Chapitre 14 - Préparatifs

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Le Prince

Le bureau de mon père sent toujours la vodka et le cigare. Il m'attend patiemment, affalé dans son fauteuil confortable en sirotant son verre, fumant et regardant l'immensité de Moscou depuis le dernier étage de son building.

La ville s'étend à ses pieds avec la Cathédrale Saint-Basile-Le-Bienheureux non loin, comme s'il en était le roi. Ce qui est un peu le cas, étant en relation avec le Président du pays.

- Tu es en retard, tonne sa voix grave.

Il ne daigne même pas me regarder.

- Izvinite(Pardon), j'avais des choses à régler en ville.

Il bougonne avant d'enfin se lever et de me proposer un verre. Son regard me fuit, ce qui veut dire que je vais me faire remonter les bretelles. En même temps, il y a de quoi. Un mois que j'ai tué Régis, et autant de temps que l'on cherche Charlie Binson sans succès. Mon père le veut rapidement pour se venger ou des têtes tomberont.

- Où en sont tes recherches à propos de Charlie?

J'avale une rasade de vodka avant de répondre légèrement fébrile:

- Avec les données trouvées chez Régis nous avons quadrillé toute la ville ainsi que la région et les quelques points de rendez-vous qu'ils avaient. Pour le moment, personne ne l'a vu nulle part. Je me demande même s'il est encore en Russie.

-J'espère pour toi qu'il l'est, gronde-t-il en me fusillant du regard.

Ses narines se dilatent et ses pupilles sont resserrés à l'extrême. Jamais je ne fais front quand il est dans cet état, et je préfère fixer le sol, comme un gosse qui aurait eu une mauvaise note. Excepté que la punition ne se résumera pas à une vulgaire cicatrice sur le corps.

- Ton comportement m'inquiète, syn(fiston).

- Pourquoi tu dis ça? m'enquis-je quelque peu stressé.

- Tu passes tout ton temps au Nebesa, alors que tu hais le club. Tu me désobéis et tues Régis, qui dit connaître la cachette de Charlie.

- Cet enfoiré nuisait à nos affaires! rebondis-je pour l'écarter de l'autre sujet. Les flics...

- Étaient à ma botte! vocifère-t-il en tapant du poing sur son bureau. Régis n'était qu'un pion qui allait m'amener droit vers Charlie, et tu l'as buté!

- Tu le savais? le questionné-je en fronçant mes sourcils, soucieux.

- Ne me prend pas pour un débutant! s'exclame-t-il. Je sais tout ce qu'il peut se passer sur MON territoire! Je connais les relations de presque tout le monde! Alors oui, je savais que Régis et Charlie étaient en communication.

La veine de son cou pulse frénétiquement, ses yeux sont injectés de colère. J'en déglutis avec difficulté, comprenant que j'ai merdé, bien que je sois toujours capable de trouver le traître sans l'aide du roumain.

- On le trouvera, je te le promets...

Je n'ai pas le temps de le voir venir qu'il m'empoigne à la gorge. Je ne cille pas, déjà bien trop accoutumé à sa violence.

- Tu as intérêt à le trouver fils! Parce que ton titre de Prince ne te protègera pas de ma colère, menace-t-il.

Une joute silencieuse se lance entre nous deux. Or, je suis le premier à baisser le regard pour l'apaiser. Il me relâche, je recule d'un pas et me masse le cou, frustré et agacé qu'il agisse ainsi. Blessé dans mon égo, je m'apprête à quitter son bureau, n'ayant rien à lui dire de plus, ni envie de rester près de lui.

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