Honte

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Marcus fixait la porte lourde, dont sept serpents faisaient office de serrures. Il savait que ça pouvait être un non retour. Il disparaîtrait pour les autres. Personne ne le retrouverait alors. Il devait savoir. Il avait déjà trop attendu : deux ans, presque jour pour jour.

Il tenta de faire effacer ses larmes. Il pensait à sa mère. Il ne voulait pas la faire souffrir. Il avait envie de vivre, pour elle. Il pensa à Drago qui le faisait souvent sourire. Il se demandait comment Lucius vivrait avec plus que son héritier. Dire qu'il avait un jour envisagé de tuer Drago. Il aurait dû viser Abraxas directement. Ça aurait fait au moins plaisir à sa famille.

Sa famille.

Il fit demi-tour, marcha quelques pas, et se retourna. Il passa sa manche sur son visage. Foutues larmes. Il se sentait idiot. Il n'avait jamais connu ça. Comment la joie d'avoir enfin une famille pouvait se transformer aussi vite en douleur ? L'amour pouvait être destructeur. C'était ce que sa mère avait dit.

Il déglutit et se rapprocha de la porte. Il n'avait pas le choix. S'il ne le faisait pas... S'il ne demandait pas... Il se connaissait. Un Basilic dans son école, son premier foyer, était bien trop dangereux. Il avait réussi à prendre la place du vrai fils de Narcissa. Qui disait que la part principale, l'autre moitié de son âme ne pouvait pas faire pareil ? Il avait calculé : il était mort déjà âgé, à l'apogée d'un règne de terreur. Jamais il aurait changé. Il imaginait même qu'il était devenu pire. Il avait tué d'autres personnes après Mirtle. Il avait détruit d'autres gens après Hagrid. Il le savait. Il se connaissait.

Il inspira et lança dans un sifflement bref :

— Ouvre toi !

Les serpents reculèrent leurs têtes, et la porte pivota. Il entra alors dans un des lieux les plus secrets de Poudlard. Il tremblait légèrement en s'avançant jusqu'à l'immense statue de Salazar Serpentard.

— J'imagine que... la mégalomanie se transmet en plus du Fourchlang, dit-il en baissant les yeux, la gorge enrouée.

Il se sentait idiot, là, debout devant ce visage de pierre.

— Tu m'entends ? Dit-il en Fourchlang. Je suis revenu.

Il rebroussa sa manche gauche.

— J'ai ta marque. J'ai survécu à ton venin. Comme mon ancêtre le désirait.

— Te revoilà, réclamant ton héritage ! Ton sang n'est pas celui de mon maître et pourtant tu as survécu, répondit alors une voix.

Marcus eut un frisson.

— Tu m'as déjà rencontré. Il y a cinquante ans, commença-t-il.

— Le sang appelle le sang !

— Tu ne m'obéira pas..., devina Marcus. Le sang... Et l'âme alors !? N'a-t-elle pas d'importance !?

— Ô Salazar, le plus grand des quatre !

Marcus sortit sa baguette magique. Il avait des larmes aux yeux, mais il ne devait pas flancher.

La bouche de la statue s'ouvrit et l'énorme serpent aux yeux tueurs se glissa hors. Marcus se souvint d'un dessin qu'il avait un jour griffonné dans un cahier. Il se souvenait qu'il avait pensé que ça ferait un bel étendard. Une marque. Ça avait plu à un camarade, peut-être son unique ami de cette époque. Mais il était trop tard pour le reconnaître. Marcus baissa les yeux, espérant que cela suffisait.

— Je ne te tuerais pas car tu as ma marque, siffla le Basilic.

— Mais je ne suis pas ton maître, dit Marcus.

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