Naturally

34

16 avril 2020, Saint Cloud,

Ça fait un mois que nous sommes confinés, nous avons bien compris que ça ne durerait pas deux semaines et que c'était plus important que ça en avait l'air. La collocation se passe à merveille, j'ai eu le temps de trier mes vêtements, chose que je n'avais pas vraiment fais en déménageant, découvrir le pilâtes et pleins d'autres choses. J'entends la voix de Mathieu résonner dans l'appartement et je souris, si au début il était un peu gêné de rapper devant moi, aujourd'hui il est totalement indifférent à ça. Je scroll tiktok et je tombe sur une recette qui m'a l'air succulente pour ce soir, je décide de passer voir mon blond sur son ordinateur.

- Ça va, il me demande en passant sa main sur mon visage.

je lui fais un signe de tête pour lui répondre positivement et profite de ce contact pour balancer ma tête en arrière. Si il y a bien quelque chose que Mathieu ne m'avait pas dit, c'est qu'il était aussi tactile que ça. Depuis que nous vivons ensemble et que nous sommes dans la même pièce, il a toujours une attention envers moi, que ce soit tactile ou me lancer un regard pour être sure que je suis là.

- Je vais aller faire des courses, je lui dis en caressant sa barbe qu'il a laissé pousser.

- Tu veux ma carte, il propose.

- Non je prends juste pour ce soir, quand on remplira le frigo si tu veux.

Il hoche la tête et nous restons quelques minutes comme ça avant que je me lève et partes au supermarché à quelques rues de chez moi. Justine et Antoine avait capté que Mathieu vivait chez moi quand ils ont entendu sa voix en FaceTime, nous avons alors sorti l'excuse de sa grand mère qui n'est pas totalement fausse juste le détail de notre couple n'a pas été évoqué.

- Non mais je rêve, je dis en voyant Malcolm totalement posé sur Mathieu dans le canapé.

Je vois mon blond sourire de toutes ces dents.

- Je pensais vraiment pas que mon chat serait ma plus grande concu, je râle.

- Les tournées n'ont pas commencé pourtant donc si tu râles contre ton chat.

Je tique sur sa phrase et perds mon sourire.

- Comment ça, je demande.

- Bah y a v'la des meufs en festivals tout ça, il me répond comme si c'était une évidence. C'est une comparaison Lulu, panique pas c'était pour rire.

Je saute le sujet mais le garde dans un coin de ma tête, il n'est pas question de confiance mais je sais que les groupies sont présentes.

- Détends toi, il me dit en passant ses bras sur mon ventre. J'ai déjà eut du mal à m'engager avec toi ce n'est pas pour aller voir ailleurs.

- Je sais bien mais il y a mieux que moi et tu sais que je pourrai pas te suivre je vais retravailler.

Il me tourne vers lui et me regarde droit dans les yeux.

- Lucie je m'en fou, j'ai jamais été un gros bandeur de groupie. Ça ce saurait si ça l'était.

Je ne dis rien et pose ma tête sur son épaule.

- T'aimes bien les nouilles, je demande.

- C'est pas la réponse que j'attendais, il me dit en riant. Mais oui j'aime bien les nouilles.

- Super on mange ça ce soir, je dis.

- Avant j'ai un truc à te faire écouter, il m'attrape la main et je m'assois sur lui et enfile le casque d'enregistrement.

On s'barre en Amérique, nique sa mère la mairie
Y a pas d'bague au doigt, j'te prends avec moi
Comme c'est pas permis, nous deux, c'est terrible, j't'emmène en périple,
Même si t'es pénible, même si t'es chiante,
Qu'est-c'que t'es jolie, touche pas la Molly, ça rend impoli
Un sacré paquet, un très gros colis,
J'aime, quand tu mets tes lunettes et qu'tu fais la star,
Quand tu mets ton leggings, qu'tu fais du sport,
Quand tu sors d'la douche et qu'tu viens t'assoir
Je sais qu'c'est mieux qu'on ferme les stores,
[...]
On commande à bouffer, allongés, camouflés sous les draps, c'est la vie qu'j'aime
Fumer jusqu'au matin, s'envoler, planer sous les nuages comme un petit jet
[...]
Toujours prêt, t'es au top poto,sur Insta' elle met trop d'photos
Elle parle mal, elle dit trop d'gros mots, cercle fermé, elle a trop d'potos
Elle est discrète, sur d'elle quand elle est bourrée
Intellectuellement, elle est douée
Personne s'doute qu'on s'voit, on pourrait, pas l'dire, faut la protéger, couver

Je le regarde sonnée, il a un écrit un son qui fait référence à moi ?

- Je suis chiante, je le regarde avec des gros yeux.

Il éclate de rire et je le suis dans son fou rire.

- Mathieu, je lui dis doucement.

- Tu vois comme quoi les groupies j'en ai rien à claquer, j'écris pas un son sur toi pour le plaisir.

- Il va être dans la réédition, je demande les yeux piquants.

- Si tu es d'accord que je chante à la france entière que t'es chiante, alors oui.

J'hoche vivement la tête et rigole avec lui quand il me fait pleins de bisous sur la tête.

- Je vais préparer pour être tranquille, je lui dis.

- Eh, il me retient. On boit un verre un verre ce soir.

- J'y comptais bien, je lui réponds. J'ai ma dédicace à fêter.

Nous rigolons une dernière fois, et je passe en cuisine pour préparer les nouilles, nous avons instauré de toujours bien mangé et de faire du sport. Mathieu arrive à aller à la salle de boxe de temps en temps ou alors il a ramené des haltères donc nous pouvons faire du sport ensemble dans le salon. À côté de ça, notre consommation d'alcool est très limité, sachant pertinemment que Mathieu et moi en sont des grands consommateurs quand nous sortons. sachant que Mathieu fume déjà assez, je pense que réguler ce point là était pour nous une manière de pouvoir apprécier quand nous sortons une bonne bouteille. Finalement, nous avons réussi à trouver notre équilibre.