Chapitre 27 - Intervention

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Le Prince

Aucun de nos ennemis ne semble traîner dans les parages. Après vérification des positions de chacun, nous pénétrons le Palace High, affublés de tenues certes classes, mais confortables pour nous mouvoir et camoufler à la perfection nos gilets pare-balles.

Ceux à l'intérieur, Yian et moi compris, ne sommes pas armés jusqu'aux dents. Seulement des pistolets bien planqués et un couteau accroché à nos chevilles sous nos pantalons de costume. L'endroit est plutôt chic, faussement luxueux, mais qui ne perd pas de charme avec ses lustres en faux cristal, ses tables dont les nappes immaculées touchent le sol et son comptoir immense en faux chêne. Rien de bien clinquant qui fait tout de même son effet.

— Stressé ? me demande Yian en jetant un coup d'œil à l'assemblée qui dîne, échange, sans se soucier de qui nous sommes.

— Le stress est une bonne chose. Il nous permet d'être vigilants, réponds-je en saluant le serveur qui nous invite à nous rendre au bar pour attendre qu'une table se libère.

— Avec joie ! jubile Yian.

Il repère la tignasse rousse de Binson qui nous fait dos et s'abreuve comme si de rien n'était.

J'intercepte Yian, encore chamboulé qu'il ait voulu vendre ma Raduchka à ses enfoirés. Ça ne fait qu'accentuer la haine que je peux ressentir pour Charlie et toutes les enflures de son espèce. Je me retiens d'aller le tuer, Père ne sera pas satisfait si cela se produit avant qu'il ne lui ait fait payer sa trahison.

Ensuite, ce sera ton tour de lui faire regretter ses actes.

— Attention, l'intimé-je. Je ne le sens pas.

— Heureusement qu'on a assuré nos arrières, chuchote-t-il avant de se diriger vers notre cible.

Effectivement.

Le plus discrètement possible, je repère nos hommes qui sont d'un naturel déconcertant. Ils se fondent dans la masse. Personne ne dénote et donc déceler un potentiel piège est difficile.

Spontanément, nous nous asseyons de part et d'autre de Charlie et commandons des alcools au hasard, que nous ne toucherons pas, afin que le serveur ne nous interrompe pas. Yian, incrédule, s'amuse à fixer Binson qui ne réagit pas, concentré sur son verre qu'il a à peine touché. Cependant, son tressaillement ne m'échappe pas et j'en plisse le front. Ressentir de la peur ne fait pas partie de son tempérament, même quand il est dans la merde.

En le détaillant, je remarque que son costume sombre est bien trop grand pour sa corpulence. Charlie est un gaillard de taille moyenne, mais plutôt baraquée, presque autant que Yian. Il a aussi plus de 45 ans, bien qu'il vieillisse de manière tout à fait convenable. Cependant, ses mains contractées ne portent aucun stigmate du temps qui passe ni ne possèdent la cicatrice que mon père lui a faite lors d'un pari idiot, un soir où ils jouaient au poker. Père lui a tranché la main et a laissé une belle marque qui a miraculeusement disparu ce soir. Tout comme ses taches de rousseur qu'il possède sur l'intégralité du corps.

Mon pouls s'emballe et mes yeux remontent lentement vers le sommet de sa tête où on peut voir la démarcation de la teinture carotte bon marché. Charlie est loin de se teindre, même s'il a quelques cheveux blancs.

Yian décèle l'imposture à son tour.

On s'est fait rouler.

Ni une ni deux, nous dégainons nos armes et nous tournons vers l'assemblée. Le cliquetis de nos chargeurs entraîne le silence de tous. Nos hommes n'attendent pas pour nous imiter, à la recherche des traîtres. Certains clients crient, puis se taisent quand on le leur ordonne. Personne ne bouge, mais tout le monde est suspect.

RADUCHKAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant