Déchéance d'une star

Partie 20

Après un petit moment tranquille en compagnie d'Andreas, Tom partit en direction de sa couchette pour se reposer un peu avant d'arriver à l'hôtel et partir presque aussitôt vers la salle de concert. Le dreadeux fut surpris de voir le rideau de la couchette de Bill tirée et ce dernier allongé, dos à Tom et semblant observer le paysage qui défilait par la fenêtre. Tom remarqua les écouteurs dans les oreilles du chanteur signe qu'il écoutait tranquillement de la musique. L'assistant s'assit sur sa propre couchette, collant son dos à la vitre, étalant ses jambes devant lui et les laissant pendantes dans le couloir. Il faisait face à Bill. Il ne savait pas pourquoi mais il voulait le voir. Il s'inquiétait oui, continuellement. Beaucoup lui diraient d'abandonner. Mais pas ici. Ici, tout le monde lui disait de continuer. Ils le pensaient assez fort pour briser la carapace de Bill et ce n'était pas rien. Il ne voulait pas les décevoir et faisait tout ceci principalement pour Bill. La star devait à tout prix arrêter de se renfermer et de se détruire de cette manière. Et Tom l'y aiderait. Le blond attrapa l'un de ses magazines et se mit à lire le plus tranquillement du monde. Le silence était en rien pesant. Il faisait même énormément de bien. Pour une fois qu'il n'était pas rompu pour donner un ordre ou pour être méchant avec l'autre. Non vraiment, cela faisait un bien fou.

Le temps passa, doucement, comme au ralenti. Bill n'avait pas bougé et Tom non plus. C'était d'ailleurs limite si Tom ne commençait pas à piquer du nez. Mais la voix de Bill brisa ce silence. Tom dut tendre l'oreille pour l'entendre. Celle-ci semblait brisée.

- Je me fais baiser par ces mecs car l'espace d'un instant j'ai l'impression d'exister à leurs yeux. Je ne me sens plus seul. L'espace de quelques heures je suis à eux et ils sont à moi. Même si ce n'est que de la baise je me sens exister entre leurs bras.

Tom aurait pu rajouter quelque-chose mais il s'abstint. Il n'allait pas non plus couper Bill alors que ce dernier se... Confiait. Bordel, Bill était en train de se confier à Tom sur quelque-chose. Le dreadeux avait simplement déposé son magazine sur ses cuisses et observait le corps maigre du chanteur qui lui faisait dos. D'ailleurs, en observant la fenêtre, il pouvait par moment apercevoir le reflet de Bill qui semblait fixer un point imaginaire dès qu'il détournait les yeux pour ne pas croiser ceux de Tom. Alors comme encouragement, Tom ne dit rien. Il savait que Bill avait besoin de silence lorsqu'il se lançait dans une explication. Cela changeait au moins, il ne le faisait pas sous le coup de la colère et de la frustration. Mais cela ne voulait pas dire que le blond approuvait cet état d'esprit, loin de là d'ailleurs. La baise n'aidait en rien pour ce sentiment de solitude. Justement, le réveil n'en était que plus difficile. Même si au final, Bill était le premier à les jeter. Pour avoir moins mal ? Sans doute. Pour ne pas s'attacher de peur de souffrir à nouveau également.

- Et j'ai l'impression de ne pouvoir retenir les gens près de moi que de cette façon. Enfin pas tout le monde bien entendu mais toi je... Pensais que tu resterais à mes côtés si tu avais mon corps. Je retenais Lukas comme ça... Je savais que c'était fini depuis un petit moment, enfin, je ne voulais pas vraiment le voir en face. Mais je savais qu'il restait à mes côtés pour me baiser, pour mon corps. J'avais l'impression qu'il m'aimait toujours dans ces moments-là, dans ces étreintes.

Tom aperçut par le reflet Bill fermant les yeux durant quelques instants et son corps trembler légèrement. Parler de ça ne devait pas être simple pour lui. Surtout qu'il devait en avoir parlé à personne. C'était triste. Tom se sentait triste pour le chanteur. Il y avait de quoi. En arriver là pour retenir quelqu'un près de soi... Mais Lukas avait dû bien en profiter. Oui, il avait dû profiter de l'amour de Bill à son maximum. C'était dégueulasse. En tout cas, Tom ne poussa pas l'androgyne à en dire plus. Cela devait être suffisamment éprouvant pour la journée. Et puis, il était toujours aussi étonné que Bill se soit mis à parler. Il ne l'y avait pas poussé. Pas là en tout cas. Peut-être qu'à force cela viendrait tout seul qui sait. Mais Tom ne s'attarda pas là-dessus. Voir le corps de Bill trembler sous quelques spasmes, aussi infimes soient-ils le rendait mal. Alors il se bougea et vint s'asseoir sur le rebord de la couchette de Bill. L'androgyne ne s'était toujours pas retourné. Il ne le voulait pas de toute manière. Tom hésita. Que devait-il faire sans prendre le risque de se faire jeter à la moindre occasion ? Alors au final il posa simplement sa main sur l'épaule de Bill qui en sursauta, la serrant doucement pour lui montrer sa présence. L'androgyne s'essuya aussitôt les yeux et resta observer le paysage dehors. A croire qu'il avait peur ou qu'il n'osait pas se retourner vers Tom. Mais il ne l'avait pas repoussé pour autant.