Chapitre 22

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Ilona,

11h00.

Ça y est. On y va, à ce rendez-vous que je redoute depuis des jours, depuis qu'Alan m'a appelé pour dire que c'était bon, que ce lundi, j'allais pour la première fois parler à une psychologue.

Je suis restée une semaine à l'hôpital. Cette dernière n'a pas été de tout repos. J'ai été accompagner de médecins à chaque repas, qui me menaçaient de me poser une sonde si je ne mangeais pas au moins la moitié de mon plateau repas.

Ça a été un enfer pour moi, je redoutais l'heure des repas. A 8h00, je faisais semblant de dormir pour ne pas manger, sauf qu'à 10h00, je n'avais plus le choix. A 12h00 et à 18h00, on me regardait sans cesse, alors que je détestais ça au plus haut point.

J'ai passé mes journées entières à angoisser à l'idée de manger, j'avais sans cesse une infirmière dans ma chambre qui me surveillait pour voir si je ne me faisais pas vomir.

Je vomissais, mais c'était involontaire. Mon corps n'arrive juste pas à garder toutes les quantités que j'ingère. Je mange trop, je suis passé d'un seul repas par jour, à trois.

_ Ça va ? Tu sembles soucieuse. me demande Alan dans la voiture, en route pour mon rendez-vous.

Je vis toujours chez lui, je n'ai pas trop eu le choix en fait. Je ne comptais pas retourner chez ma mère et dormir dehors, ça ne me tente pas vraiment.

Il s'est occupé de prendre tous mes rendez-vous, j'en ai un toutes les semaines. Apparemment, au début, il faut commencer avec des séances espacées, sauf qu'au vu de mon état, les médecins ont insisté pour que j'y aille une fois par semaine.

Alan les a écoutés, a fait ce qu'ils lui ont conseillé. Il ne sait pas ce qu'il s'est passé à l'hôpital avec mes repas, je me demande quelle aurait été sa réaction si je lui en avais parlé. Mais il faut dire que je ne lui parle que très rarement, froidement la plupart du temps.

Mais je sais pas, je pense pas qu'il cautionne la manière dont ils ont agis avec moi, du moins j'ai trouvé ça un peu cruel de me forcer à manger sans chercher à savoir le pourquoi du comment j'étais bloqué à ce point avec la nourriture.

_ Ca va. Ça va aller. Je finis par répondre, au bout de quelques secondes de blanc.

_ J'en suis persuadé. Tu peux le faire. Ta psy est tenue au secret médical, tu peux lui dire tout ce que tu veux, elle ne me racontera rien de tes séances.

_ Rien du tout ?

_ Rien. il me garantit. Sauf si tu lui dis quelque chose qui l'amène à penser que tu vas te mettre ou mettre quelqu'un de ton entourage en danger. Il poursuit.

Je hoche la tête, pour assimiler ce qu'il vient de me dire. Je dois avouer que je suis plutôt rassurée à présent, je vais pouvoir partir à ce rendez-vous le cœur un peu plus léger.

_ Ilona. Je ne te forcerai pas à me raconter tes séances, ça ne regarde que toi et ta psy, mais si tu ressens le besoin d'en parler à un moment, je suis là d'accord ?

Je hoche de nouveau la tête, consciente que je ne lui dirais rien à propos de ça, tout simplement parce que je n'ai plus confiance, je me suis sentie trahie, je ne veux plus rien lui dire qui laisserai apparaître mes faiblesses, j'ai peur qu'il joue de nouveau avec moi et mes sentiments, je ne veux plus avoir mal comme la dernière fois, quand je l'ai vu avec Salomé.

_ Bon, bah j'y vais. Je dit après avoir souffler, d'appréhension, je crois, une fois devant le bâtiment.

_ Courage Ilona, t'es forte.

Je ne réponds pas, je n'ai rien à répondre à ça, je me contente juste de sortir du véhicule.

Je regarde la façade, qui me paraît étrangement grande quand je me retrouve juste devant. J'ai peur de ne pas y arriver. J'ai peur de ne pas réussir à franchir cette porte.

𝐇𝐞𝐚𝐥Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora