la con là ! répond-il, s'asseyant lourdement à côté de moi.

— EH ! Je te permets pas de dire ça ! Tu veux que j'te rappelle qui c'est qui a voulu faire la course ? il ne répond rien. Ah bah voilà, tu sais la fermer quand tu veux, donc t'arrêtes de te plaindre maintenant ! je m'écrie, un sourire victorieux.

Il me fait une grimace, puis, naturellement, vient poser sa tête sur mes cuisses. Les battements de mon cœur s'accélèrent follement. Avec un sourire qui ne me quitte plus, mes mains font des allers-retours dans ses cheveux. Je repense à ce matin, quand je me suis réveillé avec un Maxime agrippé à moi comme une moule à son rocher. J'ai même pas osé sourciller. Bon au moins, j'en ai profité pour pouvoir l'observer plus en détail. Ses yeux qui se ferment au rythme de mes caresses, son petit sourire en coin, ses lèvres roses qui ressortent sur sa peau laiteuse. J'aurais pu rester des heures comme ça, sans rien faire. Je faisais des allers-retours du bout des doigts sur son bras, qui était enroulé autour de ma taille. Je sais pas ce qui lui a pris, mais quand il s'est réveillé, il m'a embrassé la joue avant de me demander si j'avais bien dormi. J'ai mis au moins dix secondes avant d'être capable d'aligner trois mots. La main de Maxime me ramène au moment présent. Il entrelace ses doigts aux miens. Je maîtrise du mieux que je peux ma respiration. Alors, sans prévenir, une idée de génie fait surface dans mon esprit. Puis je relativise en me disant que c'est peut-être pas si brillant que ça. Mais finalement, je me dis que j'ai pas grand chose à perdre.

— Dis Maxou, ça te dit d'aller marcher un peu en bord de Seine ce soir ? je demande, un peu hésitant.

Maxime semble hésiter. Pui son regard croise le mien, et il me sourit. C'est gagné.

D'accord. C'est fou comment je peux rien te refuser. C'est une dinguerie.

— C'est parce tu m'aimes trop, c'est pour ça.

L'enfer c'est les autres [Ships YTB aléatoires ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant