Sea, sex and sun (2/2)

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~ Sexe explicite ~


Nino me conduit en périphérie d'Antibes, dans un quartier bien moins huppé où je n'aurais jamais mis les pieds si ce n'était pour l'accompagner. Ici, les façades perdent de leur couleur et les gens de leur prestance. Toutefois, cette absence de bruit et de paraître me convient, me faisant alors remarquer à quel point la cohue incessante du centre-ville me pesait. Depuis combien de temps ne me suis-je pas retrouvé dans un endroit véritablement calme ? Seul ?

Bien que Nino soit à mes côtés, c'est cette impression que j'ai et bordel, qu'elle m'a manqué !

— C'est ici, annonce Nino en s'arrêtant devant une minuscule maison au mur décrépi et aux volets vermoulus.

Je résiste à l'envie de lui demander s'il fait cela souvent, ramener des hommes inconnus chez lui. Après tout, Nino n'est qu'un mirage qui disparaîtra dès que je quitterai la ville, inutile de m'impliquer plus que nécessaire. Aucune once de possessivité n'est autorisée dans ce type de relation éphémère. Alors, à la place, je fronce le nez et l'observe glisser une clé minuscule dans la serrure avant d'ouvrir la porte et de s'écarter pour me laisser passer.

La pièce qui se dévoile n'a rien de majestueux : elle est petite, étroite, et empeste la peinture et le produit nettoyant. Les murs blancs sont recouverts de toiles en tout genre et le sol est encombré de tubes, de crayons, de cadres et de bâches. Son seul avantage est d'être exposée plein Sud et donc de recevoir la lumière directe du soleil. Calé au fond, entre le coin du mur et un immense chevalet, un canapé défoncé tente vaillamment de ne pas s'écrouler sur lui-même. Nino s'y laisse tomber et me désigne le centre de la pièce d'un signe de tête.

J'avise la bâche qui y est étendue puis hausse un sourcil sceptique.

— Vraiment ?

Un sourire me répond.

Résigné, je m'y installe et lui jette un regard perdu, attendant une réaction de sa part. Mais Nino ne dit rien et continue de me dévisager de ses yeux si bleus. J'ai l'habitude que l'on me déshabille du regard, mais l'intensité du sien m'est inconnue, presque trop intrusive. J'ai l'impression qu'il s'introduit dans mon âme.

Et soudain, tout s'accélère. Je me retrouve allongé sur la bâche, une lampe éclairant le haut de mon torse, des fleurs séchées tombent dans mes cheveux, de la peinture macule mon visage, des ombres dansent sur ma peau, des paillettes se collent sur mes pommettes, un voile noir s'abat sur mes hanches, puis un doré, puis un cadre brisé en trois endroits.

Nino s'active autour de moi et je ne comprends pas ce qu'il fait. Son effervescence me coupe le souffle et j'ose à peine respirer de peur de le sortir de la transe dans laquelle il semble avoir plongé. Ses cheveux voltigent autour de lui, ses yeux brillent de mille feux, ses doigts courent sur moi. Il griffonne, il rature, il peint, il crayonne, il efface, il estompe, il redessine. Et cette folie créative commence à prendre possession de moi.

Sans trop savoir ce qu'il cherche à faire ni ce qu'il attend de moi, je me mets à obéir aux injonctions silencieuses que me lancent ses orbes azurés. Je me tourne, je rejette la tête, j'attends, je me cambre, je grimace, je me fige. Et la tension entre nous n'en devient que plus palpable. S'il n'en montre rien, je vois bien ses pupilles dilatées par le désir et je sais que les miennes doivent être dans le même état.

Nino se lève de la bâche sur laquelle il était accroupi pour s'asseoir sur le canapé, tout en continuant à reproduire mes traits sur du papier. Ses sourcils sont froncés sous la concentration et ses dents ont capturé sa lèvre inférieure qu'il torture désormais depuis une bonne heure. C'en est trop pour moi.

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⏰ Last updated: Apr 15 ⏰

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