Echoes of a Shattered Honor

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La laissant désespérée dans le silencieux sanctuaire de ses chagrins, Hiroto emboîta le pas vers l'aile administrative où devait se trouver le conseiller du roi. Sa démarche était rapide et assurée, mais son esprit était un tumulte de pensées conflictuelles. L'infime faille dans son armure psychique laissée par la confrontation avec Kiyomi venait de se refermer durement, ne laissant de place qu'à la rigidité de ses principes.

Tel un gardien de ses propres convictions, il refusa d'admettre un instant de faiblesse causé par l'amertume de Kiyomi, dont la détresse résonnait encore malgré lui en un écho sourd dans les méandres de sa conscience. La conviction qu'un guerrier se doit d'être inébranlable l'emportait sur l'humanité latente s'agitant sous sa poitrine.

Arrivé devant le bureau du conseiller, il ne prit pas la peine d'annoncer sa présence. Le respect des convenances et des hiérarchies semblait s'être volatilisé, probablement balayé par les remous émotionnels qu'il tentait de réprimer. D'une main ferme, il ouvrit la porte sans coup férir et pénétra dans la pièce.

La scène qui s'offrit à lui, déjoua toutes ses attentes. Au lieu d'un conseiller plongé dans l'étude de documents capitaux ou occupé à tracer les barbes subtiles de stratégies sur une carte aux multiples frontières, là, devant ses yeux, se tenaient le conseiller et la prisonnière coréenne en une proximité qui lui parut inopportune, voire compromettante.

Le conseiller du roi, homme de tact et de diplomatie, offrit un instant d'hésitation dans son regard, comme s'il se retrouvait soudain pris dans le faisceau d'une vérité qu'il n'eut jamais souhaité partager. La prisonnière, quant à elle, demeurait aussi implacable que lorsque Hiroto l'avait aperçue pour la première fois, son aura de stoïcisme apparaissant maintenant étrangement contaminée par le trouble de la situation.

Un silence s'écoulait tandis que le samouraï tentait d'associer cette entorse protocolaire avec la rigueur qui avait toujours régi les murs de ce palais. La sensation d'une révélation indésirable tournait dans son esprit, menaçant de déstabiliser la structure même de ses croyances en ce qui concernait les ordres et les statuts.

"–Qu'est-ce que cela signifie ? s'étrangla-t-il finalement, sa voix trahissant une rare incertitude."

Le conseiller, reprenant ses esprits avec l'agilité coutumière qui faisait sa renommée, avança d'un pas altier vers Hiroto et, d'une voix teintée d'une assurance presque théâtrale, répondit avec une mine de circonstance :

"–Hiroto, ta prévenance t'honore, mais tu te méprends. L'assemblée que tu interromps n'était nul autre qu'un conseil urgent relatif à la sécurité de notre royaume. Mais, je l'assure, ta vigilance est dûment notée."

Avec une gracieuseté confondante, le conseiller avait déjà réorienté le courant de la conversation, laissant le guerrier désarmer dans un flot d'incertitudes invisibles, oscillant entre le devoir de remettre en question et celui de se soumettre à la hiérarchie souveraine.

Quant à la prisonnière, elle l'observait avec un détachement qui éclipsait toute trace des événements précédents, comme si sa rencontre avec le conseiller l'avait transformée, ou lui avait été révélée une pièce maîtresse du puzzle de sa propre survie.

Quelques minutes plus tôt, le conseiller du roi, un homme s'était avancé vers Soojin avec la démarche mesurée de ceux qui savent maîtriser l'art du discours autant que celui du silence. Il avait été chargé d'une mission délicate : convaincre la prisonnière coréenne que son séjour au palais se prolongerait indéfiniment, suivant les ordres du roi.

Cette dernière, dont la capture avait déjà provoqué un ouragan d'humiliation et de rage intérieure, se trouvait à cet instant précis dans les quartiers dédiés aux invités de marque, quoique sa qualité de "convive" fût plus imposée que volontaire.

L'Étreinte de l'ÉrableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant