Gotham : Joker Paradox

One-Shot #5 : L'Amour Fou comme un Chapelier

Comment Jervis Tetch est-il arrivé à Gotham, déjà bien atteint ?

Vous ne saurez rien en venant l'interroger, sa démence a effacé tout son passé, ne laissant qu'une page blanc où s'écrivent ses délires au Pays des Merveilles. Néanmoins, si vous consultez les archives du GCPD, vous lirez une bien sinistre histoire, qui a partagé et bouleversé Gotham comme la ville voisine : L'Affaire Alice Fletcher.

Alice Fletcher est la fille de Jervis Tetch. Les sources concernant sa paternité sont floues. Certaines sources parlent d'une enfant biologique, d'autres d'une adoption alors qu'elle était toute jeune, et d'autres racontaient que son épouse enceinte avait tenté de le fuir après avoir découvert sa nature profonde. On n'en sait trop rien, d'ailleurs, il est certain que la fille ne pouvait donner de réponses claires, et la nature solitaire de Jervis Tetch empêche de pouvoir donner une réponse précise. Une chose était sûre, Alice était sa fille.

Un autre élément de cette affaire dont on est certains, c'est que Jervis partageait une relation incestueuse et pédophile avec l'enfant. Les témoignages d'Alice font remonter les premiers attouchements à ses cinq ans, lors d'un de ses bains, où Jervis l'avait initié à s'échanger des caresses.

Elle avait grandi en ayant inscrit cette relation comme étant normale. Jervis Tetch ne levait jamais la voix, n'était jamais violent, ne la forçait en rien. Tout était dans ses mots, ciselés, précis, et à sa voix sensible. Elle a avoué que Jervis n'avait rien de l'image qu'elle se faisait du pédophile, il apparaissait comme un enfant dans un corps d'adulte, bien plus à l'aise avec elle que les gens de son âge, où il semblait toujours perdre sa confiance.

Ils vivaient comme un couple, faites de haut et de bas, de mots d'amours échangés, de moments silencieux tendres devant un film peu attrayant sur le poste de télévision, de cadeaux offerts pour certaines occasions ou juste pour faire plaisir, de vacances rares mais inoubliables et où ils rentraient en s'aimant encore plus, de restaurants en tête à tête où il se donnait du mal pour être bien habillé, de nouvelles expériences intimes avec un profond affect pour le respect de l'autre et de ses limites et même d'un mariage clandestin ... Alice a raconté même qu'elle prenait son rôle d'épouse à cœur intérieurement pour épauler son père, et son époux, qui traversait des mauvaises passes. Anciennement un spécialiste dans les ondes électromagnétiques, il avait été licencié pour coupures budgétaires. Il cumulait les métiers miséreux pour ramener toujours à manger pour elle, mais la détresse de sa situation l'avait peu à peu plongé dans la dépendance aux drogues hallucinogènes. Alice l'aidait à rapporter un peu d'argent pour le soutenir, éviter à tout prix les crises de manque, et l'encourager à suivre une thérapie pour se soigner de sa dépendance.

Ils sont restés un couple nauséeux jusqu'au dix-huit ans d'Alice. Les problèmes s'accumulaient : la dépendance était toujours plus forte, il fallait économiser davantage pour soutenir les études de son enfant et leur situation était toujours aussi précaire et pénible.
Mais l'élément déclencheur fut l'arrivée d'un voisin venu porter plainte contre le pédocriminel, ayant poussé à l'arrestation de Jervis Tetch. Alice fut interrogée pendant de longues journées avant de lui faire avouer la nature de sa relation avec son père et lui faire comprendre le problème de cette connexion incestueuse.

Un procès eut lieu pour clarifier la relation qui unissait Alice Fletcher et Jervis Tetch. Un événement fortement médiatisé pour sa nature sordide qui fut retranscrit dans tous les postes radios, qui ont pu entendre tous les détails salaces de cette affaire : le premier attouchement, la première pénétration, la nature de leur relation, leur relation de couple, la gestion de la maison en ces temps de crise, les origines du trouble de Jervis Tetch (les gens ayant appris qu'il avait été victime d'abus de son père qui le droguait pour abuser de son innocence, auquel le concerné a réagi par une crise de colère, de larmes alors qu'il avait initialement nié en bloc, ayant refourguer tout cela dans la prison de son esprit malade) ...

Devant les juges et les avocats, Alice s'avoua d'une franchise aussi surprenante que glaçante, que certains nommaient manipulations, et d'autres parlaient de faire preuve de nuance et de reconnaissance. Elle admettait qu'il était doux, gentil, à l'écoute de son consentement, portait une grande attention à ses études et son bien-être à l'école, s'excusait dès lors qu'il commettait une faute, la protégeait de tous les enfants ... En somme, que s'il n'était pas pédophile, il aurait été nommé père modèle.

Après, le véritable objectif de ce procès n'était pas de libérer Jervis mais d'alléger sa peine.

C'est là que le drame est survenu. Et à nouveau, les sources se confrontent et s'opposent sur la nature de ce méfait. On parle déjà du Joker qui cherchait à se divertir devant un procès trop solennel, d'une attaque terroriste revendiquée par des intégristes religieux, mais la plus répandue était la théorie d'un acte perpétré par un membre d'une association exigeant l'exécution sommaire du pédophile. Toujours est-il que l'inconnu, qu'on n'a pas pu identifier jusque-là, a lancé dans la précipitation une bombe dans la salle et que l'explosion a tué Alice et légèrement blessé Jervis.
La mort de sa fille, et de sa femme, détruisit Jervis qui hurla de peine. Une peine si forte qu'il en cria à en perdre la voix, acceptant son sort dans un silence meurtri glaçant, les yeux rougis par les larmes, condamné à une vingtaine d'années de prison.

Meurtri par le deuil, marqué par des années sous drogues et d'un sevrage direct, Jervis sombra peu à peu dans des délires hallucinatoires, persuadé de voir sa fille près de lui. Il trouva un catalyseur dans la confection de chapeaux, faisant partie des nombreuses activités pénitentiaires.

Finalement, Jervis Tetch fut libéré après seulement cinq ans de détention pour bonne conduite. Fortement surveillé par les policiers, Jervis Tetch s'est pleinement plongé dans la chapellerie, se tournant vers une méthode ancestrale impliquant du mercure pour sa confection et retrouver les plaisir hallucinogènes en évitant de replonger dans les stupéfiants.

En une moitié d'année, faites de deuil, de maladie interne, de psychotropes et de chapeaux au mercure, voici que Jervis Tetch devint peu à peu le Chapelier Fou ...