Part 18 - Rupture

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***Trois ans plus tard***

Ces trois dernières années sont passées comme un éclair.

Les semestres se sont enchaînés à une vitesse folle. Mes notes sont excellentes et je vais entrer en master. J'ai fait de nombreuses rencontres et embrassé quelques garçons. Mais je n'ai jamais pris la peine de les connaître.

Chaque été, j'ai pris l'habitude de trouver un travail pour pouvoir me payer des vacances en septembre avant la rentrée d'octobre. La première année, j'ai trouvé un job d'été dans un Starbucks et, avec Katy et Julia, nous sommes parties au Portugal.

À ce moment-là, j'étais toujours dans le déni de ma rupture avec Fares. Je n'avais toujours pas digéré notre séparation même un an après. Mes blessures semblaient ne pas cicatriser. La douleur était encore trop réelle et le temps semblait ne pas vouloir l'effacer.

Cette année-là, je m'étais totalement plongée dans mes cours et ne sortais pratiquement pas. Les filles me laissaient agir à ma guise, jusqu'à cette fameuse nuit à Porto. Je crois que j'avais abusé de la bière locale. Nous étions un peu éméchées et nous déambulions le long du le canal du Douro. Il y avait une ambiance festive, des groupes de jeunes Portugais ou de touristes discutaient joyeusement au bord de l'eau. C'était vraiment sympa.

Arrivées au bout du quai, nous nous mîmes en tête de monter tout en haut du pont Dom-Luis fait de traverses et de poutres métalliques comme la tour Eiffel. Le niveau supérieur était réservé aux tramways et aux piétons. Nous montions ces interminables marches en pierre irrégulières. Nos talons s'accrochaient dans les joints profonds et Julia était tombée de tout son long, provoquant un fou rire général.

Nous rigolions toujours quand nous étions arrivées tout en haut. Il n'y avait personne à cette heure. Les tramways ne passaient plus. Julia avait tout à coup eu le vertige et n'osait plus avancer. C'est vrai que c'était impressionnant.

Katy et moi avions ce sentiment extraordinaire d'être libres. Le garde-fou nous arrivait juste au-dessus de la taille. La vue était magnifique, mais le vide m'attirait comme un aimant. Je m'étais penchée et je continuais à fixer le bas comme obsédée. C'était fascinant et hypnotisant.

J'avais soudain passé mes jambes par-dessus la rambarde et je m'étais assise dessus, les pieds dans le vide. Les mains agrippées au garde-corps, je m'étais penchée un peu plus. Mes cheveux se soulevaient avec le vent. C'était excitant, je me sentais tellement bien. Mais les cris de Julia m'avaient ramenée à la réalité.

— Putain, El ! Tu es complètement dingue ! Redescends !

Je ne voulais pas sauter, mais cette sensation m'a rappelé ce que j'avais ressenti pour Fares. Mon cœur battait à nouveau.

Une impression unique et exaltante de m'accrocher à quelque chose de solide et indestructible tout en ayant cette peur exquise de tomber. Fares était encore là, figé dans mon esprit. Un an était passé et je me sentais toujours aussi vide, vide de lui.

— Mais arrêtez ! Je n'aurais jamais sauté.

Je crois qu'elles ne m'ont pas crue, car elles se sont mises en tête de me surveiller comme si j'étais dépressive. C'était assez simple pour elles, vu que nous vivions toutes les trois en colocation.

Elles m'ont forcée à sortir, à participer aux soirées étudiantes. Je m'y suis pliée pour leur faire plaisir. Katy était toujours avec Carlos qui avait décidé de la rejoindre sur Paris pour sa seconde année. Et Julia avec Paul. Ils sortaient souvent tous les quatre ensemble et aussi à six quand elles me trouvaient un cavalier.

I Hate U Love Me - Saison 1 (BLACKMOON éditions Hachette)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant