Le Souffle des Cerisiers

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Le zénith approchait à grands pas, inondant l'espace d'une clarté éclatante, lorsque la coréenne franchit le seuil. Ses doigts effleurèrent le tissu soyeux du hanbok aux couleurs pastel, déposé avec soin, lors de son absence, sur le futon au centre de sa chambre. Son esprit se perdait dans la contemplation de ces étoffes raffinées qui offraient un contraste saisissant avec la toile grossière des vêtements des autres captifs. Assise au milieu de la pièce, elle scrutait le sol, se demandant pourquoi elle était traitée avec autant d'égards. La question tournoyait dans sa tête sans trouver de réponse.

Elle laissa son passé en Corée remonter à la surface, chaque souvenir s'enchaînant comme les perles d'un chapelet. Les images de sa terre natale, des montagnes embrumées aux rizières en terrasses, flottaient devant ses yeux tandis qu'elle revivait son voyage tumultueux à travers les mers. Ces pensées lui rappelaient l'enchaînement des événements qui l'avaient menée jusqu'à cette chambre étrangère au cœur du palais d'Edo.

Un rictus amer étreignit ses lèvres alors qu'une idée fugace et rebelle traversait son esprit : s'introduire dans les appartements du roi et trancher la gorge de l'homme responsable de sa situation actuelle. Mais cette pensée s'évapora aussitôt, elle chassa ces idées sombres. Avec une détermination renouvelée, elle glissa dans le hanbok bleu ciel et blanc, son esprit maintenant apaisé par la sensation du tissu enveloppant son corps.

Alors qu'elle ajustait les plis de sa robe, un coup discret frappa à la porte. Sur ses gardes, elle ne répondit pas, choisissant plutôt d'ouvrir silencieusement le panneau coulissant pour voir qui se tenait de l'autre côté. Elle se retrouva nez à nez avec homme.

L'imposante figure de Takeshi Sato se dessinait dans l'encadrement, la lumière projetant son ombre contre le mur de papier. Il était fidèle à la réputation qui le précédait : un homme d'une stature athlétique et respectueuse, dont les larges épaules semblables aux poutres de la charpente du palais inspiraient force et assurance. Ses cheveux noirs, courts et rebelles, s'harmonisaient avec la barbe naissante qui ornait son visage anguleux, mélange de sévérité et de distinction.

Son regard sombre et aiguisé, d'une rare intensité, témoignait d'une intelligence aigüe camouflée derrière un visage de marbre. Cependant, cette rigueur apparente contrastait avec l'aura de calme et de confiance qui émanait de lui, forçant l'admiration et la fidélité même chez ceux qui le craignaient.

"- Bonjour, comment vous sentez-vous ? Demanda-t-il d'une voix réconfortante. Je me nomme Takeshi Sato, je serai désormais votre garde personnel."

Son introduction était formelle, mais chaleureusement accompagné d'un fin sourire. Cependant, la jeune femme le scrutait avec méfiance. Son expérience lui dictait de ne pas accorder facilement sa confiance, surtout pas à ceux au service du souverain qui l'avait capturée.

"- Je n'ai besoin de la protection de personne, répliqua-t-elle, les yeux plantés dans ceux de Takeshi pour lui communiquer une fermeté inébranlable."

Il maintenait son regard, une lueur d'appréciation passant brièvement dans ses yeux.

"- Comme vous voudrez, mais il ne s'agit pas uniquement de votre protection. C'est également pour préserver l'ordre du palais, disait-il avec un léger geste de la main."

Sa présence ici était autant pour elle que pour ceux qui méconnaissaient les mystères que la vie tissait avec malice autour d'elle.

Comprenant que sa situation n'était pas celle d'une prisonnière ordinaire et peut-être, à la merci d'un jeu qu'elle ne comprenait pas encore totalement, la coréenne apprivoisait l'idée de cette proximité imposée. Elle acquiesçait d'un signe de tête, signifiant à son nouveau garde qu'elle acceptait, pour le moment, sa présence à ses côtés.

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⏰ Last updated: Apr 12 ⏰

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L'Étreinte de l'ÉrableWhere stories live. Discover now