20 - Phoenix

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Ulysse


Trois semaines, trois semaines que je n'ai pas revu celle qui me donne envie de me lever chaque matin. J'ai l'impression de suffoquer chaque jour un peu plus, comme si je me noyais, là, dans mes draps remplis de larmes. Certains diraient que je suis pathétique, d'autres penseraient, au contraire, que je suis romantique, sensible et meurtri. Les deux parties auraient raison, sincèrement. J'ai résisté, parfaitement, pendant presque un mois sans la contacter. Et je dois dire que je suis extrêmement fier de moi. Notre relation, que j'ai attendue pendant plusieurs années, n'a duré que le temps d'un instant, alors que j'avais prévu qu'elle perdure pour l'éternité. En temps normal, je ne passe pas une journée sans faire une photo, hélas, plus rien ne me donne envie en ce moment. Ulysse Fisher est là physiquement, mais totalement vide émotionnellement.

Elias se trouve dans une position assez compliquée, et je ne peux que comprendre sa difficulté à m'aider au quotidien. J'ose espérer qu'Oria est un minimum triste elle aussi, surtout avec ce qu'elle a fait. Néanmoins, je ne peux pas en vouloir à mon meilleur ami, car malgré tout, cela reste sa petite sœur adorée. Alors, si elle pleure, Elias pleurera à ses côtés.

Malgré tout, j'ai décidé de me reprendre en main et de me concentrer sur mes cours afin de ne plus penser à elle. C'est dur, bien trop complexe même, mais il est nécessaire qu'Oria sorte au plus vite de ma tête. J'ai passé le plus clair de mon temps à prendre des photos et à étudier ces derniers temps. Photographier tout ce que j'aperçois est ma manière à moi d'extérioriser la peine qui me ronge. Mon plus grand rêve serait de me faire remarquer par une agence et de devenir l'un des plus grands photographes du monde. Évidemment, ce n'est qu'un rêve qui, au vu de l'estime que je porte à mon talent, ne pourra jamais se réaliser. Malgré tout, je continue à remplir mon book, dans l'espoir qu'un jour, il me serve à quelque chose.

Soudain, je secoue la tête pour sortir de ce moment hors du temps dans lequel je me suis réfugié et pour enfin revenir à la réalité.

Je suis assis sur une chaise dans ma chambre, entouré de livres et de cahiers ouverts. Je sens la fatigue peser sur mes épaules, mais une satisfaction m'envahit. Mon voisin de palier Théo est allongé sur mon lit, les mains derrière la tête, et me regarde avec curiosité.

— Alors, mec, ta semaine de cours, c'était comment ? Ça fait un moment qu'on n'a pas eu le temps de discuter, dit-il, en souriant.

— Ah, Théo, cette semaine, c'était vraiment éprouvant. J'ai rarement été aussi fatigué après des cours. Physiquement, je suis complètement épuisé, et mentalement, c'était comme si j'avais couru un marathon, je soupire longuement, me laissant retomber sur le dossier de ma chaise.

— Qu'est-ce qui t'a tant épuisé ? me demande mon ami, curieux comme à son habitude.

— Eh bien, pour commencer, j'ai eu des cours de sport tous les jours. Le prof de gym nous a fait faire des circuits d'entraînement à la limite de l'endurance. Je me suis découvert des muscles dont je ne soupçonnais même pas l'existence ! Chaque matin, je me réveillais avec des courbatures, mais je devais y retourner.

— Ça explique pourquoi tu marches comme un vieux, rit Théo, en se levant pour imiter ma démarche courbaturée.

— Oui, c'est ça ! Et puis, il y a eu les cours de littérature. Franchement, on a attaqué des concepts vraiment complexes cette semaine. J'ai passé des heures à essayer de comprendre certains sujets. C'était épuisant, mais je dois dire que j'ai adoré chaque minute. J'ai l'impression d'avoir tellement appris.

— T'es vraiment un masochiste, toi. T'aimes ça, te faire du mal avec les cours et le sport en même temps ! ironise Théo, de plus belle.

Il n'a peut-être pas tort, mais pour le coup, ce rythme a été nécessaire pour occuper mon esprit.

Heart campusWhere stories live. Discover now