Chapitre 24

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—Est-ce que je peux dormir ici ? demandais-je timidement à Octavia

—Oui bien-sûr ! répondit-elle, enjouée comme à son habitude

Je la remerciais silencieusement. Après tous ces événements, je ressentais le besoin de me sentir en sécurité.

La soirée me fit un bien fou. Mon amie prenait soin de moi. Elle m'avait fait une manucure parfaite pendant qu'un masque posait à la fois sur mon visage et sur mes cheveux. Elle me racontait des potins que j'écoutais avec intérêt. Cette fille était géniale. Rassurante, gentille, douce et amusante que demander de plus ? Elle possédait ce côté maternel que me faisait me sentir en sécurité. Je n'aurais su comment l'expliquer mais j'aimais cette relation "mère-fille" entre nous.
—Tu n'as jamais pensé à adopter un enfant comme Eugénie ?
Tout à coup elle se figea, sans que je comprenne ce qu'il se passait, des larmes naissaient à la base de ses yeux et elle se leva rapidement avant de partir dans la cuisine. Je pinçais mes lèvres, à mi-chemin entre l'incompréhension et la culpabilité. Sans même le savoir, j'avais dû faire une énorme boulette.
J'entendais des reniflements dans la cuisine. Sa tristesse était contagieuse. Je me levai à mon tour et sans un mot, je la suivais dans la cuisine. Mon amie se tourna vers moi, les yeux rouges et le nez mouillé. Cette vision me fit pleurer à mon tour et, sans poser de question, je la pris dans mes bras. À ce moment-là, je sentis le poids de sa peine sur mes épaules. Nous nous effondrions sur le sol, mélangeant nos émotions pour ne créer qu'une immense masse de malheur. Malgré la tristesse du moment, ses bras chauds qui m'enveloppait me firent du bien. Je ne savais pour qu'elle raison elle pleurait, mais j'espérais au fond de moi que ce câlin la libérerait, elle aussi, de son poids.
Adossée contre le plan de travail, Octavia sur mes jambes, je m'endormais.
—Je ne peux pas avoir d'enfant
Cette révélation me fit ouvrir les yeux.
—Pourquoi ça ? Demandais-je en caressant ses cheveux
Elle marqua un silence. Son corps tremblait. Peut-être ne voulait-elle plus me parler, peut-être en avait-elle trop dit. Mais elle continua doucement.
—Sur Terre avec mon compagnon j'ai essayé d'avoir un enfant, sans succès. Je suis morte trop tôt pour avoir le temps d'adopter. Je pensais pouvoir le faire ici mais lorsque je suis arrivée au bureau des adoptions on m'a dit que je n'avais pas le droit.
—Pour quelle raison ?
Un rire nerveux, presque hystérique sorti de sa bouche.
—Un jour je me promenais avec ma petite sœur dans la forêt. J'avais onze ans, elle en avait six. Je me suis dit que ce serait une bonne idée de jouer à cache-cache. J'ai compté, elle s'est cachée. On ne l'a jamais retrouvé.
Ma bouche s'était ouverte sans que je ne le remarque. Quelle histoire...
—Ils ont donc décidé que je n'étais pas apte à m'occuper d'un enfant.
Cette révélation me donna envie de vomir. Octavia était une victime, pas un criminel. Elle ne pouvait pas prévoir la disparition de sa sœur, qui aurait pu le prévoir ? Même dans la mort, l'injustice avait sa place.
—Tu as essayé de leur expliquer ?
—Évidemment mais ils ne veulent rien entendre.
—Je suis tellement désolée pour toi, répondais-je entre deux sanglots

Sans doute trouvait-elle ça ridicule que je pleure, mais ma sensibilité maladive m'empêchait de me retenir. Et, les pleures étaient ma seule façon d'extérioriser. Que je fus en colère, triste ou joyeuse, des larmes coulaient sur mes joues et me brûlaient les yeux. Si je pouvais changer quelque chose à propos de moi, ce serait ça. Pleurer était sûrement un de mes plus grands défauts.

—Merci de m'avoir écouté, marmonnait Octavia d'une voix ensommeillée, je n'en ai jamais parler sauf à Eugénie et à Ambroise. Ce n'est pas quelque chose dont je suis fière.

—Peut-être que tu n'en es pas fière, mais tu n'as pas à porter ce poids seule. La vie n'a pas voulu que tu aies d'enfants mais tu dois te relever. Je comprends que ce soit dur, mais vivre avec cette peine dans le cœur te tue à petit feu. Tu n'es pas celle qu'ils pensent que tu es. Cet épisode n'est pas toi, il ne te représente pas.

Un ange passeTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang