- Chapitre 56 -

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Mardi 20 mai 2025, au nord de Modros, Californie, États-Unis d'Amérique.



Emily observait le reste des équipes en apportant les derniers ajustements à sa tenue. Hugo discutait à voix basse avec le binôme de Réguliers avec qui ils avaient établi une alliance. Emily resserra les sangles de l'épais gilet sans manches pourvus de poches qu'on avait distribué à tous les candidats. À quelques mètres d'elle, les deux autres duos de Réguliers de leur classe ne se lâchaient pas d'une semelle. Emily avait empêché Hugo de leur proposer de rejoindre leur groupe. L'une des filles était bien trop froussarde. Quant au garçon de l'autre binôme, son arrogance lui avait valu de nombreuses défaites et erreurs stupides en EPSA ces dernières années.

L'autre classe de dernière année S.U.I s'était scindée en trois groupes. Emily tira sur les manches longues du t-shirt thermorégulant dont ils étaient tous vêtus. Certains groupes comportaient huit élèves ; il valait mieux les éviter comme la peste. Même si Emily, Hugo et leurs coéquipiers étaient bien coordonnées, ils seraient à un contre deux.

Son regard dévia vers la droite, où six élèves s'aidaient mutuellement à ajuster leur tenue. De l'École, c'était le groupe qu'elle craignait le plus. Le seul à mélanger Réguliers, Boursiers et Recrues, d'ailleurs. Une solide entente s'était établie entre les six jeunes adultes au fil des années passées à suer et à saigner ensemble.

Ryusuke, Jeremy, Tess, Valentina, Jason et Kaya formaient un cercle au centre duquel reposait un tas des dernières affaires à répartir. Si le même nombre de rations, de briquets, de filtres à eau, d'affaires de camping et de fusées de signalisation avait été distribué à chaque élève, les groupes étaient libres de redispatcher selon leur bon vouloir.

Il n'y avait qu'un équipement que ne pouvait s'échanger les élèves : la montre connectée qu'ils arboraient au poignet. Nominatives, géolocalisées, elles suivaient leurs constantes vitales ainsi que le nombre de balises qu'ils connecteraient au cours des quarante-huit heures à venir.

Un micro grésilla. Emily vérifia une nouvelle fois les lanières de son sac-à-dos, si ses couteaux jumeaux étaient bien attachés à sa ceinture et accessibles d'un seul mouvement, puis s'avança vers l'entrée du parc.

Le terme parc était à la fois si juste et si inoffensif. La zone naturelle de plusieurs hectares qui accueillait la dernière épreuve commune du projet Réseau était essentiellement composée de parties boisées. Leur montre, pourvue d'une carte, indiquait toutefois quelques reliefs – des collines à en juger le faible niveau de dénivelé – une rivière et des clairières. Si l'endroit était un simple parc national au nord de Modros, il avait été transformé en terrain d'exploration pour la soixantaine d'étudiants qui trépignaient.

Les professeurs ne s'attardèrent pas sur les explications. Elles avaient été données en long et en large durant les deux heures de bus qui les avaient amenés de l'École au parc. À vrai dire, l'exercice était plutôt simple : récupérer un maximum des centaines de balises qui avaient été cachées dans la zone et les connecter à leurs montres.

Le principal défi consistait à conserver les balises avant que ne sonne la fin de l'épreuve, dans deux jours. Même s'il y avait au moins une balise par étudiant, plus on en connectait à la montre, meilleur serait le résultat final. Les affrontements entre les divers groupes des trois établissements ne tarderaient donc pas à advenir.


L'entrée dans le parc se faisait au compte-gouttes. Les professeurs vérifiaient l'équipement des élèves avant de leur autoriser l'accès. L'initiative consistait aussi bien à vérifier que la montre – qui servait de signal d'urgence au besoin – était fonctionnelle qu'à s'assurer que les étudiants n'avaient pas amené de matériel personnel en plus ou d'armes à feu.

S.U.I - Tome 2 : Black & WhiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant