Un Soupçon d'amour

18: Le complot des mamans.

L'annonce lui avait fait un choc. Il était entrain de faire la guerre à la fille de son patron, son vrai patron. Il fallait bien qu'il ne s'en rende pas compte sur le coup, la fille de monsieur Seth était son exacte opposée, aussi bien mentalement que physiquement. Elle était tellement différente qu'on pouvait se demander si elle était bien l'héritière de la famille. Mais malgré cela, elle restait sa patronne.

Pour l'instant...

Choqué et plus encore, l'assistant ne savait quoi répondre. Le fait qu'elle soit la successeresse des Seth n'était pas un problème, loin de là. Le problème était qu'il doive l'accompagner à cette soirée de snobinards. Il ne voulait pas être en dessous des autres, il voulait avoir le même niveau d'honneur que ceux qu'il admirait mais les côtoyer lui donnait la nausée. Il détestait profondément cet univers là, celui des pires vices.

_Vous êtes toujours là? Fit la voix de la mère ce qui sortit Armel de ses pensées.

_J-Je suis désolé, je ne savais pas que c'était votre fille alors comprenez que ça m'a fait un choc.

_Je comprends, elle a dû se cacher pour éviter un traitement de faveur, répondit-elle.

"Pour éviter un traitement de faveur mais elle est déjà chef". Pensa le cadet.

Ça, c'était fait. Pourtant il restait une partie qui ne collait pas avec le reste. Quelqu'un en qui elle a confiance... ça n'avait pas de sens vu comment ils se faisaient la guerre. Elle pouvait évidemment compter sur son assistant puisqu'il 'il était un homme de parole mais à ce stade, il devrait lui être impossible d'avoir une once de confiance à son égard.
Alors comment? Comment pouvait-elle avoir confiance en son "ennemi"?
Devait-il accepter? Devait-il refuser? Comment refuser quelque chose à une mère voulant simplement protéger son enfant?
Le cadet allait amèrement regretter sa décision et ça ne saurait tarder d'ailleurs.

_Très bien, je l'accompagnerai, finit-il par lâcher.

Le pauvre venait de se mettre dans une situation dont les conséquences seraient hors de contrôle. Il allait faire du babysitting... Il aimait bien les enfants, avec eux c'était facile: dessins animés et sucreries mais pour les jeunes adultes et surtout les petites princesses, les choses n'étaient pas aussi simples. Déjà que la supporter était une torture, devoir en plus la surveiller avec plein d'autres petits pourris gâtés à coté, c'était l'enfer.
Mais le plus dur restait encore à venir. Il fallait annoncer à mademoiselle qui serait son cavalier et connaissant son adversaire, l'assistant préparait déjà les boucliers et les armes au cas où.

Ailleurs deux vielles camarades de classe riaient de leur bêtise. Elles s'étaient retrouver par hasard au marché et avait décidé de partager un petit café le lendemain. En partageant leur café, les mamans avaient parlé de tout et de rien mais surtout, de leurs enfants. Quelle ne fût pas leur joie en apprenant que leurs enfants travaillaient ensemble! Et en bonnes mères, elles avaient essayé de donner un peu plus d'éclat aux vies de leurs enfants, en les "rapprochant" un peu plus.

Quelle erreur!

_Tu penses que ça marchera?

_Je ne sais pas, avoua maman Gloria, Hakeya vient de rompre avec son fiancé et je sais que ce n'est pas correct de la jeter comme ça dans les bras d'un autre mais leur union était vouée à une fin avant même qu'elle ne soit scellée, expliqua-t-elle à son amie.

_Comment ça? Demanda Claire, curieuse.

_C'était un bon garçon, un très bon garçon d'ailleurs mais le pauvre avait besoin de guérir avant de pouvoir aimer qui que ce soit et j'espère sincèrement que Jésus saura combler son manque.

Claire soupira en esquissant un petit sourire. Une des nombreuses qualités de l'épouse d'Eric Seth était sa capacité à garder les secrets. Dans ses dires, elle était resté superficielle, ce qui signifiait que l'ex fiancé de sa fille s'était confié à elle.

_Tu n'as pas changé, souffla la maman des Enkhozi.

_Toi non plus... Ça faisait longtemps, lança Gloria, on s'est plus revues depuis l-

_Depuis les funérailles de Dom, la coupa Claire, un air nostalgique sur le visage.

Dominique Kadiso Enkhozi, le mari de Claire et le plus grand exemple de bonté qui n’ait jamais existé. Cet homme avait le cœur sur la main, il était d’une douceur presque effrayante pour les non habitués, il était sage, il était aimant, c’était un héros. Un héros qui aurait dû rester auprès de ses fils encore longtemps.

Il travaillait dans la police et fort malheureusement, le devoir l’avait tué. Un soir alors qu’un appel lui avait fait quitter la maison familiale dans la nuit, il fut écraser par un camion sortit de nulle part. Lui qui avait coffré bon nombre de criminel, était mort d’une manière inimaginable.
Après ses funérailles, les fils Enkhozi s’étaient fixé chacun un objectif clair: le rendre fier. Voilà pourquoi Joachim était entrée dans l’armée, voilà pourquoi Iraan avait créé sa propre série de comics et c’était pour la même raison qu’Armel se donnait tant au travail. Seule la mère s’était renfermée sur elle-même, ne s’ouvrant que bien longtemps après le deuil.

_Ça a été très dur mais j’ai su me relever, grâce à Dieu, affirma Claire les yeux vers le ciel.

Une main sur celle de son amie, Gloria la contemplait avec compassion et admiration.
Cela faisait deux décennies qu’elles se connaissaient et pourtant, aux yeux de Gloria, Claire était resté la même. Joyeuse, pleine de vie, facilement irritable quand même et forte. La maman des Enkhozi n’avait pas eu la vie facile mais chaque jour, elle souriait, elle consolait les autres, elle apportait de la joie et de la paix partout où elle allait. Et aujourd'hui encore, malgré son air nostalgique, ses lèvres s’étiraient en un radieux sourire.

Dans les bureaux de JIBANK, l’ambiance était diamétralement opposée. Armel avait annoncé la "nouvelle" à sa patronne qui était partie en crise. Littéralement. Elle avait refusé de croire Armel, elle l’avait traité de menteur, d’opportuniste, d’imbécile, de sournois et plus encore. Elle avait été catégorique. Elle n’irai au bal avec personne et surtout pas lui. Mais ce n’était pas elle qui en avait décidé ainsi, il allait tout faire pour honorer ses paroles envers maman Gloria.