Chapitre XVII

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Axel Grenat

  J'ai répondu à son message. C'est bien parce que c'est Lexie, et que c'est la seule parmi mes potes qui a un minimum de réflexion. Avec elle, je ne me prends pas le choux.
  J'arrive au bar, agressé par les différentes odeurs de pâtisserie qui font déjà hurler mon estomac. Je vais devoir résister quand je vois le nombre d'argent que j'ai dépensé pour des baguettes de pain ou d'autres pâtisseries. Je m'assoie en face d'elle, la tête ailleurs lorsque je vois la boulangerie d'à côté où les gens ressortent avec une baguette bien chaude et croustillante. Je soupire. C'est de la torture, surtout quand de la bave menace de couler sur le coin de mes lèvres.
— Tu me voulais quoi ?
— Oh rien.
  Un jeu de regard s'enchaîne sans qu'aucun de nous ne daigne prendre la parole. La frustration monte en moi alors je prends la parole :
— Vraiment ?
  Elle acquiesce en prenant une bouchée de son cookie, ce qui me crispe. Ça me paraît étrange qu'elle m'invite si c'est pour ne rien me demander. J'aurai juré qu'elle allait me parler de la soirée au moins. Matthias, il ne s'est pas gêné pour me demander. Elle est imperturbable, indéchiffrable et ça déstabilise.
— Bon, lâché-je frustré. T'as pas de question pour la soirée ?
— Non, pourquoi ?
— Lexie, même Matthias m'en a parlé. Pourquoi pas toi ? Ça ne te démange pas ?
— Non, t'as fait ton choix et honnêtement, ta soirée était chiante.
— J'en ai jamais organisé, bégayé-je. Puis Matthias m'a supplié.
  Elle pouffe.
— Lui tout craché. Quand est-ce que tu vas arrêter de vivre sous ses ordres ?
— Comment ça ? Je suis indépendant.
  Elle détourne le regard avec un sourire qui dit tout tandis que mon sourire se retourne pour faire la moue mais sous ce visage boudeur, je ris de la situation. Quand j'y pense, je me dis, qu'elle n'a peut-être pas tort au final.
  Elle se retourne face à moi, se noie dans son verre d'un regard songeur tandis que je pense encore à la boulangerie d'à côté qui me toise encore de l'autre côté de la rue.
— Dit, cette fille, elle te plaît ?
— Qui ? Ilona Lazykwartz ?
  Elle acquiesce avec un sourire.
— Non, c'est…non, c'est personne.
  J'ai un pincement au cœur quand je dis ces mots à haute voix comme si l'on cherchait à me parler.
— Je vais faire une soirée bientôt, ça rattrapera la tienne, annonce-t-elle en sortant de table. Tu pourras l'inviter.
  Elle me fait signe puis s'en va en vitesse sauf que je tape mon pied sur le sol quand mes pensées me hurlent que je ne lui ai pas dit, même pas exprimé mon refus. D'ailleurs, je me demande pourquoi elle ? Pourquoi l'inviter alors qu'elle ne l'a connait pas ? Puis elle est au courant des rumeurs, elle était là ce jour-là aussi. Mon corps se hisse sur mes jambes, je remets mon manteau. J'ai besoin de me défouler.

~✧~

   J'entre à peine un pied que ça crie déjà, certains sont déjà sur le ring et les coups résonnent dans mes oreilles. À force de les entendre, ça ne me fait plus d'effet. Par contre, l'odeur de la sueur empeste la salle. Je salue le chef des lieux d'un geste de la main, seulement, je n'ai pas le temps de partir me changer qu'on m'appelle. Je me vide de toute émotion quand je vois le nom affiché. Il a le timing parfait. Alors je sors en trombe et décroche aussitôt même si j'ai surtout envie de lui raccrocher au nez.
— Tu te souviens de ce qu'on a dit ?
— Bonjour père, si ça va ? Oui, bien et toi ? Tu ne connais plus la politesse dans ton monde où c'est seulement avec ton fils que tu deviens impoli ?
— Ne me parle pas sur ce ton.
— C'est toi qui a commencé, rétorqué-je.
  Je bloque ma respiration tandis que mes poings se serrent de plus en plus.
— Axel Grenat, répond à ma question, ordonne-t-il.
— Oui, je me souviens…
— Alors qu'est-ce qui t'a pris de sécher ? Hurle-t-il aussitôt. On avait un accord !
  Je pouffe de rire et son souffle s'accélère à mesure que sa colère grimpe.
— Un accord ? Je n'ai pas eu le choix. Et je ne vois pas en quoi c'est un accord quand il n'y en a qu'un qui obtient des bénéfices.
  Mon ton est amère, comme celui que j'ai dans la gorge quand j'entends sa voix me parler comme ça et surtout quand je me rappelle de mes derniers souvenirs avec lui… et maman.
— Tu me tapes sur le système, Axel, soupire-t-il. Tu le sais, ça ?
— Évidemment que je le sais, me moqué-je. Sur ce, je te laisse.
  Alors que je compte raccrocher, il cri d'un seul coup :
— Attends !
— Quoi ?
— Ton argent de poche, tu peux l'oublier.
— Quoi ! T'es sérieux ?
  C'est lui qui raccroche. C'est toujours à lui d'avoir le dernier mot. Ça me fait marrer.
— Putain, juré-je avant de taper dans le mur.
— Wow ! Du calme.
— Désolé, murmuré-je.
  C'est plus fort que moi. Lorsque c'est lui, je ne contrôle plus rien. Ma colère est comme un parasite qui grandit d'un seul coup quand il est là.
  Il me donne un coup amical dans le dos et d'un air compatissant, il me demande :
— Encore lui, c'est ça ?
  J'acquiesce, sans lever le regard.
— Aller, vient à l'intérieur.

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