Chapitre 3 - Lux

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La semaine est passée à une vitesse presque surréaliste; la seconde d'avant je parlais à ma sœur en visio, à l'envers sur mon sofa et en un battement de cils me voilà en train de me tortiller en enfilant la robe de soirée que je vais porter.

Ce n'est pourtant pas dire que je n'étais pas occupée, et, à bien y penser, c'est peut-être ce qui a fait passer le temps si rapidement; de conférence en laboratoire d'études, j'ai passé si peu de temps chez moi que j'ai l'amère impression d'avoir vécu à l'université depuis des jours. Je vais bientôt faire partie des murs.

Je sais que je suis jeune, trop jeune pour occuper déjà la place que j'ai obtenue avec des années d'avance mais, le côté que j'ai hérité de Papa me donne une vivacité d'esprit et l'ambition qu'aucun humain n'aura jamais la chance de posséder. Et pour cela, je suis reconnaissante. J'aime mon travail, mes recherches, mes études sur les neurosciences et l'aide que je peux apporter aux humains.

J'ai un peu dévié de la branche familiale et je vois, chaque fois que Papa aborde le sujet qu'avec mon instinct et mes découvertes, il préférerait que je fasse la différence dans le milieu pharmaceutique des traitements psychiatriques.

Mais ce n'est pas ce que je souhaite.

"Tu vas voir, c'est superbe! Y'a si peu de personne qui reçoivent l'invitation, enfin, pas si peu si on considère que ça va sûrement être plein à craquer mais tu sais-"

Je n'écoute pas le suite, perdant le fil de ses phrases interminables. Nina est la responsable de communication la plus chère au cœur d'un de mes frères et également sa représentante en transaction dans mon pays. Puisque nous nous connaissons depuis longtemps et que, hormis un débit de paroles presque effrayant, elle est une amie de longue date, nous nous voyons assez souvent.

Bien sûr, à la minute où elle a reçu une invitation, mon téléphone a vibré jusqu'à ce que je daigne répondre et, apprenant que j'en avais reçu une également, elle a naturellement insisté pour que nous y allions ensemble.

Nous sommes dans ma chambre, une vaste pièce avec une salle de bain ouverte et un dressing relativement indécent, mais après tout, on ne refuse pas un cadeau, n'est ce pas? Si Papa veut continuer à faire de ses filles des petites princesses pourries gâtées, qui suis-je pour l'en empêcher? De toute façon, il fait de même pour tous ses enfants.

Les murs sont d'un bleu foncé qui fait ressortir les meubles en bois sombre; un bureau, une table de chevet et un profond canapé bleu plus pâle, comme un ciel avant l'orage.

Un grand lit habille la pièce, recouvert de trop nombreux coussins et dans la salle de bain dont certains carreaux peints dans différentes nuances de verts, une baignoire trône en son centre, non loin d'une douche italienne et de bien trop de plantes -une pièce sur deux dans cet appartement donne l'impression de traverser la jungle.

Je sens la main fine mais ferme de Nina m'attraper le visage et me tourner vers elle, forçant mes yeux verts à rencontrer ses puits d'une noir intense. Ses lèvres sont peintes en rouge vif, ses cils noirs de mascara et ses paupières brillent de mille feux grâce aux paillettes qu'elle a appliquées dessus. Cela fait ressortir sa peau couleur chocolat tout comme les mèches de cheveux rouge et rose dans ses épais cheveux crépus.

"Arrête de rêver, ta jolie frimousse ne va pas se maquiller toute seule. T'as l'air bien trop sage comme ça, laisse-moi faire."

Est-ce le bon moment pour dire que je ne veux pas avoir l'air dévergonder et que ce que je souhaite le plus au monde c'est d'éviter au maximum d'attirer l'attention sur moi?

Probablement pas car lorsque j'ouvre la bouche pour parler, Nina appuie un peu plus fort sur mes joues, brandissant de sa main libre un mascara noir.

"Tss, tss, ne dis rien, ne bouge pas et laisse ma magie opérer."

Infernal SymphonyWhere stories live. Discover now