Chapitre 26

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Ilona:

Voilà presque une semaine qu'à eu lieu mon altercation avec Salomé. Ça m'a étonné, je ne pensais pas pouvoir un jour dire de telles choses à quelqu'un, mais malgré tout, je ne regrette rien. J'avais besoin que ça sorte, je devais m'exprimer, ne plus me laisser marcher sur les pieds.

Presque une semaine qu'elle ne me jette plus de regards noirs, insistants et désobligeants. Presque une semaine qu'elle baisse les yeux quand elle me croise, qu'elle ne me parle plus. Au moins je ne lui aurais pas dit des trucs horribles pour rien.

Aujourd'hui nous sommes le 14 février, et je dois aller chez le médecin. Pour mes problèmes avec la nourriture. Je n'y suis pas encore, mais je pleure déjà en avance.

Je pleure parce que je suis stressée, j'appréhende, je suis littéralement une boule de nerfs depuis ce matin, j'ai tellement peur de ce qu'on va me dire. D'un côté, avoir un diagnostic précis m'aidera à faire le nécessaire pour guérir, mais je ne sais pas, j'ai peur de ne jamais guérir, ou que ça prenne du temps, trop de temps.

Et dire que tout ça, c'est à cause de maman. Elle qui m'aimait tant quand j'étais petite. Je suis passé de l'amour de sa vie à son souffre douleur.

Quand j'y réfléchis, Alan a bien fait de me pousser à partir, même si c'était difficile, même si ça l'est toujours. Personne n'a dit que c'était simple de se retrouver sans figure maternelle. Paternelle non plus. Je n'ai plus de famille. Je n'ai plus de repères.

_ Ilona ? On va y aller. Me prévient Alan, qui à l'air tout aussi stressé que moi.

_ Oui, attends moi dans la voiture, j'arrive.

Il hoche la tête, avant de quitter la pièce, tandis que moi je reste là, incapable de bouger de cette chambre. Je me dis que dès fois, il vaut mieux de pas savoir, rester dans l'ignorance. D'un coup, je n'ai plus du tout envie de savoir ce que j'ai.

Il faut y aller. Il faut que j'y aille, mais c'est tellement dur. J'ai juste envie de rester scotchée à mon lit, pour dormir, ne plus penser à ce maudit rendez-vous.

_ Louloute ? Alan t'attend.

Karine entre dans la chambre, s'assit à côté de moi, avant de m'attirer contre elle en plaçant sa main sur mon épaule opposée.

_ Il faut que tu y ailles, pour ta santé.

_ Je sais... Mais c'est tellement dur, ça me paraît impossible.

_ Mais qui a dit que ça serait facile ? Hein ? Je ne suis pas médecin, mais tu souffres sûrement de trouble du comportement alimentaire. Alan aussi en a eu, la visite chez le médecin n'a pas été simple pour lui non plus. Mais regarde, aujourd'hui, il est totalement guéri.

Ce qu'elle me dit à le don de m'apaiser, de me rassurer. C'est toujours rassurant d'avoir des témoignages extérieurs. On se sent mieux, on se dit qu'il n'y a pas que nous que ça touche. Qu'on est pas seul.

_ Et si, et si je ne guéris pas ? Ou pas totalement ?

_ Tu y arriveras, je n'ai aucun doute la dessus, parce que tu es forte. Tu as traversé des choses bien pires que ça. Montre que tu es plus forte que tout, y compris de ta maladie.

Ma maladie... Elle dit que je suis malade, comme si elle savait déjà ce que j'avais... En tant que mère, elle doit sûrement sentir ce genre de chose, son fils l'a vécu.

_ Bon, il faut que j'y aille. Alan m'attend. Je déclare en me levant, ne voulant plus continuer cette conversation.

Je ne veux pas être malade, je ne suis pas malade, Karine a dû se tromper, ce genre de choses n'arrivent qu'aux autres. Je ne peux pas être atteinte d'une maladie, quel qu'elle soit.

𝐇𝐞𝐚𝐥Où les histoires vivent. Découvrez maintenant